Un peu plus de quatre mois après son retrait en octobre dernier du projet de rutile à Akonolinga, le groupe Eramet annonce une action de soutien en faveur d’un projet de développement économique dans cette commune du département du Nyong-et-Mfoumou. L’information est révélée dans un communiqué de ce groupe minier publié le 22 février dernier. Selon la correspondance sus-évoquée, le groupe indique poursuivre son engagement en lançant un projet sociétal durable, avec un partenaire local spécialisé dans le domaine agricole à savoir Class M, pour favoriser la diversification et le renforcement économique des populations locales. « Terre d’Ako » est l’appellation dudit projet qui bénéficie également de l’appui de l’Etat. Comment comprendre une telle démarche qui, pour plus d’un, semble contradictoire ?
« Il ne s’agit pas pour le Groupe d’une obligation, dans la mesure où il ne détenait encore que des permis de recherche. En effet, aucune disposition du code minier camerounais n’oblige une compagnie minière à investir dans le développement communautaire lorsque celle-ci est en phase de recherche et d’exploration », indique l’expert en Mines et Pétrole Bareja Youmssi.
Selon le communiqué de Eramet susmentionné, avec le projet « Terre d’Ako », c’est plus de 80 exploitations agricoles issues de villages proches d’Akonolinga qui vont pouvoir bénéficier d’une centrale d’achat, permettant de dynamiser la culture de la banane-plantain dans le cadre de la structuration de la filière sur deux ans.
Le projet « Terre d’Ako », apprend-on, a été monté après une étude réalisée en 2022 et 2023 dans tous les villages couverts par les permis de Rutile qui avaient été accordées à la société, par Class M. Les échanges avec les communautés et les acteurs locaux ont permis de mettre en lumière l’activité de culture de banane plantain existante.
Ainsi, révèle le communiqué de Eramet, Class M et sa filiale ASL auront donc pour mission d’organiser environs 83 familles de producteurs avec en moyennes cinq personnes dans chaque famille, puis les accompagner pour augmenter la productivité de leurs champs, et créera une centrale d’achat qui facilitera la distribution de leurs productions sur les marchés urbains camerounais. Il est estimé que 415 personnes seront impactées, le revenu des familles productrices augmentera de 80% environ, 6 emplois directs seront créés surplace à Akonolinga à travers la mise en place de la filiale locale de Class M/ASL.
Pour mémoire, le 16 octobre 2023, le Groupe Eramet annonçait son retrait du projet de rutile d’Akonolinga. Selon une correspondance que la structure a adressée au ministre des Mines, de l’Industrie et du Développement Technologique- par intérim-, et dont Défis actuels a eu accès, « le projet du ruptile d’Akonolinga n’est pas économiquement viable ».
En effet après quatre années de recherche et d’exploration sanctionnées par une étude de faisabilité, le groupe a investi 13,6 millions d’euros, soit environ 9 milliards de FCFA dans le projet en ressources humaines et techniques. En revanche, le projet réalisé sur plus de 2000 sondages sur les quatre permis de rutile d’Akonolinga est mis à jour 89 millions de tonnes de ressources étendues sur 3400 hectares avec une épaisseur, relativement faible. En outre, le projet présente un risque environnemental très élevé et un processus métallurgique assez complexe. L’investissement afin que le projet soit rentable était estimé à 118 milliards de FCFA.
Secteur minier: Rutile d’Akonolinga : Eramet, » le présent-absent «
Quatre mois après son départ du projet, le groupe minier annonce une action de soutien au développement économique de la localité.