D’après les chiffres récemment publiés par l’Institut National de la Statistique (INS), l’augmentation des prix à la consommation a globalement touché les villes du Cameroun, à l’exception de celle de Maroua, dans l’Extrême-Nord. Dans cette mouvance, la ville de Bamenda, chef-lieu de la région du Nord-Ouest détient le maillot jaune. Les données publiées par l’INS indiquent qu’avec 4,8 %, cette ville enregistre désormais la plus forte hausse. Elle est suivie de Buea, autre ville affectée par la crise dite anglophone qui affiche quant à elle 2,9 %. De l’avis de certains spécialistes, la persistance de cette crise sociopolitique a donné lieu à l’abandon des plantations agricoles par les populations des zones susmentionnées. Celles-ci fuyant leurs villages du fait des exactions perpétrées par les groupes sécessionnistes. La désertion involontaire des champs, poursuivent ces spécialistes, a conduit à la perte de quantités importantes de produits vivriers généralement destinés à la consommation et au commerce.
DouaLa : les produits frais dictent leur prix
Dans la liste des produits qui ont contribué à la hausse des prix dans la capitale économique figurent en bonne place les produits frais. D’après l’INS, ces produits ont principalement participé à hauteur de 6,6 % à l’augmentation des prix dans la ville. A cela s’ajoutent les prix des restaurants et hôtels (+3,9 %), des articles d’habillement et chaussures (+3,6 %) ainsi que des biens et services (+4,4 %). Par ailleurs, apprend-on toujours de l’INS, les prix des biens importés ont augmenté de 3,0 % et ceux des produits locaux de 2,3 %. Cependant, les prix de l’énergie quant à eux ont reculé de 3,6 %.
Les autres villes, apprend-on de l’INS, ont enregistré une hausse inférieure au niveau national. Il s’agit notamment de Bafoussam (2,2 %), de Ngaoundéré (2 %) et de Garoua (1,6 %).
Solutions
Face à cette flambée générale des prix, l’INS a formulé des solutions à l’intention du gouvernement. Cette institution suggère que le gouvernement poursuive sa politique de lutte contre la vie chère notamment par « le maintien de son soutien aux services sociaux de base ; le contrôle de l’application des prix homologués des produits de première nécessité à l’instar du riz, du poisson, du sucre et les actions d’apaisement dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest ». Aussi souligne-t-elle qu’en dépit de quelques incertitudes depuis l’incendie subi par la Société Nationale de Raffinage (Sonara) dans la nuit du 31 mai 2019 et qui a entraîné l’arrêt de la chaîne de production, « les prix des produits pétroliers sont restés inchangés et ne devraient pas changer à court terme, en raison du maintien des prix du carburant à la pompe », Toutefois, écrit l’INS, « des tensions sur les prix pourraient se poursuivre en raison des risques réels du ralentissement de l’économie lié au durcissement des conditions de sortie de devises ; des inondations ayant détruit les cultures et décimé le bétail à l’Extrême-Nord, et de la persistante de l’insécurité dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest avec pour conséquences la baisse de la production nationale et des perturbations dans l’approvisionnement des marchés ». Au regard de ces facteurs, prévient l’INS, « à l’approche des fêtes de fin d’année, et en l’absence des actions prises pour juguler, à plus ou moins brève échéance, la crise des devises et les actions spéculatives des distributeurs/commerçants, l’inflation pourrait avoisiner 2,7 % en fin 2019 ».
Par Junior Matock