En décembre 2023, lors du Conseil de communauté consacré à l’examen et à l’adoption du projet de budget de la communauté urbaine de Yaoundé pour le compte de l’exercice 2024, le maire de la ville a annoncé que cette année, l’essentiel de ses actions seront orientées vers la réhabilitation de la voirie urbaine de la capitale. «Il y a des routes à réhabiliter et certaines voies à construire. L’accent sera mis sur ce premier point», a déclaré Luc Messi Atangana. Moins d’un mois plus tard, soit le 4 janvier 2024, le magistrat municipal a lancé les premiers travaux sur les tronçons carrefour Belibi-Terminus Mimboman, carrefour Emombo 1-école publique de Kondengui et carrefour Emombo 2-Essomba pour un coût global de 2,7 milliards de Fcfa. Le même jour, il a également procédé au lancement des chantiers de construction d’un dalot au lieu-dit ancienne base Hysacam et de réhabilitation de la voie reliant les quartiers Fouda et Mvog Ada.
Bien que le démarrage de ces projets augure des lendemains meilleurs pour le transport des biens et des personnes dans ces quartiers, les autres artères de la ville de Yaoundé présentent un visage hideux. Des nids de poules et des fissures ont élu domicile sur les routes qui ont encore un semblant de bitume, quand beaucoup d’autres sont complètement défoncées. «Toutes ces routes sont très vieilles. D’autres ont même déjà dépassé la durée technique normale de résistance. C’est ce qui fait que la majorité des routes de la ville sont fissurées, craquelées, faïencées. Lorsque les eaux s’y mêlent, en période de pluies, les routes se défoncent presque chaque jour. Il y a des endroits où vous passez le matin, vous laissez la surface de la route normale, mais dans l’après-midi quand vous rentrez, il y a déjà eu affaissement.», a indiqué Luc Messi Atangana au micro de nos confrères de la télévision nationale.
Moyens matériels et financiers
Le maire de la ville qui semble s’inscrire dans une forme de résignation, a tout de même tenu à fournir quelques détails qui, selon lui, expliquent la nonchalance observée dans la réhabilitation de la voirie urbaine de Yaoundé. A en croire ce dernier, le premier obstacle majeur est que la mairie ne dispose pas d’un parc de génie civil entièrement équipé. «Ce n’est pas parce qu’il y a eu une dégradation ponctuelle sur une route que l’intervention est facile. Je n’ai pas trouvé un parc de matériel de génie civil fonctionnel à la mairie de la ville. Je suis en train de le constituer. Lorsque vous n’avez pas le matériel qui vous permet d’intervenir, vous recourez aux entreprises. Quand vous recourez aux entreprises, il y a l’obligation de respecter les procédures en vigueur», a-t-il déclaré.
D’un autre côté, la mobilisation des capitaux nécessaires au financement des travaux de réhabilitation demeure le défi majeur. Selon Luc Messi Atangana, les travaux de réhabilitation évoqués au début de notre article, ont été financés par des fonds de la Communauté urbaine de Yaoundé qui, à titre de rappel, a voté un budget prévisionnel de 35,6 milliards de Fcfa pour 2024. En baisse de 1,6 milliards de Fcfa en valeur absolue et de 4,36% en valeur relative par rapport à l’exercice 2023. «Les travaux routiers coûtent chers. Les seuls moyens propres de la mairie ne permettent pas de satisfaire les besoins, que ce soit en assainissement ou alors en réhabilitation de la voirie. La capitale devrait donc bénéficier des appuis ponctuels. Ce qui n’est pas le cas. Tous ces travaux dont je viens de parler, sont exécutés sur fonds propres de la mairie de la ville».
Compte unique du trésor
Pourtant, selon des données qui figurent dans le Rapport décennal d’activités de la direction générale du trésor, de la coopération financière et monétaire (2013 -2023) une masse globale de ressources fiscales d’un montant de près de 412 milliards de francs CFA a été reversée aux collectivités territoriales décentralisées par le Trésor Public entre 2016 et 2020, soit une enveloppe moyenne de 82 milliards de francs CFA par an. L’essentiel de ces revenus proviennent de la fiscalité affectée, c’est-à-dire des prélèvements fiscaux (centimes additionnels et bien d’autres impôts) affectés aux collectivités territoriales décentralisées et collectés pour l’essentiel par les administrations fiscales que sont la Direction générale des Impôts et la Direction générale des Douanes. Toutefois, selon Luc Messi Atangana la mise à disposition de ces fonds ne se fait pas de manière optimale en raison des lenteurs dans la mise en branle du Compte unique du Trésor. «Tous les travaux, que ce soit les travaux routiers ou de gestion des ordures, sont fait par la mairie de la ville. Sur fonds propres. Leur financement dépend également du compte unique du trésor, où vous pouvez avoir une provision, mais vous ne pouvez pas en bénéficier du fait des tensions de trésorerie»
Pourtant, selon les projections du gouvernement, «Par une programmation de l’ensemble des dépenses de l’État sur tout le territoire national, l’adaptation des collectivités territoriales décentralisées au fonctionnement du compte unique du Trésor permettra de mettre plus facilement et plus rapidement des ressources à la disposition des collectivités territoriales décentralisées. Avec la réduction des délais d’encaissement des recettes des CTD et un accès direct au compte pivot du Trésor de même qu’un accès direct à tous les dépôts publics et l’élimination des ressources oisives dans les banques commerciales comme ce fut le cas dans l’ancien système, les collectivités territoriales décentralisées disposeront davantage de ressources et dans un temps réduit»