Cemac : des stratégies pour renforcer le financement de la communauté

 Des experts font des recommandations de ressources additionnelles en vue d’accroitre les capacités financières de la Cemac  dont les ressources propres demeurent faibles.

S’il y a un problème majeur autre que l’intégration au sein de la Cemac, c’est bien le financement. Malgré ses efforts, la communauté ne parvient pas à mobiliser 80% des ressources nécessaires à son déploiement, renseignent ses dirigeants.   Cette situation est principalement due aux  difficultés liées au recouvrement de la taxe communautaire d’intégration (TCI) qui représente plus de 60% des sources de financement de la Commission de la Cemac. Les Etats peinent à s’en acquitter.

Au vue des défis actuels (crise post covid, crise russo ukrainnienne, crises sécuritaires dans plusieurs pays), ilapparait urgent de trouver d’autres sources de financement.Les institutions spécialisées  de la Cemac sont appelées à mobiliser des ressources autres que celles provenant de la communauté si elles désirent continuer à exister. Au cours d’une rencontre de prise de contact entre les nouveaux dirigeants de la Cemac tenue à Douala il y a quelques jours, le cas du Centre Inter Etats d’enseignement supérieur  en santé publique d’Afrique centrale ( Ciespaca été mis en évidence. En quelques années, l’institution est parvenue à décrocher des financements auprès des partenaires internationaux qui ont permis u centre de renforcer ses capacités sans compter sur la Cemac.

S’inspirant du cas du Ciespac, des pistes de mobilisation de ressources additionnelles sont proposées à l’effet d’acquérir des ressources autres que celles provenant de la communaute. Soit des ressources non TCI et non FODEC qui consituent  les rressources ordinaires  de la  Cemac.  Parmi les ressources additionnelles mobilisables, il  y a le recours aux partenaires techniques et financiers nationaux et internationaux. Ceux-ci peuvent être choisis selon la variété du champ d’intervention  ou selon le périmètre d’intervention.  Il  est aussi envisagé  de penser aux activités génératrices de revenus. L’objectif étant d’accroitre les ressources propres  afin de pouvoir se lancer dans l’investissement.

Il faut dire que la taxe communautaire d’intégration affecte le bon fonctionnement de la sous-région.  Elle  a été cette année à l’origine de la baisse des prévisions budgétaires de 2023 à hauteur de 3,8%. « Les prévisions de financement par la Taxe Communautaire d’Intégration (TCI) sont estimées à 51 690 000 000 FCFA en dépit de son potentiel évalué à 118,6 milliards de franc CFA, soit 1% de 11. 860 milliards du volume attendu des importations dans la zone Cemac. Ce niveau des ressources ne pourra être atteint qu’à la faveur d’un recouvrement efficace de la TCI auprès des Etats membres dont l’attitude manifeste observée dans la rétention de cette taxe devient préoccupante d’année en année», avait souligné  Hatima Haram Acyl, Vice-Présidente de la Commission de la Cemac.

Interview

Pierre Marie Tebeu, DG Ciespac

 «  Il y a des piliers à respecter pour la mobilisation des fonds »

Le dirigeant du Centre Inter Etats d’enseignement supérieur  en santé publique d’Afrique centrale, s’inspirant de l’exemple de son institution, revient sur les pistes à explorer en vue d’accroître les ressources financières de la Cemac.

 Dans un exposé que vous avez présenté à l’occasion d’une rencontre des dirigeants des institutions de la Cemac à Douala, vous  soulignez l’urgence pour celles-ci de faire recours aux ressources additionnelles. Qu’est ce qui justifie que la communauté ait des difficultés à mobiliser des ressources ordinaires ?

Nos institutions sont financées par deux types de ressources : les ressources ordinaires, c’est à -dire la taxe communautaire d’intégration (TCI), et les ressources propres. Les ressources extraordinaires sont  constituées du financement communautaire et du financement extérieur. Aujourd’hui on se rend compte que le fonds  TCI est difficile à mobiliser. Le fodec aussi par ce que nos États peinent à rétrocéder la TCI collectée à la communauté par ce que les États ont eux-mêmes des problèmes. Vous connaissez les difficultés de nos États, ça fait que  ce n’est pas du tout facile que l’Etat prenne l’argent pour aller verser à la commission. Et vous savez bien que cet argent ne peut pas être envoyé directement à la commission ; il doit passer par le pays qui reverse. C’est pour cela qu’il est important pour nos États de penser à d’autres types de financement qu’on appelle des financements additionnels. Il faut travailler avec les partenaires techniques et financiers comme l’AFD, KFW etc pour bénéficier de leur appui.

En dehors des partenaires techniques financiers, vous proposez le développement des activités génératrices de revenus.  Quels types peuvent être mis en œuvre ?

Les institutions peuvent effectivement développer des projets et  solliciter le financement, mais aussi il peut arriver que nous puissions créer des activités qui peuvent générer de l’argent. Au Ciespac par exemple, nous pouvons pensé aux cours du soir, des certificats, des centres médicaux ; créer des formations totalement nouvelles. Chaque institution peut faire de l’expertise dans son domaine. On a parfois besoin d’experts et on va les chercher ailleurs alors que les institutions de la communauté peuvent, elles-mêmes être des experts. Il faut aussi savoir que même si on a la bonne volonté il faut   que certaines conditions soient remplies. Avoir une bonne gouvernance, le leadership, une ressource humaine bien formée, compétente, mettre en place un mécanisme de suivi évaluation, accompagner les équipes etc.

Quelles sont les recommandations pour le succès du processus de mobilisation de ressources additionnelles ?

 Nous avons identifié des piliers de réussite.   Au plan de la gouvernance, il  faut déjà  identifier les interventions qui vont aider la population directement ou indirectement, garantir la  transparence des ressources mobilisées, motiver le personnel impliqué dans la mobilisation des ressources additionnelles, respecter la Déclaration de Paris de 2008 sur “l’efficacité de l’aide au développement”.   Il faut aussi une gestion axée sur les résultats pour améliorer le processus de décision. L’autre point essentiel c’est le leadership. Le top management doit exercer une influence sur son équipe en vue de la fédération autour de l’objectif de mobilisation de ressources additionnelles.  Il faut combiner sagement les styles de management Directif ou autoritaire, délégatif, participatif ; Persuasif.  Pour les Ressources humaines,  elles doivent être qualifiées, compétentes, expérimentées et dévouées ; contractualiser au besoin avec les ressources humaines pour réaliser des activités de mobilisation des ressources ; renforcer les capacités des RH en vue du montage des projets associés aux activités génératrices de revenus etc. Il faut aussi une gestion des ressources financières mobilisées conformément aux règles de gestion des ressources de la CEMAC. Inscrire une ligne dans le budget.  En résumé, les piliers sont la gouvernance, le leadership, les RH, le Financement,  la Prestation des services  et Suivi-Evaluation.

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