Presque tous les secteurs sont touchés. Les structures privées comme publiques connaissent des lenteurs du service, voire interruption de l’activité à cause de la perturbation de la fourniture du service internet au Cameroun depuis le 14 mars dernier.
Dans un communiqué publié le 15 mars dernier, le ministre des Finances, Louis Paul Motaze, informe les usagers des services fiscaux que le délai de déclaration et de paiement des impôts et taxes mensuels, fixé au 15 de chaque mois, est prorogé au 22 mars pour le compte dudit mois.
Ce report, explique-t-il, fait suite aux perturbations de la connexion internet intervenues ces derniers jours. Celles-ci ont rendu difficile le service pour de nombreux usagers qui souhaitent s’acquitter de leurs obligations fiscales dans les délais impartis.
Ces usagers vont donc bénéficier de sept jours supplémentaires en raison des désagréments afin d’éviter de pertes colossales de recettes à l’Etat pour ce qui est du recouvrement du mois en cours.
Dans le même sens, le directeur général de la Caisse nationale de Prévoyance sociale (CNPS) porte à l’attention de tous les employeurs qu’en raison de fortes perturbations de la connexion internet intervenues ces derniers jours, le délai de déclaration et paiement des cotisations sociales régulièrement fixé au 15 du mois est prorogé au 25 pour le compte du mois courant.
Le ministère des Marchés publics en pleine innovation dans la passation en ligne des marchés n’a pas été épargné par les dommages causés par la perturbation du réseau internet. On s’y plaint des difficultés dans la passation des marchés, notamment via la plateforme Cameroon Online e-Procurement System (COLEPS).
Secteur privé
De plein fouet, le secteur privé subit également l’impact de la perturbation du réseau internet. Selon l’entrepreneur digital, Daniel Richard Ndieh, les créateurs des contenus sur internet essuient de grosses pertes. « Nous ne pouvons plus travailler avec fluidité. L’ergonomie de nos médias en ligne est en chute libre parce que le débit est lent voire quasi inexistant. Pour nous qui travaillons avec de gros volumes de données, nous sommes gravement touchés. Nous ne pouvons plus facilement publier des contenus comme nous le faisions avant. Nous pouvons passer toute une journée sans que le réseau internet ne soit rétabli », déplore-t-il.
Pour Lilian Nkada, responsable d’une start-up de production des contenus audiovisuels, son entreprise a pris un coup. « Nous recevons péniblement les travaux de nos clients. Dimanche dernier, nous devions livrer un spot en France, nous n’avons malheureusement pas pu ». Même son de cloche pour Sherif Soultan, journaliste littéraire et co-fondateur du média digital littéraire « Café des mots ». « Le 14 mars dernier, j’avais terminé le montage d’un reportage que je devais immédiatement publier sur les plateformes digitales. Quelle n’a pas été ma surprise de constater que des heures après mon travail n’était pas en ligne. J’étais contraint de le republier plus tard ».
Le domaine du commerce en ligne, indique le tenancier d’une plateforme de e-commerce, connaît de pires moments. « Je poste des articles sur mon profil et lorsque je regarde plus tard, très peu de personnes en ont consulté. Depuis trois jours mes commandes ont chuté », se plaint Christine T.
Pour les tenanciers de secrétariats bureautiques, l’heure est à la survie. Impossible d’avancer dans le travail, renseigne l’un d’eux, basé au quartier Etoudi, dans l’arrondissement de Yaoundé I. « Mes clients ne parviennent pas à télécharger des documents lourds ou à envoyer des fichiers », renseigne-t-il. Même le secteur de la Finance connaît des moments difficiles. Ce milieu dont le travail est largement dépendant de la connexion internet, indiquent ses acteurs, tourne au ralenti.
Moyens du bord
Bon gré mal gré, ces entrepreneurs usent des moyens du bord pour subsister. « Nous avons des délais à tenir. Tant bien que mal, nous essayons de satisfaire nos clients. Je travaille avec trois modems -Camtel, Orange et MTN- dès que le débit d’un réseau dérange je bascule directement vers un autre. Les médias nous ont accompagnés en faisant large écho de cette situation. Cela a contribué à sensibiliser certains clients qui ont finalement compris que le problème ne venait pas de nous », indique Daniel Richard Ndieh.
La fourniture au service internet est perturbée au Cameroun depuis le 14 mars dernier. Cet incident, apprend-on, est consécutive aux « travaux menés par une entreprise de construction de routes aux environs du Rond-point Akwaba [en Côte d’Ivoire], puis des incidents survenus en haute mer », ayant endommagé les câbles WACS, Sat3, Main one et ACE. Le 18 mars dernier, le ministre des Postes et Télécommunications a tenu une réunion avec les acteurs du secteur des télécoms en vue de trouver une solution à ce problème qui paralyse l’activité économique.
TIC: les coûts économiques du faible débit internet
Administration publique, secteur des banques, structures privées et E-commerce, entre autres, connaissent depuis le 14 mars dernier un ralentissement des activités, suite aux perturbations de la fourniture du service Internet au Cameroun.