vendredi, octobre 11, 2024
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Théophile Abega Moussa, enseignant à l’Ecole Nationale Supérieure Polytechnique: «La boucle internet locale peut être une alternative fiable aux câbles sous-marins »

Il analyse la perturbation de la fourniture du service internet en cours au Cameroun et propose des solutions alternatives aux câbles sous-marins.



Depuis le 14 mars dernier, la fourniture du service internet connaît des perturbations au Cameroun. L’on parle de l’endommagement des câbles Wacs, Sat3 et Main one. Concrètement de quoi est- il question ?

Je vous remercie de me recevoir. Le 14 mars 2023, trois câbles sous-marins majeurs ont été endommagés : WACS, SAT-3 et MainOne. Ces câbles sont responsables du transport de la majeure partie du trafic internet international au Cameroun. L’endommagement simultané de ces trois câbles a entraîné d’importantes perturbations dans la fourniture d’Internet dans les pays de la côte ouest de l’Afrique, notamment, le Nigeria, le Togo, le Sénégal et la Côte d’Ivoire, qui ont été fortement touchés. Les perturbations ont touché l’ensemble du territoire camerounais, avec des intensités variables selon les régions. Les vitesses de connexion internet ont été considérablement réduites, rendant difficile l’utilisation de certains services en ligne, et des coupures internet complètes ont été observées dans certaines zones. Ces perturbations ont eu un impact négatif sur l’économie camerounaise, en particulier sur les entreprises qui dépendent d’Internet pour leurs activités. Il est indéniable qu’aujourd’hui, toute entreprise sérieuse est utilisatrice d’Internet.

Selon vous qu’est ce qui est à l’origine de ce problème ?

A ce jour, les causes exactes de l’endommagement des trois câbles sous-marins ne sont pas encore déterminées. Cependant, plusieurs facteurs peuvent être à l’origine de ces incidents. Les câbles sous-marins sont exposés aux conditions météorologiques extrêmes, telles que les tempêtes et les tsunamis, qui peuvent les endommager. Des navires peuvent accidentellement accrocher les câbles sous-marins avec leurs ancres, ce qui peut les sectionner ou les endommager gravement. Des travaux de construction sous-marins ou d’autres activités humaines peuvent également endommager les câbles. Bien que moins probable, le sabotage ne peut être écarté. Des actes de vandalisme ou des attaques intentionnelles peuvent également être à l’origine de l’endommagement des câbles. Des enquêtes sont en cours pour déterminer les causes exactes des incidents du 14 mars 2024.

Est-il possible d’éviter ce genre d’incident à l’avenir ?
Les câbles sous-marins sont des infrastructures critiques, mais ils sont également vulnérables aux dommages causés par divers facteurs. Il est difficile d’éviter complètement ce type d’incident, mais des mesures peuvent être prises pour en réduire la probabilité et l’impact. Nous parlons des câbles sous-marins, enfouis dans le sol marin, où la seule activité humaine serait le passage de navires ou des travaux temporaires. Il est possible de réduire le risque d’incidents impliquant des câbles sous-marins en prenant des mesures préventives et en améliorant la coordination internationale. Cependant, il est important de rester conscient du fait que ces incidents ne peuvent jamais être complètement évités. Les différents consortia, fournisseur d’Internet en Afrique connaissent les mesures qu’ils peuvent prendre. Par exemple : Le renforcement de la protection des câbles par l’Installation de protections physiques pour les câbles, comme des enrochements ou des pipelines, l’utilisation de matériaux plus résistants pour les câbles ou encore la mise place de systèmes de surveillance pour détecter les intrusions et les actes de vandalisme. L’amélioration de la coordination internationale entre les pays pour partager les informations et les meilleures pratiques en matière de sécurité des câbles sous-marins et la mise en place de mécanismes de réponse aux incidents et de gestion des crises. Mais nous parlons d’un câble qui parcours des milliers de kilomètre, mettre en place ces mesures demanderai d’énormes investissements.

Des solutions locales de fourniture du service Internet sont-elles envisageables, si oui lesquelles ?

Je ne sais pas où se trouve la boucle internet locale, qui est une superbe solution à ce type d’incident. C’est une solution prometteuse pour réduire la dépendance vis-à-vis des câbles sous-marins et améliorer la résilience du réseau internet national. La boucle internet locale est un réseau internet autonome qui relie les villes et les régions d’un pays en utilisant des infrastructures terrestres, comme la fibre optique. Ce type d’infrastructure est moins vulnérable aux dommages causés par les incidents en mer et peut fournir une alternative fiable aux câbles sous-marins.Cependant, en cas de rupture de câble dans le domaine international: Les opérateurs de télécommunications et les autorités nationales doivent avoir des plans de contingence en place pour gérer les interruptions de service causées par des dommages aux câbles sous-marins. Activation des plans de contingence. CAMTEL peut rediriger le trafic internet vers d’autres câbles sous-marins ou vers des infrastructures alternatives, comme les satellites ou les liaisons terrestres. Nous avons le SAIL qui peut aider à réduire la congestion sur les câbles restants et à maintenir la connectivité internet pour les utilisateurs.

Quelles sont les solutions que vous proposez contourner ce genre de problème à la longue ?

Le câble à fibre optique constitue la principale infrastructure de transport des données (Internet) au Cameroun. En cas de rupture du câble, nous sommes tous privés de connexion. Pour l’instant, il n’existe pas de solutions alternatives. Cependant, cette situation met en lumière l’existence de deux stations terriennes abandonnées à Douala-Bepanda et à Yaoundé-Zamengoue. Il est nécessaire que les autorités publiques diversifient l’infrastructure de transport Internet.
Sur le plan économique, il y a eu un manque à gagner. Les entreprises qui dépendent d’internet pour leurs activités, comme les commerces en ligne, les services de tourisme et les plateformes de transport comme Yango, peuvent subir des pertes de revenus importantes en cas de coupure d’internet. Les banques sont particulièrement dépendantes d’internet pour leurs opérations quotidiennes. En cas de coupure, les clients ne pourront pas accéder à leurs comptes bancaires en ligne, effectuer des transactions ou payer des factures. Les Distributeurs automatiques de billets peuvent ne pas fonctionner, ce qui peut empêcher les clients de retirer de l’argent liquide. Les terminaux de paiement électroniques (TPE) dans les supermarchés peuvent ne plus fonctionner, ce qui peut empêcher les clients de payer leurs achats par carte. Les virements et les transferts d’argent en ligne peuvent être retardés ou annulés (western union, Express exchange etc).
Les travailleurs indépendants qui utilisent internet pour se connecter à leurs clients et pour effectuer leur travail peuvent également être affectés. C’est le cas des rédacteurs web, les développeurs d’applications, les professeurs en ligne ou encore les vendeurs en ligne.

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