Nouvelle bataille au sein de l’actionnariat de Cotco

L’assemblée générale de l’entreprise a décidé de révoquer les administrateurs de Savannah Energy et rejette la distribution des dividendes pour 2022, balayant ainsi du revers de la main toutes les décisions prises par le dernier conseil d’administration.

Le conflit entre la junior-pétrolière britannique et l’Etat tchadien sur la reprise des actifs d’Exxon Mobil portés par Esso Pipeline Investments Limited (EPIL) dans le gisement pétrolier de Doba au sud du pays et sur le l’oléoduc Tchad-Cameroun, prend une nouvelle tournure. Une assemblée générale des actionnaires de Cameroon Oil Transportation Company S.A. (COTCO SA) s’est tenue le 24 mai 2023 à Paris, au même moment que le conseil d’administration.

 La première réunion rejette toutes les décisions prises par la seconde. En effet, l’assemblée générale, d’après un communiqué publié le 02 juin dernier par la Société des Hydrocarbures et de l’Energie du Tchad annonce avoir pris « des décisions importantes au regard de la gouvernance et de l’avenir de COTCO SA ». Il a notamment été décidé de la révocation avec effet immédiat de tous les administrateurs représentant Esso Pipeline Investments Limited (EPIL), dont les parts sont revendiquées par Savannah Energy Plc.

Pour justifier cette décision, le communiqué indique qu’EPIL « n’étant plus membre du consortium exploitant le champ de Doba au Tchad, n’a plus le droit, selon les statuts de COTCO SA, de détenir des actions dans COTCO SA ». La partie tchadienne fait par ailleurs savoir que les démarches seront entreprises pour la nomination d’un nouveau DG de COTCO. Elle balaie donc du revers de la main la désignation de Nicolas de Blanpre comme DG par le conseil d’administration tenue le même jour.

Cette partie souligne qu’elle détient désormais la majorité des parts dans l’actionnariat de la société et par voie de conséquence, est la seule habileté à désigner les dirigeants. « Suite à l’acquisition par la Société des Hydrocarbures du Tchad SA (SHT), réalisée le 22 mai 2023, des intérêts de PETRONAS dans le consortium pétrolier de Doba au Tchad, ainsi que dans l’oléoduc Tchad-Cameroun via les sociétés COTCO SA et TOTCO SA, la République du Tchad et la SHT détiennent désormais 53,77% du capital social et des droits de vote de COTCO SA », peut-on lire du communiqué.

Cette assemblée générale a donc rejeté la quasi-totalité des projets de résolutions précédemment proposés par EPIL. Il en est de la résolution portant affectation du bénéfice et la distribution de dividendes au titre de l’année 2022. Celle-ci est annulée. Le communiqué précise que « la République du Tchad a porté cette information à l’attention des banques teneuses des comptes de COTCO SA dans la zone CEMAC ainsi que de la Banque Centrale des Etats d’Afrique Centrale (BEAC), en leur demandant de ne pas donner suite aux instructions de mouvements de fonds, en particulier vers l’étranger, reçues de la part des dirigeants révoqués. Ces restrictions ne concernent pas le paiement des salaires des employés camerounais et tchadiens de COTCO SA, ainsi que des impôts, taxes et contributions sociales dus aux administrations publiques du Cameroun et du Tchad ».

Cette autre séquence dans les rapports entre le Tchad et le Cameroun s’ajoute à celle vécue au mois d’avril 2023. Un incident diplomatique a été déclenché par le conflit autour des actifs pétroliers de Savannah Energy au Tchad. Savannah Energy avait annoncé en décembre 2022 avoir conclu un accord avec Exxon Mobil pour le rachat de ses actifs y compris une participation directe de 40% dans le champ pétrolier de Doba. Une transaction contestée par le Tchad qui considère Savannah comme une « nébuleuse ».

Le Cameroun va de son côté se lier à Savannah Energy, en signant avec elle un accord pour l’acquisition de 10% des participations de Savannah Energy dans Cotco. D’où la crise diplomatique. Les deux pays ont finalement trouvé un terrain d’entente. Le Cameroun a levé son verrou sur l’acquisition par N’Djamena des actifs de Petronas, et en retour, le Tchad s’est engagé à « rétrocéder à la Société nationale des hydrocarbures du Cameroun, et à la demande de cette dernière, une partie de ses actions dans Cotco » avaient annoncé les autorités de la Cemac.

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