La crise économique qui s’est intensifiée dans l’ensemble des pays de la Communauté
Economique des Etats de l’Afrique Centrale (Cemac) fin 2014, n’a pas épargné le Cameroun. La chute drastique des cours des matières premières, notamment le pétrole, principale source de revenu des pays de la Cemac a asséché les caisses des Etats. Ainsi, à la suite du sommet extraordinaire des chefs d’Etats de la zone tenu à Yaoundé en décembre 2016, 21 résolutions seront prises à l’effet de sortir les pays de la sous-région de cette situation. C’est dans cette perspective que pour faire face à cette contrainte, le Cameroun, à travers le Premier ministre d’alors, Philemon Yang, a saisi la directrice générale du Fonds Monétaire International (FMI) le 16 juin 2017. L’objet de cette lettre d’intention parvenue à Christine Lagarde portait sur « l’accompagnement du FMI à travers un accord triennal soutenu par la Facilité Elargie de Crédit (FEC) couvrant la période 2017–20 d’environ 415 milliards de francs CFA, à décaisser en sept tranches, ainsi que l’établissement de critères de réalisation quantitatifs et de mesures structurelles jusqu’en décembre 2017 ». Et ce, dans le but de permettre au Cameroun, avait précisé Yang Philemon, « de faire face à un besoin de financement au niveau de notre balance des paiements d’environ 4,7 % du Produit Intérieur Brut en 2017, et de soutenir notre effort de redressement des finances publiques », avait-il mentionné.
Engagements
Pour bénéficier des ressources du FMI et des autres partenaires, le Cameroun s’était engagé à mettre en œuvre un ensemble de mesures, notamment : « rétablir la soutenabilité des finances publiques et des comptes extérieurs à moyen terme, maintenir la dette publique sur une trajectoire soutenable ». Mais de procéder à « un redressement budgétaire de près de 5 % du PIB sur trois ans, dont 3 % du PIB en 2017». Concrètement, arguait l’ancien PM, ce redressement devait être porté par des mesures visant à « accroître les recettes et à rationaliser les dépenses publiques tout en améliorant leur qualité, notamment de celles liées aux investissements prioritaires, et en préservant certaines dépenses sociales et les aides humanitaires d’urgence dans les régions septentrionales et de l’est du pays ». Aussi ajoutait-il, qu’un « accent particulier sera mis sur le renforcement de la crédibilité et la transparence du budget dans le cadre de notre plan de réforme des finances publiques. La politique d’endettement visera à ralentir le rythme des nouveaux engagements au titre de la dette extérieure en privilégiant les prêts concessionnels et les financements en mode de partenariat public-privé ».
Retombées
La mise en œuvre des mesures sus- indiquées a permis au Cameroun de bénéficier des ressources du FMI et des autres partenaires. Alors que le montant total des décaissements du FMI en direction du Cameroun est estimé à 296 milliards de francs CFA, depuis juin 2017, ceux de la Banque Africaine de Développement devraient se situer à 887 milliards, 377 milliards de francs CFA pour la Banque Mondiale, 200 milliards pour l’Agence Française de Développement et 66 milliards pour l’UE. Ainsi, malgré le contexte difficile caractérisé par la crise sécuritaire dans les régions du Nord-Ouest et du Sud- Ouest, le Cameroun, de l’avis de nombreux spécialistes, a tenu le bon bout. Mitsuhiro Furusawa, directeur général adjoint et président par intérim du FMI a d’ailleurs souligné le 17 juillet dernier que « les résultats obtenus par le Cameroun dans le cadre du programme appuyé par la FEC se sont améliorés depuis un an. La plupart des objectifs à la fin décembre 2018, y compris celui relatif au déficit budgétaire, ont été atteints, et les réformes structurelles suivent leur cours».
In Défis Actuels N° 404 du 22 juillet 2019