Marché financier : la Cemac se tourne vers les obligations vertes

Au cours du forum organisé par la BEAC à Douala, il a été décidé de la mise en place d’un écosystème visant à accompagner les émissions des obligations vertes pour dynamiser la BVMAC, notamment des récompenses pour les entreprises qui s’engagent dans la finance durable dans la sous région.

Les acteurs financiers de la Cemac veulent donner  une place importante à  l’émission des obligations vertes. Dans un contexte où la dynamisation la  de Bourse des Valeurs Mobilières d’Afrique Centrale (BVMAC) est plus qu’encouragée, et les Etats affectés par des difficultés financières, ce type d’instrument financier est présenté comme une piste à explorer.   La recommandation a été formulée lors du forum  international sur la finance durable qui s’est tenu il y a quelques jours à Douala.

En effet, les participants ont proposé qu’il soit inclus dans la feuille de route de la finance durable en zone Cemac, la mise  en place d’un écosystème afin d’accompagner les émissions des obligations vertes. Il s’agira notamment de la création des labels verts pour récompenser les entreprises qui s’engagent dans la finance durable. Développer l’émission des obligations vertes est cité comme un moyen de rendre plus attractif le marché financier sous régional qui est un peu en recul comparativement aux autres marchés régionaux.  Pour le gouverneur de la BEAC,  le marché des obligations vertes dans la CEMAC aiderait à « contribuer à surmonter les défis liés à la diversification de l’offre des produits et services financiers et à la mobilisation de l’épargne à long terme pour le financement des investissements verts. La clarté apportée par l’unification du marché financier sous-régional pourrait attirer de nouveaux investisseurs intéressés par les actifs verts », indique Abbas Mahamat Tolli.

Le recours aux obligations vertes  cadre avec la vision des Chefs d’Etat de la CEMAC visant à promouvoir une finance prenant en compte les critères environnementaux et sociaux. Ils avaient recommandé, lors du sommet extraordinaire du 18 août 2021, la conception et la mise en œuvre des politiques environnementales visant notamment la lutte contre le changement climatique et la dégradation de l’écosystème ainsi que la mobilisation des financements afférents.

Dans la sous-région, la BDEAC se présente comme un acteur exemplaire qui a déjà fait le choix d’investir dans les obligations vertes. Mais, la Cemac a encore du chemin à faire dans ce domaine où des zones comme l’Afrique de l’ouest sont plus avancées. Les acteurs des autres marchés régionaux ont pu partager leurs expériences avec les pays de la Cemac lors du forum tenu à Douala.

 Réaction

Mahamadi Balima, chargé d’études sénior, autorité des Marchés Financiers UEMOA

« Dans l’UEMOA on a plusieurs projets financés par les obligations vertes »

« Les obligations vertes sont comme les obligations classiques. C’est à dire qu’on mobilise l’épargne de la population. Mais, la spécificité  d’une obligation verte c’est  que les produits mobilisés par cet instrument doivent être dirigés de façon claire vers des projets qui ont un fort impact sur la lutte contre les changements climatiques ou à aider à l’adaptation par exemple. En tant qu’autorité de marché, on doit s’assurer que les projets qui sont financés sont véritablement orientés vers des projets durables. Surtout qu’il s’agit de l’épargne de la population. Nous, en tant que régulateur, on doit s’assurer que les ressources mobilisées iront vers les projets qui ont été présentés aux investisseurs. Au niveau de l’UEMOA, on a déjà plusieurs projets qui ont été financés par les obligations vertes. Et on  aimerait mettre un cadre pour favoriser la venue de nouveaux investisseurs locaux et internationaux.  Nous avons par exemple le cas  de la décharge d’Akuedo en Côte d’Ivoire qui était polluante, on ne pouvait habiter aux environs. Avec le financement, cette décharge a été métamorphosée, c’est devenu un parc. Les enfants y vont désormais pour s’amuser. Vous voyez donc l’impact social. En termes de recommandations sur la feuille de route que prépare la Cemac sur la finance durable, il faudra une certaine coordination des institutions pour gérer les aspects liés par exemple à la fiscalité. Parce que chaque entité essaie de faire le pas vers la finance verte. Et lorsque ça se fait de façon disparate l’efficacité n’y ait pas.»

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