BVMAC. Les freins à l’investissement des compagnies d’assurance

Offres de placements limitées, une réglementation  vieille de plus de 20 ans,  la fiscalité… les assureurs  présentent les limites à leur participation en bourse.

 A ce jour, seule la compagnie de réassurance gabonaise  est présente à la côte de la Bourse des Valeurs Mobilières d’Afrique Centrale (BVMAC).  Les pays de la sous-région comptent pourtant sur les  investisseurs institutionnels comme les assurances qui disposent d’une épargne longue pour dynamiser le marché financier.  Mais à les écouter, plusieurs barrières doivent être levées pour les voir se mobiliser.  Le colloque international sur les assurances et les marchés financiers tenu à Douala  du 17 au 18 octobre dernier était l’occasion d’aborder cette problématique.

 Au cours  de cet évènement organisé par la Conférence interafricaine des marchés d’assurances (Cima) en partenariat avec Financia Capital et le Cabinet Bridge Consulting & Partners, les compagnies d’assurance n’ont pas caché les limites  aux opportunités d’investissements qui sont présentées. D’après les assureurs, les offres de placements dans la zone CIMA sont limitées malgré la mise en place des organismes tels que la BRVM, BVMAC, COSUMAF. Ils estiment que les entreprises qui pourraient intéresser les investisseurs assureurs ne sont pas encore présentes en bourse. Pourtant, le potentiel existe. Les placements réalisés par l’ensemble des entreprises opérant dans l’espace CIMA s’élèvent à 2 747,94 milliards de F CFA en 2020 contre 2 506,78 milliards de F CFA en 2019, soit une progression de 9,6%.  Seulement, ces placements sont  dominés par les dépôts en Banque (35,1% de dépôts bancaires, contre 14,0% d’actifs immobiliers et 0,6% d’avances sur contrats vie). Pour l’Association des Sociétés d’Assurance du Cameroun (ASAC),  ce sont là des conséquences de la réglementation sur les placements qui date de plus d’une vingtaine d’années.  Cette situation engendre des opportunités de placements très peu diversifiées ainsi qu’une faible rentabilité  (en moyenne moins de 5% en net).

 L’un des éléments pointés du doigt dans le cadre réglementaire, porte sur le régime de solvabilité auquel sont assujetties les compagnies en zone CIMA.  La liste limitative des placements admis en représentation des engagements réglementés  fixe notamment, entre  15% et 50% pour les obligations émises ou garanties par un État membre de la CIMA.  40 % pour les autres obligations et actions; 40 % pour l’immobilier; 10% pour les autres prêts garantis; compris entre 10% à 40% (35% en assurance vie) pour les comptes courants ou les espèces en caisse. Pour les assureurs, il faut mettre à jour le catalogue de placements admis en couverture des placements réglementés qui date de plus de 20 ans.  La   fiscalité est aussi cité comme un obstacle majeur.  « La fiscalité étouffante constitue une double peine pour le marché. Elle grève le coût des assurances (prime d’assurance) donc contribue à la stagnation du chiffre d’affaires du marché. En plus, cette fiscalité ne soumet pas tous les acteurs intervenant dans la collecte de l’épargne aux mêmes exigences que les compagnies d’assurances », note Thierry Kepeden, président de l’ASAC.

Réaction

Jacqueline Nkembe épouse Adiaba, présidente de la COSUMAF

« Une étude est en cours pour élaborer une  fiscalité  sur le marché financier »

« De concert avec la Banque Centrale, il y a une étude qui est en cours pour élaborer une  fiscalité  sur le marché financier. Le projet avance. Les consultants  qui seraient retenus vont après avoir pris connaissance  des textes du marché  financier,  élaborer une feuille de route pour chaque instrument et toutes les parties prenantes ici prenantes. Que ce soit le segment du marché  financier,  que ce soit le segment  investisseurs, compagnies d’assurance,  banques seront interpellés. À la fin de la journée, la fiscalité doit être à la fois  attractive et incitative. Il n’y a pas de marché financier  sans cet aspect très déterminant pour développer un secteur  comme le nôtre.  Au 31 décembre 2022,  nous avons enregistré 532 000 obligations transigées  pour une modique somme d’1,4 milliards FCFA levés. Ce chiffre devrait interpeller les assureurs.  La question  c’est  qu’est-ce que les textes de la Cosumaf offrent aux compagnies d’assurance ? Les textes du marché financier ont pris en compte de nouveaux acteurs, de nouveaux produits.  C’est dans ce dans ce que la Cosumaf a renforcé ses prérogatives et pouvoirs en matière  de protection de l’épargne. Les nouveaux instruments sur la gestion collective, les fonds d’investissement alternatifs, les titres financiers, la finance numérique. Donc on a observé différents corps de métiers, pas seulement les assureurs et on a essayé de voir comment le marché financier peut apporter un début de réponse à leurs problématiques. Pour le secteur des assurances, le marché financier offre des possibilités pour lever des capitaux pour  financer la croissance. Vous renforcez la visibilité de l’entreprise à la fois localement et internationalement. »

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