Collins FOMBA, « On ne peut pas développer  la fintech sans les infrastructures »

 Le dirigeant d’une entreprise fintech et l’un des conférenciers à la première édition du Cemac Fintech forum tenu récemment à Douala, nous parle des contraintes et défis actuels de ce secteur d’activités.

 Vous êtes responsable de Iwomi technologies, une entreprise qui propose divers types de solutions dans le domaine de la finance digitale et dont la plus connue est celle qui s’adresse aux petits commerçants. Pouvez-vous nous en dire plus ?

Notre entreprise  est une fintech camerounaise  créée il y a 9 ans avec pour objectif  de développer  l’inclusion financière en Afrique. Notre stratégie d’inclusion financière est basée sur 3 principes : rendre le service bancaire  plus accessible, plus abordable et  plus disponible.   Nous avons donc depuis lors engagé la mise en œuvre de solutions, certaines B2B, d’autres B2C.  Tout cela dans l’optique de rendre les services financiers  et les services bancaires plus accessibles.  Donc, aujourd’hui, nous proposons  une gamme variée de produits que ce soit dans  les paiements marchands, le crédit, le KYC, de reporting etc. Nous avons en effet un portefeuille de 9  services, 14 produits   dont 9 produits B2B et 5 produits B2C. Et notre produit pour les petits commerçants c’est Mozar. Il a plusieurs formes.  Et ce n’est pas seulement destiné aux petits commerçants, ça balaie également d’autres secteurs. C’est en réalité une solution qui permet d’harmoniser, d’agréger tous les moyens de paiement sur  une seule plateforme. Aujourd’hui, il y a des commerçants qui ont des cartes comme moyen de paiement, et d’autres qui ont des paiements par mobile money etc. Ce que nous faisons donc à travers cette plateforme c’est de mettre en place un seul terminal  de telle sorte que si le client vient avec la carte ça va l’accepter,  de même que s’il vient avec le mobile money  et on renvoie les comptes sur un compte unique du client. Du coup, le client ou même le commerçant  n’est pas obligé d’avoir un compte mobile money ou alors un compte chez tel opérateur plutôt qu’un autre. La plateforme lui permet de faire recours à n’importe quel moyen et ça peut être un compte bancaire, ou tout autre moyen de paiement.  Et toutes les transactions que nous collectons peu importe le moyen de paiement, nous les mettons sur  un compte unique.  Cette solution couvre les villes de Douala et Yaoundé avec quelques clients à Buéa. On est à 500 personnes qui exploitent la plateforme à ce jour et 105 points de vente qui exploitent nos terminaux.  

 L’un des objectifs de la stratégie d’inclusion financière au sein de la  sous-région aujourd’hui, est que les solutions technologiques soient accessibles même dans l’arrière-pays. Est-ce que les vôtres parviennent en zones rurales?

 Nous avons lancé certaines solutions qui pouvaient arriver dans les zones rurales. A nos débuts par exemple nous avions démarré certaines solutions en mode  B2C. Mais ces outils étaient difficiles à lancer sur le marché local. La population avait du mal à les accepter ; on a donc dû les transformer en mode B2B et ce sont désormais les banques qui se chargent de distribuer auprès de populations.  Donc nous avons des produits adaptés pour ces zones mais qui ne sont pas sous notre label.

Quels sont  donc les défis au niveau de l’accessibilité des produits de la finance digitale ?

 Le premier défi c’est le défi technologique, précisément  dans l’infrastructure. Il faut qu’on se dise les vérités.  La fintech ne peut pas exister sans la partie tech par ce que fintech c’est une combinaison  de deux.  La finance  et la technologie.  Donc  parlant de technologies, il faut qu’il y ait  un  certain nombre d’infrastructures. Or, il y a des zones aujourd’hui qui n’ont pas une bonne  couverture réseau.  Que ce soit réseau radio.  Et pire,  il y a d autres zones où  il n y a pas de connexion internet et on ne peut pas y   déployer  certaines solutions.  Donc aujourd’hui  ce sont ces aspects qu’il faut développer.  Nous  avons le plus besoin des infrastructures télécoms et tout ce qui est  relatif à la connectivité pour une  meilleure inclusion financière. 

En dehors du développement des infrastructures,  quelles autres propositions pouvez-vous faire  aujourd’hui, pour l’accélération digitale,   notamment en ce qui concerne la réglementation ? Est-ce qu’il y a des aspects spécifiques liés à la fintech ?

 Je pense qu’il y a beaucoup  de choses qui doivent être  faites sur ce côté-là.  Aujourd’hui  on ne sait pas que c’est que la fintech.  Il n’y a pas encore une vraie définition. Ce qui veut dire qu’il faut vraiment qu’on définisse d’abord ce que c’est que la fintech. Qu’on met en place une réglementation  qui est adaptée par ce qu’aujourd’hui on se base sur la réglementation  de 2011 et  de 2018 où  tout le monde est confondu dans le même panier. Nous estimons  que comme on a fait dans le secteur des micro finances  et même dans le secteur bancaire où  il y a des catégories,  on peut aussi le faire dans le domaine de la fintech. Par ce  que ce n’est pas la même chose que fait tout le monde dans ce secteur. Il y en a qui font  les collectes,  les intégrateurs, les paiements de factures, le crédit etc.  Donc ce n’est pas le même niveau d’engagement qu’on peut demander à tout le monde. Donc nous pensons que si cette réglementation est élaborée, cela va beaucoup contribuer à accélérer les choses.  Car, nous aujourd’hui par exemple, nous avons eu des soucis avec certains de nos partenaires banques, où au moment de l’implémentation de certaines solutions, ils nous disent que la solution est dans un domaine qui n’est pas réglementé par la BEAC. Du coup, ils ne veulent pas s’engager sur une telle activité.

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