Une enquête menée par le Gicam, indique que l’inflation est le principal obstacle auquel ont fait face les entreprises en 2022, indépendamment des secteurs d’activités et de leurs tailles.
En 2022, l’inflation a affecté la plupart des entreprises camerounaises. Avec un taux de 6,3%, son plus haut niveau depuis 25 ans, elle a fortement impacté la croissance des entreprises, note le Gicam. C’est ce que révèle en effet, une enquête menée par le patronat camerounais auprès des entreprises entre mai et juillet 2023. D’après les résultats de cette enquête que vient de publier le Gicam, l’inflation est citée par les entreprises comme le principal obstacle à leur croissance en 2022. Dans un contexte de crise ukrainienne et de crise post covid 19, 72% d’entre elles ont souligné l’inflation comme étant la contrainte majeure. Vient ensuite l’énergie électrique, avec 64%, le taux d’impôts et taxes (61%) puis internet et la concurrence déloyale.
Les grandes entreprises citent l’inflation, l’énergie électrique, la fiscalité, le taux d’intérêt du crédit, les délais de paiement, l’accès aux devises, l’insécurité, la qualité des routes, la guerre en Ukraine, la qualité de la main d’œuvre comme les obstacles sévères. L’accès aux intrants, aux équipements, l’accès au foncier, la garantie de crédit sont quant à eux classés dans la catégorie d’obstacles moyens. Du côté des PME, l’inflation a également été identifiée comme le principal obstacle. ¾ des PME affirment que l’inflation a fortement impacté leurs activités en 2022. Vient ensuite l’accès au financement exprimé par 62% des PME, juste devant l’énergie électrique (60%). Le quinté se referme par ordre d’importance par les délais de paiement et la connexion internet. Dans le secteur productif, l’inflation, le taux d’impôts et taxes et la qualité des routes sont cités comme les principaux freins. Ce, alors que pour les entreprises qui offrent des services, on pointe du doigt, l’inflation, l’énergie électrique et la concurrence déloyale.
Quelque soit leur taille, les entreprises subissent de plein fouet les effets de l’inflation. Un phénomène qu’avait déjà prédit le Gicam l’année dernière. En mars 2022, le Gicam avait proposé aux pouvoirs publics de mettre en place un plan gouvernemental anti inflation. Le patronat alertait ainsi face à une baisse du chiffre d’affaires des entreprises, de près de 3 mille milliards de FCFA. Une situation engendrée par la pandémie avec la hausse des cours des matières premières et du fret maritime (plus de 200 milliards de surcoûts à l’importation à décembre 2021 dans 6 filières) et aggravée avec la crise russo ukrainienne.
Ce plan anti inflation visait trois objectifs : la sauvegarde du pouvoir d’achat des populations ; éviter les faillites d’entreprises et préserver les marges budgétaires de l’Etat. Ledit plan devrait integrer un mécanisme d’information systématique de l’opinion sur l’évolution des prix et de la situation économique. Il devrait aussi définir des mesures urgentes, à caractère économique, fiscal et social ainsi que des mesures structurelles à moyen terme dont les réformes structurelles convenues avec le FMI.
Bon à savoir
Les recommandations du Gicam en 2022
Les propositions immédiates
1- Déployer un mécanisme d’information systématique de l’opinion sur l’évolution des prix et de la situation économique
· Informer régulièrement la population sur l’évolution de la crise et ses effets sur l’économie nationale (programme dans les Mass Médias impliquant Gouvernement – Patronat – Syndicats de travailleurs – Associations de consommateurs)
· Communiquer sur les mesures déjà prises par le Gouvernement en soutien aux pouvoirs d’achats Subvention sur le carburant ; Coûts des mesures douanières ; Coûts des mesures fiscales etc.
2-Optimiser le système de contrôle des prix
· Instaurer plus de flexibilité
· Mettre en place d’un Observatoire sur les cours des matières premières et les prix des produits finis
3-Apporter un soutien à la trésorerie des Entreprises
- Accélérer le remboursement de la dette intérieure
- Accélérer le processus de titrisation de la dette intérieure
- Suspension de l’Acompte d’IS pour les Entreprises exposées à la forte inflation
- Mettre en place une garantie de l’Etat pour les prêts aux Entreprises des secteurs les plus impactés
- Faire recours au FMI afin de bénéficier des appuis annoncés pour les pays africains pour réduire le coût des ajustements des politiques économiques
4-Lever certaines contraintes opérationnelles sur les Entreprises
- Suspendre (temporairement) pour les produits sensibles, l’application du décret de mai 2021 portant extension du PECAE à l’ensemble des produits importés au Cameroun
- Redéfinir la méthode de rationnement de l’énergie électrique
- Pause dans les contrôles fiscaux pour permettre aux Entreprises de se concentrer sur la production
Dans une perspective de moyen terme
· Soutenir pouvoir d’achat et l’accès des ménages aux produits de grande consommation
· Réduire / Supprimer certaines taxes sur la consommation (TVA, Droits d’accises, …)
· Instaurer provisoirement des autorisations d’exportation pour les produits vivriers de grande consommation (banane, plantain, igname, riz local, tomate, etc…)
2- Redéfinir certaines priorités en matière de production et de consommation
- Mettre en place des incitations pour le Local content, le patriotisme économique et la promotion des champions nationaux de manière à améliorer notre souveraineté alimentaire : Fiscalité spécifique ; Facilités administratives ; Commande publique ; Sensibilisation et valorisation ; Accès prioritaire aux ressources