La banque centrale mise sur la stratégie régionale d’inclusion financière qui repose sur plusieurs axes, parmi lesquels le soutien à l’innovation et au développement des services financiers numériques dans la sous-région.
En 2021, le taux d’inclusion financière est de 32% dans la zone Cemac, selon les données de la Banque des Etats de l’Afrique Centrale (BEAC). Soit 47% pour le Gabon, 45% pour le Cameroun, 10% pour la Guinée Equatoriale, 5% pour le Tchad, 4% pour le Congo et 3% pour la RCA. Pour les autorités, ces chiffrent restent très faibles et doivent être revus à la hausse, en favorisant l’accès des services financiers au plus grand nombre.
L’approche de la BEAC pour augmenter ces taux, repose sur la stratégie régionale d’inclusion financière élaborée sur la période 2023-2027 avec l’appui de la Banque mondiale. Cette stratégie comporte six axes parmi lesquels l’éducation et la protection des consommateurs des services financiers, la promotion et la facilitation de l’innovation de l’utilisation des services financiers numériques. Ce dernier point concerne essentiellement l’aide au développement des fintechs qui apportent aujourd’hui des solutions financières digitales, allant au-delà de ce proposent les institutions financières classiques. La stratégie d’inclusion financière de la BEAC 2023-2027 prévoit donc diverses actions pour booster l’innovation et l’éducation financière des populations. Il s’agit entre autres de la mise en place d’un fonds d’investissement pour les start-up dans le secteur des services financiers numériques (fintech), ainsi que des dispositions pour encourager l’assistance technique et financier des acteurs de la finance digitale. Il y a aussi la mise en place du bureau régional d’innovation chargé d’organiser des conférences sur l’innovation dans le domaine de la finance numérique.
Cela s’accompagne des réformes au plan réglementaire. On peut citer l’adoption du règlement sur les établissements de paiement et celui sur la protection des consommateurs, l’introduction en 2018, d’une nouvelle catégorie d’établissements autorisés à fournir des services de paiement sans être adossés à une banque.
L’objectif global de la stratégie est d’accroître de à 60% d’ici 2027 le taux d’inclusion financière dans la Cemac, et de 75% d’ici 2030. « Nous voulons que 75% de la population de la cemac puisse avoir un compte bancaire, un compte de paiement et un instrument électronique de paiement. On a commencé à déployer cette année notre stratégie d’inclusion financière qui a été adoptée par tous les pays de la Cemac. Il reste une petite brique pour que l’écosystème, l’infrastructure soit complète. Celle-là c’est le paiement. On ne sait pas encore faire l’acceptation avec le mobile money comme on le fait avec les cartes» explique le directeur de l’exploitation de la BEAC, Jean-Clary Otoumou.
Quatre segments de la population sont ciblés par cette stratégie : les femmes, les jeunes, les MPME et les populations rurales. Ces catégories sont considérées comme des franges vulnérables de la population ou exclues financièrement. L’objectif de la BEAC aujourd’hui est donc de permettre l’accès et l’utilisation d’une gamme de produits et services financiers adaptés et abordables à ces cibles. Et cela devrait aussi passer par la promotion des stratégies nationales d’inclusion financière. Mais, actuellement, seuls le Tchad, la RCA et le Cameroun disposent d’une stratégie nationale de finance inclusive ou de microfinance, relève la banque centrale.