LaBourse des valeurs mobilières d’Afrique centrale (Bvmac) est toujours orpheline de plus de la moitié des entreprises publiques promises à une introduction à la bourse. Les gouvernements de 5 des 6 Etats de la Communauté économique et monétaire d’Afrique centrale (Cemac) ont certes transmis à la Bvmac une liste de 17 entreprises publiques et parapubliques devant être admises à la cote, mais seules la Société Commerciale Gabonaise de Réassurance et la banque équato-guinéenne Bange Bank ont franchi le pas. A en croire Louis Mbanga Ntolo, directeur général de la Bvmac, ce processus censé dynamiser la bourse commune aux pays de la Cemac, est bloqué non seulement par les dirigeants des entreprises qui refusent d’appliquer les directives gouvernementales, mais également par les gouvernants qui se complaisent dans le laxisme. «C’est un sujet un peu sensible. Cinq Etats ont donné à la communauté 05 listes contenant 17 noms de sociétés de leur portefeuille, susceptibles de venir à la cote. Dans cette liste, deux ont déjà franchi le pas et sont actuellement cotées, à savoir SCG-Ré et Bange. Il reste donc 15 qui peuvent potentiellement venir sur le marché. Nous n’avons pas envie de créer des frictions entre acteurs mais il appartient d’abord aux Etats qui ont donné ces listes de sensibiliser les organes de gestion de ces société à l’effet que compte leur soit rendu de ce que les dirigeants font des instructions gouvernementales reçues de côté les sociétés en bourses»,a-t-il confié à nos confrères de Sikafinance.
Blocages
La Bvmac se heurte principalement à l’intransigeance de plusieurs dirigeants qui redoutent que la gestion des entreprises publiques dont ils ont la charge leur échappe après une introduction à la bourse. «Quand on dit que les Etats doivent être présents et demander aux organes de gestion de rendre compte, c’est parce qu’il nous revient aussi qu’il y a certains dirigeants notamment des administrateurs qui ont l’impression que c’est une inquisition qu’on va faire sur leurs entreprises. Nous devons répéter sans relâche que les décisions de privatisations d’entreprises publiques par introduction en Bourse participent de politiques publiques de redistribution de fruits de la croissance, opérée par un gouvernement qui par cet acte, fait participer ses citoyens à la gestion d’une entreprise», a ajouté Louis Banga Ntolo. Pour y remédier, ce dernier propose la multiplication des campagnes de sensibilisation auprès de ces dirigeants récalcitrants. «Il appartient aux sociétés de bourse d’être un peu plus présentes aux côtés des dirigeants de ces entreprises pour pouvoir discuter ensemble afin d’accélérer leur inscription à la cote. C’est dans ce cadre là qu’une équipe de la Bvmac envisage de se rendre à Bangui pour pouvoir discuter avec les dirigeants des 3 entreprises que le gouvernement centrafricain a bien voulu déposer sur la table de la communauté» a-t-il annoncé.
Rappelons qu’après l’unification du marché financier sous régional en 2019, les 6 Etats de la Cemac ont pris l’engagement de procéder à la «cession partielle ou totale en bourse de leurs participations dans le capital d’entreprises publiques, parapubliques, ou issues de partenariat public-privé, notamment dans le cadre de programme de privatisation ». Après moult péripéties, 5 de ces 6 pays ont tenu à respecter cet engagement. Il s’agit du Gabon (03 entreprises), du Congo (04 entreprises), la Guinée équatoriale (03 entreprises), le Cameroun (04 entreprises) et la RCA (03 entreprises). Malheureusement sur un total de 17 entreprises, seules deux sont inscrites à la bourse.