Présenté au Conseil de cabinet du 27 octobre dernier, le budget 2023 sera consacré entre autres à l’achèvement des grands projets de 1ère génération et à la mise en œuvre de la politique d’import-substitution.
L ’avant-projet du budget de l’État pour l’exercice a déjà été élaboré. Il n’attend plus que d’être déposé au parlement pour la troisième session ordinaire de l’année qui s’ouvre le 11 novembre prochain. A l’issue du dernier conseil de cabinet présidé le 27 octobre dernier à Yaoundé par le Premier ministre, Joseph Dion Ngute, l’on ap prend du communiqué final que : le budget de l’Etat 2023 sera prioritairement consacré à la finalisation et la mise en service prioritaire des grands projets infrastructurels de 1ère génération ; la re construction des régions sinistrées ; l’accélération de la mise en œuvre de la politique d’import-substitution avec un accent sur la promotion du label « Made in Cameroon » ; le renforcement et l’approfondissement du processus de décentralisation ; le relèvement du niveau des dépenses sociales et l’amélioration du climat des affaires et la gouvernance. Une orientation qui, selon le ministre des Finances, va en droite ligne avec le cap qu’avait déjà été fixé le président de la République, dans sa circulaire relative à préparation du budget 2023, signée en aout dernier. Paul Biya y indiquait que l’objectif principal du budget de 2023 reste « la consolidation de la reprise économique et l’accélération de la transformation structurelle, tout en renforçant le caractère inclusif de la croissance, afin de replacer le pays sur le sentier de l’émergence ». Le président de la République avait alors insisté sur l’orientation de la commande publique en biens et services vers la production locale « notamment dans la filière bois à travers l’acquisition d’une part significative des équipements mobiliers des administrations publiques auprès des entités de production locale. Le Cameroun ayant beaucoup souffert des importations ».
Un budget à la hausse
Le montant prévisionnel du budget 2023 n’a pas filtré dans le communiqué final du conseil de cabinet. Il sera officiellement connu lors du discours du Premier ministre sur le programme économique, financier, social et culturel du gouvernement pour l’exercice 2023. Discours qu’il va prononcer devant le parlement au cours de la session du mois de novembre. Ce que l’on sait pour le moment du budget 2023, c’est que cette enveloppe sera revue à la hausse, d’après les révélations faites à la Cameroon Radio Télévision (CRTV), poste national, par le ministre des Finances Louis Paul Motaze, le 28 octobre 2022. Selon le ministre des Finances cette augmentation prévisionnelle est liée à la conjoncture internationale, qui affecte directement l’économie au plan local. Un contexte dominé par la crise des matières premières et le conflit russo-ukrainien, qui a provoqué une rupture des approvisionnements des matières premières vers l’Afrique et une inflation généralisée. « Le contexte est tellement difficile au niveau mondial et au niveau national : crise économique, la guerre russo-ukrainienne etc., qui auront un effet extrêmement difficile. Le gouvernement reste déterminé dans le cadre de sa stratégie nationale qu’on appelle la SN-30 à aller de l’avant. Nous prévoyons quand même d’avoir un budget à la hausse. Et pour atteindre les chiffres qui sont dans nos prévisions, il faudra de la rigueur », a indiqué Louis Paul Motaze.
Une croissance de 4.2%
Malgré le contexte international, marqué par une résilience de l’économie mondiale, qui a conduit à l’élaboration de cet avant-projet de loi, l’activité économique au Cameroun devrait rester dynamique avec une croissance qui pourrait être de 4,2% en 2023. Selon le ministre des Finances, les prévisions annoncent une inflation de 3%. Louis Paul Motaze a également précisé que la politique budgétaire du gouvernement sera prioritairement axée sur l’effort de consolidation visant à assurer des perspectives saines, compatibles avec un niveau d’endettement soutenable, en cohérence avec les orientations du chef de l’Etat.
Un compte d’affectation spécial
Au cours du conseil de cabinet le ministre des Finances, Louis Paul Motaze, a annoncé que l’une des innovations du projet de loi de finances 2023 porte sur la mise en place d’un compte d’affectation spécial. « Au terme du débat qui a suivi […], le Conseil a validé le projet de loi de finances pour l’exercice 2023. Le chef du gouvernement a demandé au ministre des Finances de le consolider, dans la perspective de sa soumission, à la très haute appréciation du président de la République », apprend-on du communiqué final cité par Investir au Cameroun. Même si l’on sait désormais qu’un compte d’affectation spécial sera créé pour les zones économiquement sinistrées, l’on ignore encore les sources de financement et l’enveloppe qui sera allouée à ce compte d’affectation spéciale. Victimes respectives des incursions de Boko Haram et de la crise anglophone, les régions de l’Extrême-Nord, du Nord-Ouest et du Sud-ouest sont officielle ment déclarées « zones économiquement sinistrées », selon un décret du 2 septembre 2019 du Premier ministre Joseph Dion Ngute. Ce statut, selon les textes en vigueur dans le pays, permet à l’État d’offrir des incitations di verses aux entreprises désireuses de s’installer dans ces zones touchées par l’insécurité.
Pas de budget pour le covid-19
Aucune dotation n’a été prévue pour la lutte contre le coronavirus, en raison de la relative maîtrise de la pandémie. Selon le ministre de la Santé Publique, Malachie Manaouda, qui s’exprimait au cours du conseil de cabinet, « après la cinquième vague de courte durée et de faible amplitude que le Cameroun a connue, la situation épidémiologique du covid-19 reste sous contrôle au Cameroun. Les dernières enquêtes de séroprévalence révèlent une séropositivité de près de 60% compatible avec l’atteinte d’une immunité collective.
Un budget d’investissement largement en baisse
Après avoir atteint le niveau de 36,3 % en 2017, l’enveloppe allouée aux dépenses d’investissement est prévue à 22,1 % en 2023. Selon le Ministre de l’Économie, de la Planification et de l’Aménagement du Territoire, Alamine Ousmane Mey, « les multiples chocs sécuritaires, sanitaires, économiques, aux conséquences sociales importantes, exercent depuis cinq années des contraintes fortes sur la structure des dépenses de l’Etat. Il en découle une baisse du niveau de l’investissement public dans les dépenses globales de l’Etat ». Les ex perts pensaient pourtant qu’en 2023, cette enveloppe pourrait atteindre au moins le minimum de 30 % qui était déjà appliqué dans le cadre du Docu ment de Stratégie pour la Croissance et l’Emploi.
Cet avant-projet de loi sera soumis à la 3e session parlementaire qui s’ouvre le 11 novembre à l’Assemblée nationale et au Sénat. Session au cours de laquelle les différents patrons des départements ministériels vont clarifier les contours et les implications du budget de l’État pour l’exercice 2023.