Assemblée Nationale : froid entre cavaye et Gaston Komba

Le président de l’Assemblée nationale a récemment retoqué une réforme portée par le secrétaire général de la chambre, quelques jours seulement après l’avoir validée.


Incompréhensions apparentes dans les couloirs de l’Assemblée nationale. Le président de la chambre a diffusé un communiqué le 3 mai dernier dans lequel il revient sur la principale réforme qu’a engagée le secrétaire général Gaston Komba depuis son arrivée à la tête des équipes administratives de l’auguste institution. Le document annonce à l’ensemble des élus et du personnel que la structuration proposée par le S.G. « est purement et simplement annulée ». Il se fait que Cavaye Yéguié Djibril lui-même a validé ledit organigramme dans un autre communiqué le 23 avril 2021. Dix jours auront suffi pour un rétropédalage intégral du lamido de Maga, dans le Mayo Sava.

Les considérations politiques sont incontestablement derrière ce revirement soudain. Un truisme dans une chambre où la politique est légitimement le fonds de commerce de tout le monde. Difficile d’avoir des réponses quand il faut interroger ce couac d’une rareté extrême entre Cavaye et Komba. Les bribes d’informations glanées par le reporter laissent penser que le problème se trouve moins dans la relation entre le président de l’Assemblée nationale et son secrétaire général que dans les rapports de force politique.

Certains élus, dont des membres du bureau, se seraient offusqués de la mise à l’écart projetée de leurs proches recrutés dans les services administratifs de la chambre. Qui sont ces lobbyistes ? Deux noms reviennent avec insistance. Mais dans l’impossibilité de contacter ces messieurs en cette période d’intersession, difficile de les citer. Leurs arguments sont pourtant connus. Leur plaidoyer laisse entendre que le désormais exnouvel organigramme contournait soigneusement certaines gens pour ne s’intéresser qu’à certaines autres. Et les personnes subrepticement placées au centre du jeu étaient, à tout hasard, étrangement familières au secrétaire général.

Les plaignants ont mis le président sous pression afin qu’il corrige ledit organigramme. Malgré sa proximité légendaire avec Gaston Komba, il a dû plier face à la carrure politique de ses interlocuteurs et à la multiplicité des exemples d’injustice supposée qu’ils ont mobilisé.

L’exemple vient d’en haut

Le bégaiement de Cavaye par communiqués interposés rend compte des luttes intestines en rapport avec la patrimonialisation de l’administration de l’Assemblée nationale. Personne n’entre ici s’il n’est le frère, la sœur, le fils, la fille, l’épouse – voire la maîtresse – d’un élu ou d’un gros bonnet. La règle est simple et relativement systématique : il faut être introduit pour entrer, s’installer et à plus forte raison être nommé.

Un ancien député évoquait encore récemment dans une conversation privée « le trop grand nombre » de proches du Très honorable président à divers postes de responsabilité que dans son propre cabinet ou dans les services administratifs de base. En résumé, l’exemple vient d’en haut et ça ne date pas d’aujourd’hui.

En 29 ans de perchoir, le Très honorable a eu le temps de placer ses proches à tous les étages de l’Assemblée nationale. Il a même eu l’heur de s’aliéner quelques-unes de ces personnes parachutées, habituées qu’elles étaient de passe-droits. Le cas de son garde du corps et neveu Bouba Simala est encore frais dans les mémoires.

Reste que la récente crise de l’organigramme est une écume du point de vue politique ; surtout qu’elle a été très vite désamorcée par un Cavaye amateur de l’équilibre des forces et de la récompense à ses lieutenants. Fin tacticien et personnalité loyale à son patron depuis l’époque où il était encore député, Gaston Komba se relèvera de ce camouflet sans perdre beaucoup de plumes .

La question se pose en d’autres termes pour les employés responsables en sous-main de la décision de retoquer le nouvel organigramme. Deux camps au moins renforcent leurs inimités : ceux qui étaient en haut et qui ont été ramenés à leurs positions initiales et ceux qui espèrent que cette victoire d’étape augure des lendemains meilleurs. En attendant la session de juin, les relations entre les divers services, et même entre collègues de bureau l’Assemblée promettent d’être électriques.

Par Janvier Duclair Mvondo

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