Cemac: la BEAC envisage une règlementation adaptée aux fintech

La banque centrale vient  d’organiser une concertation à Douala avec les acteurs de ce secteur  dont le montant des  transactions en forte croissance ces dernières années,  se situe  à 4700 milliards en 2022.

 La finance   digitale encore appelée fintech est en pleine expansion dans la sous-région ces dernières années.   Selon les données de la Banque des Etats de l’Afrique centrale ( BEAC),  la Cemac comptait  en 2022, 498 prestataires de services de paiement déployant plus de 37 millions de comptes pour 2,4 milliards  transactions d’un montant de  4700 milliards de FCFA. Soit une évolution de plus de 800% en cinq ans. Ces données renseignent également que les virements instantanés de la monnaie électronique ou  mobile money  est le moyen  le plus utilisé.  Ils représentent en effet  plus de 96% des transactions (2,3 milliards d’opérations)  contre 2% des transactions pour le virement bancaire classique et cartes.

Seulement,  «  bien qu évoluant dans un environnement de fourniture de services bancaires  et financiers traditionnellement très réglementé, ces entreprises n’ont pas toujours conscience  de la nécessité d’entretenir des liens avec les régulateurs en charge des différentes composantes de l’écosystème bancaire et financier de la Cemac, sans lesquels le développement de leurs activités sera freiné en l’absence d’un cadre légal et réglementé adapté », souligne Jean-Clary Otoumou, directeur de l’exploitation BEAC. C’est pour écouter les contraintes et les besoins des fintech que la BEAC a organisé du 29 au 31 janvier dernier à Douala, la première édition du CEMAC FINTECH FORUM.   Cette édition  qui avait pour thème central, « accélérer l’inclusion financière dans la sous-région » a permis à ces acteurs de la  billetterie, paiement de factures, paiement des salaires, frais de scolarité, paiement des polices d’assurance etc de s’exprimer ouvertement. Et pour Cesar Zinga promoteur de la fintech Mapossa, au-delà de la réglementation,  il faut des institutions spécifiques à ce secteur d’activité.  « Aujourd’hui le régulateur a institué la Cobac comme gendarme. Je pense que la Cobac est très bien pour les banques mais il faudrait le gendarme des établissements de paiement ». 

La BEAC entend mettre en place un cadre règlementaire adapté à ces fintech, avec pour  entre autres visées, encourager l’inclusion financière dans la sous-région. L’un des enjeux  étant notamment ceux liés à la sécurité.  « Il est majeur à plusieurs titres. D’une part, il faut permettre aux entrepreneurs locaux de saisir cette niche d’opportunités pour développer des entreprises qui seront structurées, pérennes et rentables. D’autre part, il faut garantir la traçabilité, l’usage et la sécurité de l’argent qui passe ainsi par des canaux immatériels. L’utilisateur de ces outils et services doit pleinement en avoir confiance», a indiqué Protais Ayangma, Co-président du Gecam.

Réactions

Jean-Clary Otoumou, directeur de l’exploitation BEAC

 « Notre objectif est que 75% de la population de la cemac ait un compte en 2030 »

« Notre ambition c’est de réguler. On attendra de voir quels sont les objectifs  des fintech. Nos objectifs à long terme, c’est à dire d’ici 2030 ans, c’est que 75% de la population de la cemac puisse avoir un compte bancaire, un compte de paiement et un instrument électronique de paiement. Il y a une stratégie  d’inclusion financière  qui a été adoptée par tous les pays  de la Cemac. On a commencé  à la déployer cette année. Il y a déjà des résultats. Tous les mobiles money de la zone sont interconnectés aujourd’hui.  Donc vous pouvez envoyer de l’argent à votre grand-mère qui est au fin fond du pays. Donc on a interconnecté les infrastructures du Tchad, Cameroun,  Gabon,  Guinée équatoriale  pour les gens qui transportaient leur argent pour se déplacer de la manière la plus simple possible. Il reste une petite brique pour que l’écosystème, l’infrastructure soit complète.  Celle-là c’est le paiement.  On ne sait pas encore faire l’acceptation  avec le mobile money comme on le fait avec les cartes.  »

 Cesar Zinga,  CEO d’une Fintech

 « C’est  l’opérationnalité de la réglementation qui pose problème»

 « Nous particulièrement à Mapossa, nous sommes une fintech qui s occupé du B to C. Ça signifie que nous récupérons les SMS de transactions pour les camerounais notamment les portes monnaie électroniques et sur chaque SMS nous nous permettons de mettre une catégorie de manière conceptuelle. Nous avons eu des difficultés notamment sur la technologie mais heureusement l’intelligence artificielle est arrivée à son apogée. Le premier problème pour la fintech c’est le financement. Nous n’avons pas de venture capital au Cameroun et en Afrique Centrale sur lesquelles on peut lever des fonds. Le deuxième problème c’est la compétence. On n’a pas des personnes qui sont capables de comprendre ce qu’est qu’une activité produit. Le dernier problème qui est très rare et mal compris c’est la culture start-up. C’est une manière de penser, d’agir qui repose fondamentalement sur le savoir être que le professeur Ebenezer Njoh Mouelle nous disait dans son livre de la médiocrité à l’excellence. Je pense que la réglementation actuelle est favorable aux fintech. Par exemple dans l’article 7 de la réglementation sur les établissements de paiement. On dit aux portes monnaies électroniques d’informer instantanément les personnes qui ont fait l’ordre de paiement. Je pense que la réglementation est très bonne mais le problème se situe à un autre niveau. C’est-à-dire l’opérationnalité de cette réglementation.»

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