« J ’ai reçu mission de tirer le penalty, je l’ai tiré et je l’ai marqué ». L’auto-proclamation de Maurice Kamto comme nouveau président élu de la République provoque un véritable tollé au Cameroun, notamment au sein de la classe politique. Que ce soit au sein du parti au pouvoir, le Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais (Rdpc), ou de l’opposition, tous (ou presque) condamnent le candidat du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC) et rejettent en bloc sa démarche. Le « Tireur de penalty » est appelé à respecter les procédures et l’ordre institutionnel. « Je suis surpris, parce que je crois que Maurice Kamto est un juriste. On doit respecter le droit, surtout si on l’enseigne. Si on l’enseigne et qu’on refuse de se l’appliquer, ça veut dire qu’on perd du temps aux étudiants », lance Garga Haman, candidat de l’Alliance pour la Démocratie et le Développement (ADD) à cette élection présidentielle.
Au Social Democratic Front (SDF), un autre parti ayant pris part au scrutin du 7 octobre dernier, martèle-t-on, il y a une loi qui doit être respectée et Maurice Kamto l’aurait visiblement violée. Parce que : « une élection est d’abord un exercice démocratique qui s’inscrit dans les textes en vigueur et qui devraient être respectés par tous les partis y compris le parti au pouvoir. Il y a une loi, même si elle est mauvaise, elle doit être respectée », déclare Joshua Osih à Cameroon Tribune. Et de comparer les déclarations de Maurice Kamto à une forme « d’agitation » qui, espère-t-il « n’ira pas jusqu’à des pertes en vies humaines ».
FORCE A LA LOI
Au Purs, l’on se montre un peu plus lucide. Pas question de verser dans l’invective. « La sortie de M. Kamto répond certainement à une stratégie pensée par lui avant l’élection. Toutefois, nous devons attendre les résultats. A notre niveau, nous continuons de recevoir des procès-verbaux, et les résultats que nous tenons ne nous permettent ni de confirmer, ni d’infirmer les déclarations de M. Kamto », indique Serge Espoir Matomba. Au Rdpc, on ne l’entend pas de la même oreille. « Certain candidats tiennent des discours enflammés pour s’autoproclamer vainqueurs et appellent au soulèvement des populations pour défendre leur prétendue victoire, en créant un climat de tension, d’insécurité et de violence dans le pays », conclue Jean Nkueté, secrétaire général du parti au pouvoir. « A l’évidence, ajoute-t-il, de tels comportements relèvent de l’immaturité et de la fébrilité politiques. Ils traduisent un mépris des règles du jeu démocratique et des institutions que les acteurs ambitionnent de défendre en se portant candidats à l’élection présidentielle ». Tout en appelant les Camerounais au calme et à la vigilance, la classe politique est convaincue que force restera à la loi.
Arthur Wandji