Le Cameroun a fait de l’import-substitution, une composante majeure de sa Stratégie Nationale de Développement (SND30), cadre de référence de l’action gouvernementale sur la période 2020-2030. Cette politique qui promeut la réduction de la dépendance du pays aux importations de certains biens qui peuvent être produits localement est en cours d’implémentation depuis 2021, avec des résultats mitigés. C’est certainement pour inverser cette tendance négative, que l’Etat s’est doté d’un Plan intégré d’import-substitution agropastoral et halieutique pour la période 2024-2026 (Piisah). Ce dernier poursuit trois objectifs principaux à savoir: faciliter le développement des actions du secteur privé dans le domaine agropastoral sur des espaces sécurisés et aménagés ; contribuer à l’augmentation significative de la production et de la disponibilité des produits locaux de grande consommation, créer un environnement propice au développement des activités agropastorales.
Plus de 1 000 milliards en 3 ans
La mise en œuvre dudit plan, à travers lequel le gouvernement espère doper la production locale de blé, de riz, de poissons, de lait, de maïs, de sorgho et de mil, va coûter 1 336 milliards de FCFA en 3 ans. Soit 1 136 milliards de FCFA pour la sécurisation et l’aménagement des périmètres hydroagricoles, répartis ainsi qu’il suit: 165, 84 milliards de FCFA en 2024, 427,78 milliards de FCFA en 2025 et 542,74 milliards de FCFA en 2026. Au cours de la même période, une enveloppe de 203,50 milliards de FCFA va être mobilisée pour l’amélioration de la production, de la transformation et de la commercialisation des produits locaux. Ce financement est également étalé sur 3 ans, avec un premier décaissement de 62,34 milliards en 2024, un second d’un montant de 78,21 milliards de FCFA sera disponible en 2025. Le dernier d’un montant de 62,95 milliards va être déployé en 2026. La dernière composante, axée sur l’amélioration de l’accès aux financements, aux marchés et à la formation, va bénéficier d’une enveloppe de 26,68 milliards, soit 18,31 milliards de FCFA en 2024, 4,14 milliards de FCFA en 2025, et 4,23 milliards de FCFA en 2026. 5 milliards de FCFA vont également être prélevés de ce financement prévisionnel afin d’assurer la gouvernance de ce plan.
Financements mobilisables et additionnels
A l’heure actuelle, le dernier obstacle à la mise en œuvre optimale du Piisah est le manque de financements. L’Etat ne dispose pas encore de l’argent nécessaire au lancement de ce programme. Toutefois, il est certain de mobiliser au moins la moitié des 1 336 milliards, qui représentent le coût global du projet. «Le total des ressources mobilisables sur la période 2024-2026 est de 572,49 milliards de FCFA», peut-on lire dans le document qui détaille les actions prioritaires du Piisah. D’après le gouvernement, ce financement mobilisable comprend les ressources disponibles incluses dans la programmation budgétaire du triennat à hauteur de 318,53 milliards de FCFA. A ces dernières, il adjoint une enveloppe de 150 milliards de FCFA issue des fonds de soutien que le pays espère capter durant la durée de la mise en œuvre du Piisah. Les dernières ressources financières envisagées par l’Etat sont évaluées à 103,96 milliards de FCFA. A en croire l’Etat, elles proviennent des conventions signées ou susceptibles d’être signées dans les plus brefs délais. Calculette en main, l’Etat doit donc trouver 608,5 milliards de FCFA pour combler le gap. Ces calculs tiennent compte des contributions du secteur privé projetées à hauteur de 190,50 milliards de FCFA. Pour capter cet argent, le Piisah propose, en dehors de l’accroissement des ressources affectées au Piisah dans le budget des administrations, le renforcement de l’intervention du secteur privé dans le développement de la production des spéculations retenues. Cela passe par «des facilités d’accès au crédit bancaire, à travers notamment une bonification par la Banque centrale des refinancements et des prêts bancaires à destination du secteur agropastoral, et plus spécifiquement des filières prioritaires du Piisah, le déploiement du mécanisme de garantie pour les investissements privés, offert par la Loi des Finances, la vulgarisation des mécanismes de garantie et de financement offerts par les partenaires bilatéraux et multilatéraux du gouvernement»