Une enquête réalisée par des journalistes révèle que des activités comme la coupe de bois, la vente illicite des terrains et des constructions non autorisées menacent cette biodiversité, tandis que peu d’initiatives pour sa préservation connaissent du succès.
La ville de Douala pourrait disparaître d’ici quelques années si rien n’est fait, alertent des journalistes camerounais. La ville traversée par le fleuve Wouri connaît progressivement un fort taux de destruction de ses mangroves, d’après une enquête réalisée par ces journalistes. Les pertes de superficie sont estimées à 6.2 % par an, soit 31% sur les 5 dernières années pour la zone de Douala-Bonabéri qui connaît le plus fort taux de destruction des mangroves.
L’enquête souligne plusieurs activités humaines qui contribuent à cette destruction. D’un côté, la coupe illicite du bois de mangrove très sollicité pour le fumage de poisson et pour les scieries. Les « Rhizophora et l’Avicennia », deux espèces de palétuviers communément appelées Matanda sont les plus prisées dans la région du Littoral. Leur exploitation s’est décuplée ces dernières années, à en croire une autorité traditionnelle qui s’est exprimée dans le cadre de cette enquête. « Les trafiquants coupent en journée et transportent généralement dans la nuit », indique sa Majesté Victor Bete.
Une autre pression exercée sur la mangrove, c’est celle des habitations. L’enquête révèle que les ventes illicites de terrain et de constructions anarchiques prospèrent dans la mangrove. Des maisons ne cessent de croître dans ces zones interdites d’habitation. Joseph Tufoin, chef du quartier Mambanda estime que sa population augmente de 5% tous les trois mois. L’article indique que des bornes sont implantées pour délimiter les zones non constructibles mais elles sont vandalisées par les populations.
Ce travail mené dans le cadre du projet Open Data for environment and Civic Awareness in Cameroon (Odeca), initié par ADISI-CAMEROUN attire l’attention des pouvoirs publics sur les risques liés à cette pression exercée sur la mangrove. Notamment le risque d’inondation. Surtout que les initiatives publiques et privées mises en œuvre jusqu’ici pour préserver les mangroves de la disparition et de l’exploitation abusive ne sont pas visibles selon l’enquête. Cette situation serait due au manque de ressources financières et de traçabilité. De toutes les façons, fait remarquer l’enquête, ces initiatives ne sont pas proportionnelles à la taille des défis auxquels la ville est confrontée.