Transport aérien: Des avions pour Camair-co après la victoire judiciaire contre Boeing?

D’après des informations relayées par nos confrères d’Africa Business +, le jugement rendu par le Tribunal de Grande Instance du Wouri le 11 mars 2024, ouvre la voie à des négociations qui pourraient aboutir à la livraison de nouveaux avions pour renforcer la flotte de la compagnie aérienne nationale

Le 30 août 1984,  un moteur conçu par Pratt and Whitney installé dans un avion Boeing 737 2H7C immatriculé TJ-CBD, appartenant à la défunte Cameroon Airlines a pris feu à l’aéroport de Douala alors qu’il s’apprêtait à décoller pour Garoua, dans la région du Nord, via Yaoundé, la capitale du pays. L’incendie a complètement détruit l’avion, entraînant par la même occasion la mort de 2 passagers. 40 ans après ces évènements, et 10 ans après le début du contentieux judiciaire initié par l’Etat du Cameroun afin d’obtenir un dédommagement, les responsabilités ont été établies par le Tribunal de Grande Instance du Wouri le 11 mars 2024. L’État du Cameroun, représenté par le ministre d’État, ministre de la Justice Garde des Sceaux, Laurent Esso, ainsi que la société Cameroon Airlines en liquidation, sont sortis victorieux dans leur quête de justice contre les géants de l’aviation Boeing et Pratt & Whitney.

Condamnation de Boeing et Pratt & Whitney

D’après les conclusions du tribunal «les débris libérés par le disque du septième étage ont perforé le réservoir de l’aile droite, provoquant une fuite de carburant sur les composants chauds du moteur et dans la zone environnante. Les étincelles générées par le contact du disque avec le sol ont enflammé le carburant, provoquant un incendie dévastateur», peut-on lire dans la décision de justice. Au regard de ce qui précède, «le tribunal a rendu un verdict unanime, tenant la société Boeing et Pratt & Whitney pour responsables de la négligence qui a conduit à l’accident mortel. L’examen du tribunal a révélé des violations critiques dans le respect des normes obligatoires de sécurité aérienne énoncées dans la Convention de Chicago de 1944 et dans le « Code of Federal Rules » des États-Unis du 6 avril 1970». En outre, «Le tribunal a conclu que le non-respect de protocoles de sécurité stricts a mis en danger la vie des passagers et de l’équipage, constituant une grave violation du droit de la responsabilité délictuelle».

Cette décision de justice est accompagnée d’une sanction pécuniaire. Boeing Company et Pratt & Whitney ont été condamnés conjointement à indemniser la Cameroon Airlines en liquidation d’une somme de 158, 48 milliards de FCFA (environ 254 360 400 USD), en guise de réparation pour divers préjudices subis par l’ex-compagnie aérienne nationale. Dans le détail, il s’agit de 27,78 milliards de FCFA pour les dommages causés par la perte de l’avion (coût de remplacement à ce jour) ; 127,50 milliards de FCFA pour des dommages liés à l’interruption d’activité ; 3 milliards de FCFA au titre de dommages non pécuniaires (réputation)  et enfin 200 millions de FCFA pour le remboursement des frais judiciaires. Au-delà d’une simple victoire judiciaire, le Cameroun voit en cette dernière une opportunité de renforcer la flotte de la Cameroon Airlines Corporation (Camair-Co), la société née des cendres de la Cameroon Airlines.

Négociations pour les avions

En effet, selon nos confrères d’Africa Business +, le jugement rendu par le Tribunal de Grande Instance du Wouri le 11 mars dernier, ouvre la voie à des négociations qui pourraient aboutir à la livraison de nouveaux avions. Une perspective somme toute positive pour cette entreprise publique qui traverse des moments difficiles, caractérisés par une faible offre en matière de moyens de transport. En effet, Camair-co ne possède que six aéronefs, dont deux sont en réparation. Pour renforcer sa flotte, elle a engagé des pourparlers avec Bange-Bank afin d’obtenir un prêt qui doit lui permettre d’acquérir un Boeing auprès d’Ethiopian Airlines. Dans la même logique, nos confrères d’EcoMatin ont révélé il y a de cela quelques jours, que la compagnie nationale de transport aérien a acquis sous forme de location, un avion  Embraer 175, fabriqué par le constructeur aéronautique brésilien Embraer. En considérant cette situation, les négociations avec Boeing sont d’une urgence capitale.

Boeing dans la tourmente

Toutefois, ces dernières vont certainement s’éterniser en raison de la tourmente dans laquelle est plongé le constructeur américain depuis plusieurs mois. En effet,  «le constructeur aéronautique semble en effet ne plus contrôler sa chaîne de production. Problèmes de contrôle de qualité qui font boule de neige, augmentation anémique de la production et retards dans la certification de nouveaux avions affectent le constructeur américain. Et par ricochet, toutes les compagnies aériennes dans le monde», renseigne un article publié le 19 mars 2024, par Voyages d’Affaires, un site spécialisé dans l’information autour des voyages et du tourisme d’affaires. Depuis le 5 janvier 2024, date à laquelle un bouchon de porte s’est détaché en plein vol d’un 737 Max 9, «Boeing fait donc l’objet de pressions croissantes concernant le contrôle de la qualité en usine. L’incident est imputé à des boulons manquants. L’administration fédérale américaine de l’aviation, la FAA, a de fait constaté des contrôles insuffisants lors d’un audit», ajoutent nos confrères.

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