Pêche illicite : le Cameroun perd plus de 20 milliards de FCFA par an

Ce montant qui représente uniquement les pertes du fisc est motivé par des mauvaises pratiques telles que la non-déclaration des données de capture, la fraude documentaire, l’utilisation des outils de pêche non recommandés etc.

Au Cameroun, des quantités importantes de ressources halieutiques échappent au contrôle des pouvoirs publics. L’activité Communément appelée pêche INN (illicite non-déclarée et non réglementée) affecte le secteur et l’économie entière. Cette forme de pêche se manifeste par la violation des zones de pêche, l’utilisation de produits chimiques interdits, la pêche dans les zones de reproduction, la non-déclaration des données de capture, la fraude documentaire, le recours aux engins prohibés etc. Selon les autorités, cette activité est surtout pratiquée par les pêcheurs illégaux provenant du Nigeria, Ghana, Bénin, Togo, Guinée Équatoriale et de Chine. La quantité de produits halieutiques capturés dans ces conditions est de l’ordre d’environ 100.000 tonnes par an.

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Selon les données du ministère de l’Elevage, des pêches et des industries animales (Minepia), la pêche illicite fait perdre au fisc camerounais environ 20 milliards de FCFA par an. Mais de manière globale, les pertes sont bien au-delà de ce chiffre. « C’est une pêche qui ne respecte pas les règles et c’est aussi une pêche qui n’est pas déclarée. Et quand une chose n’est pas déclarée, on a du mal à pouvoir la quantifier. On quantifie ce qu’on a vu. On peut avoir le nombre de bateaux pêcheurs qui ont été attrapés dans la situation de pêche INN mais on ne peut pas quantifier totalement son impact par ce qu’il y a forcément des personnes qui passent sous le radar. Mais il est strict que c’est un fléau par ce que ça s’attaque aux ressources halieutiques très importantes pour la sécurité alimentaire » explique, Dr Joseph Yepka, sous-directeur des pêches au Minepia.

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D’après plusieurs organisations non gouvernementales, ce fléau est d’envergure mondiale. Dr. Atman Mravili, représentant résident de la FAO, «les pertes en production dans le monde du fait de la pêche illicite sont estimées en 2021, entre 11 à 26 millions de tonnes par an». La Fao ainsi que d’autres organisations telles que, Environnemental Justice Foundation (EJF) accompagnent le Cameroun dans la mise en œuvre des instruments politiques, juridiques, de suivi, contrôle des activités de pêches INN.

Réactions

 Dr Joseph Yepka, sous-directeur des pêches, Minepia

« La loi de pêche au Cameroun est en cours de révision »

 « Nous avons des difficultés à contrôler nos eaux. Il faut des moyens technologiques etc.  Mais, des mesures pratiques ont été prises pour remédier à la situation  de la pêche illicite. Un cadre  de collaboration  entre le ministère des pêches et le ministère des Transports est en train d’être mis en place sous l’égide de la primature. Par ce qu’il faut savoir que  c’est le ministère des transports qui immatricule les bateaux, donc qui donne les pavillons. Or, c’est le ministère des pêches qui  contrôle la pêche ; donc il faut  une collaboration entre les deux  administrations. Et un cadre de collaboration est en train d’être mis en place pour que nous puissions contrôler les bateaux de pêche à qui nous donnons notre pavillon.  La deuxième réponse est plutôt structurelle et ça rentre dans le cadre de la révision de la loi ; par ce qu’il y a des principes de base à adopter.  La loi de pêche au Cameroun est en cours de révision. Le processus est assez avancé. Il y a un certain nombre d’innovations qui sont contenues dans cette loi pour adresser cette question de contrôle de nos bateaux et de lutte contre la  pêche INN.  Donc nous appelons  au sens de la responsabilité des pêcheurs et de tous les acteurs à respecter la législation camerounaise en la matière par ce que c’est ça qui nous assure une gestion durable des ressources.  »

 Younoussa Abossouka,  representant EJF Cameroun

 «  Il faut que les licences de pêche soient publiées »

«  Nous accompagnons le gouvernement dans la lutte contre la pêche illicite. Notre appui entre spécifiquement dans les questions de transparence. Par exemple nous avons inclus dans le projet de loi en cours de révision, les principes de transparence tels que l’obligation pour tous les amateurs d’avoir des  outils satellitaires au sein de leurs navires afin de mieux traquer les activités. L’autre point c’est la publication des licences de pêche par ce que lorsque les licences sont publiques, ça nous  permet également de contrôler quels sont les bateaux autorisés à pêcher dans nos eaux. A partir de ce moment, lorsqu’un bateau se retrouve en mer et qu’il n’est pas sur cette liste, on peut estimer qu’il  est possible qu’il soit en train d’effectuer une activité illicite. L’autre point est également c’est la publication de ces licences sur le site de la FAO qui est un  site global ce qui permettra qu’à l’international, les partenaires et les conventions que le Cameroun a signé, sont respectées. Et ces partenaires peuvent aussi contrôler les navires qui sont autorisées à pêcher dans les eaux camerounaises.  Ce qui fait en sorte que lorsqu’un navire se retrouve  à l’international battant  pavillon camerounais,  ces partenaires peuvent facilement contrôler appartient au Cameroun ou pas. Ou alors c’est un faux pavillon. »  

Source :Défis Actuels n°782 du lundi 03 au 05 juillet 2023

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