Lions indomptables : Eto’o Fils dit niet à Paul Biya

Le président de la Fédération s’oppose au choix de l’entraîneur décidé par la présidence.

« Dans l’absolu, la Fécafoot ne saurait être partie prenante de cet acte dénué de tout fondement légal et ne saurait transiger avec les règlements supranationaux et, encore moins, avec les dispositions légales et réglementaires en vigueur dans notre pays». La déclaration est issue d’un courrier adressé par Samuel Eto’o Fils, président de la Fédération camerounaise de football (Fécafoot) ce 3 avril 2024, au ministre des Sports et de l’éducation physique (Minsep). A la suite de la nomination la veille par la tutelle gouvernementale, du staff technique des Lions indomptables seniors A. « N’ayant été associée ni de près, ni de loin au processus de présélection des candidatures aux postes à pourvoir, nous référant aux dispositions du décret (du 26 juillet 2014) et au Règlement du Statut du transfert des joueurs Fifa, la Fédération camerounaise de football ne s’est pas joint au processus de recrutement des personnels nommés au sein de l’encadrement technique, administratif et médical de nos sélections nationales », justifie-t-il sa position.

Au cours du journal vespéral télévisé de la Cameroon radio television (Crtv) du 2 avril 2024, le texte de Narcisse Mouelle Kombi a été lu. La tutelle des sports, se référant aux Hautes instructions de la présidence de la République, nommé le Belge Marc Brys à la tête des Lions indomptables seniors masculins. Une grosse surprise tant des sources proches de la Fécafoot avaient laissé glisser sur l’espace public entre autres les noms d’Hervé Renard et de José Mourinho. Fin février, au cours d’une interview sur France 24, Samuel Eto’o qui annonçait en primeur la non reconduction du contrat de Rigobert Song Bahanag au lendemain de la Coupe d’Afrique des nations (Can) 2023, visait des pistes européennes. Rappelant que les usages au Cameroun laissent le soin à la Fécafoot de diligenter les opérations de choix et de proposer trois noms à la partie gouvernementale, notamment au président de la République qui a le dernier mot. Le président de la Fécafoot qui avouait entretenir des relations peu cordiales avec la tutelle des sports, indiquait qu’il « espère que le président de la République fera son choix sur la base des propositions de la Fédération ».

Auditions

Sauf qu’au moment où l’homme faisait son show en terre française, les auditions sur l’échec du Cameroun à la CAN 2023 se poursuivaient dans les Services du Premier ministre ; diligentées par le président de la République. Lequel, le 12 février dans son adresse à la jeunesse, avait laissé entendre que « je sais que comme moi, vous avez été déçus par la prestation de notre équipe nationale». Paul Biya qui n’évoque presque jamais les Lions indomptables en situation d’échec, avait clairement déclaré que l’Etat consent d’énormes moyens financiers pour cette équipe et a donc le droit d’y avoir un regard. Et en ressortait en annonçant avoir donné des instructions au gouvernement et notamment au ministre en charge des sports, d’y donner une suite.

Le la était donné. La Fécafoot qui, sous Samuel Eto’o, avait eu les mains libres sur l’équipe nationale et qui la gérait sans partage avec le ministère, venait ainsi de perdre la main sur cet outil de propagande politique du président Biya. La suite a été la quête du successeur de Rigobert Song Bahanag qui était déjà le choix de Samuel Eto’o, contre Antonio Conceiçao dont le ministre avait prorogé le contrat et que le président de la Fécafoot avait suspendu au motif de « résultats insatisfaisants », avant son terme. Aujourd’hui, si Conceiçao dont le nom a été avancé par certains milieux pour reprendre le poste, n’est pas celui qui a été retenu finalement, il reste que ses adjoints camerounais que l’on avait annoncés dans les couloirs de la justice au même titre que leur patron, sont de retour pour accompagner Marc Brys. En plus, le coordonnateur général des sélections n’est autre que Benjamin Banlock, ancien secrétaire général de la Fécafoot qui avait démissionné en dénonçant la gestion peu orthodoxe de Samuel Eto’o. Lequel l’avait attaqué en justice et menacé de le faire arrêter, avant que l’homme ne file dans les mailles de la police des frontières.

Paul Biya et l’insubordination

Ce n’est pas tant que Samuel Eto’o n’a pas fait de propositions, à ce qu’il semble. « En dépit de nos propositions diligentes et au bout d’une vaine attente, il nous a été instruit de contractualiser un nouveau sélectionneur, ses adjoints, des personnels médicaux et administratifs, à l’instar du Coordonnateur général des sélections nationales de football dont le recrutement est du reste, une compétence exclusive de la Fécafoot, selon l’article 4 du décret ci-dessus cité », souligne le « rebelle ». En clair, la Fécafoot aurait soumis des propositions, qui n’ont pas été prises en compte. Et elle n’entend pas signer les contrats des hommes nommés « unilatéralement ».

C’est une nouvelle bataille dans la guerre que se livrent le Minsep et la Fécafoot. Cette fois-ci, il est certain que les dégâts seront énormes, tant derrière Mouelle Kombi, se profile la personne de Paul Biya. L’homme qui ne tolère pas l’insubordination. Cela survient à un peu plus de deux mois de la reprise des éliminatoires de la Coupe du monde 2026. Le Cameroun ayant déjà manqué la période FIFA de mars 2024. Le temps fera défaut, et seul le droit de la force d’un belligérant comme l’autre, devrait permettre de régler la crise.

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