Le rapport controversé de la chambre des comptes

Les conclusions des auditeurs la chambre des Comptes qui ont « fuité » sont une cascade d’allégations vivement contestées par les mis en cause.


Le ministère du Commerce et celui de la Recherche scientifique, deux des quatre administrations épinglées par le rapport d’étape de la juridiction financière de la cour suprême, ont riposté avec véhémence au document qui anime les débats depuis vendredi matin.

Le ministère du Commerce est accusé d’avoir validé des prix des tests Covid astronomiques proposés par Mediline Medical Cameroon, une filiale de la firme sud-coréenne Mediline Medical Korea. Pour un test qui valait 7 084 francs auprès du fabricant sud-coréen, la filiale camerounaise demandait 17 500 francs à l’État. La plus-value de 10 415 francs a entraîné une perte du « coût d’opportunité » de 14,5 milliards de francs CFA, notent les enquêteurs.

Ces prix n’auraient jamais pu être pratiqués si le ministère du Commerce ne les avait pas acceptés, souligne la chambre des Comptes.

Effectivement, rétorque-t-on dans les couloirs de l’Immeuble Rose. Sauf que le auditeurs ont bâclé leur travail. Le prix de 17 500 francs par test n’a jamais été validé par la commission spéciale de validation des prix mise en place par Luc Magloire Mbarga Atangana. Les 17 500 francs correspondaient au prix d’un kit de 25 tests, soit 700 francs par test. Vu sous cet angle, le Cameroun a fait une bonne affaire.

L’affaire du siècle même, ricane-t-on du côté de la chambre des comptes. Dans sa synthèse, la chambre note que les prix du marché au plus fort de la pandémie du Covid variaient entre 7 084 francs et 2 932,3 francs. La question que les commentaires du ministère du Commerce posent est la suivante : comment est-ce qu’il a été possible de trouver des tests Covid à 700 francs en pleine tempête pandémie ? D’autre part, on note qu’un kit est différent d’un pack et qu’en tout état de cause, le Mincommerce a bien validé l’achat d’un kit-test unitaire à 17 500 francs au lieu de 7 084 francs. Pour quelles raisons ? La réponse officielle est attendue dans les mémoires en défense que le ministre et ses collaborateurs vont servir à la justice.

TCHUENTE SE DÉFEND

Le ministère de la Recherche scientifique et de l’innovation (Minresi) a réagi par le même canal que les responsables de la fuite de la fin de semaine dernière (Voir encadré). Les services de Madeleine Tchuenté ont négligemment laissé circuler des scans des correspondances de diverses administrations.

Parmi les courriers en circulation, se trouve une lettre du secrétaire général de la présidence de la République. On y lit que Ferdinand Ngoh Ngoh a demandé à madame la ministre de surseoir la production locale de l’hydroxychloroquine et de l’Azithtromycine en novembre 2020.

Les autres courriers sortis opportunément des archives du Minresi sont des accusés de réception de lettres initiés par le payeur spécialisé auprès du ministère de la Santé et adressées à trois administrations : le Centre de Recherche pour les Maladies Emergentes et Reémergentes (Cremer), l’Institut de Recherche Médicale et des Plantes Médicinales (Impm) et le Centre National de Développement et de Technologie (Cndt). Ils datent d’avril 2020 et informent sur l’utilisation d’une partie de l’argent alloué au Minresi.

Les trois centres et institut associés ont décaissé un total d’un peu plus d’un milliard de francs (1 012 089 524). Si Madeleine Tchuenté renvoie la balle auprès de ses administrations-satellites et dans le camp du secrétaire général de la présidence, les courriers du Minresi ne répondent pas aux questions posées par les enquêteurs de la chambre des comptes. L’une d’entre elles est la suivante : pour quelle raison a-t-elle demandé au chef de l’État des financements pour la production locale de l’hydroxychloroquine et de l’Azithtromycine alors qu’elle savait que le Cremer était incapable de produire ces médicaments qui ont finalement été importés, déballés et reconditionnés d’une manière approximative ? Et surtout où est passé le reliquat du budget de 4 milliards de francs alloué à son ministère au titre du Fonds de solidarité nationale pour la lutte contre le coronavirus ?

PRÉSOMPTION DE CULPABILITÉ

Une victoire déjà vendue à l’opinion publique qui considère ces conclusions liminaires comme un verdict sans appel. Sauf qu’en réalité, ce rapport de synthèse, qui n’aurait jamais dû se retrouver, dans cet état, dans les forums WhatsApp, n’est que le résultat de premières enquêtes. Toute la phase contradictoire est encore attendue, à condition que ses conclusions « fuitent » aussi avec autant de bonheur que le premier document à charge.

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