Football professionnel : pourquoi la Fécafoot met Semengue sur la touche

Dysfonctionnements, défaillances, organisation d’un match avec des clubs sans licences… Les griefs sont nombreux. Le président de la Lfpc s'est expliqué lors d’une visioconférence avec la Fifa et la Fécafoot.

Seidou Mbombo Njoya se déchire avec Pierre Semengue

Les deux prédécesseurs de Seidou Mbombo Njoya s’en sont rapprochés sur la pointe des pieds, sans jamais oser le toucher. Mais l’actuel président de la Fécafoot est bien décidé à assumer ses responsabilités face à un président de la Ligue de Football Professionnel du Cameroun (Lfpc) devenu «incontrôlable et désinvolte». Réhabilité dans ses fonctions à la faveur d’une décision du Tribunal Arbitral du Sport (TAS) rendue le 14 septembre 2020, Pierre Semengue a depuis, dit-on à la Fécafoot, multiplié les actes de défiance vis-à-vis de sa tutelle.

Les «péchés» de Semengue

L’Assemblée générale de la Fécafoot qui acte la réhabilitation de Pierre Semengue (pour neuf mois supplémentaires) le 25 septembre dernier avait en effet débouché sur un certain nombre de recommandations visant la Ligue. L’Assemblée a par exemple donné le pouvoir au président de la Fécafoot de nommer le secrétaire général de la Lfpc. D’ailleurs, parmi les six membres ayant qualité – à l’époque – au sein du Conseil d’Administration de la Ligue, quatre avaient également donné leur accord pour que le futur secrétaire général de l’organe chargé d’organiser les championnats professionnels de football du Cameroun soit nommé par le président de la Fécafoot. Si Paul Mebizo’o a été désigné à cet effet, le président de la Ligue lui, ne l’a jamais approuvé. «Première faute», dit-on à la Fécafoot. La même Assemblée de la Fécafoot a également donné 30 jours à Pierre Semengue pour convoquer une Assemblée générale élective en vue du remplacement pour la durée du mandat restant, des membres du Conseil d’administration de la Lfpc ayant perdu leur qualité (5 membres sur 11). Une fois encore, la recommandation est bottée en touche par le patron de la Ligue. C’est la «deuxième faute», du point de vue de la Fécafoot.

La goutte d’eau qui va déborder le vase sera sans aucun contexte le lancement par la Lfpc de la saison le 1er novembre 2020. Outre les clubs de Coton Sports de Garoua et Panthère Sportive du Ndé qui ont disputé ce match d’ouverture avec des joueurs et encadreurs n’ayant aucune licence, la Ligue est allée chercher un trio d’arbitres équato-guinéens pour diriger cette rencontre.

Prise de position gratuite.

«Les statuts de la Ligue indiquent pourtant que celle-ci est subordonnée à la Fécafoot», précise un cadre de l’instance faîtière. De part ses statuts, la Ligue s’engage à se soumettre entièrement aux obligations fixées par les textes de la Fécafoot et aux autres obligations découlant des statuts et règlements de la Fifa, de la CAF et de la Fécafoot. « Organiser un match de championnat avec des clubs dont les joueurs n’ont présenté aucune licence valide est une violation grave des statuts de la Fécafoot, de la CAF et de la Fifa». Face à cette attitude «va-t-en-guerre » du Général Pierre Semengue, les membres du Comité Exécutif de la Fécafoot se sont réunis en session extraordinaire, du 2 au 4 novembre à Yaoundé.

Semengue hors-jeu, la Ligue sur la touche

L’issue de la réunion est fatale pour la Ligue, dissoute cinq jours plus tôt par une Assemblée générale extraordinaire des clubs de football professionnels. « Le Comité exécutif de la Fécafoot statut à l’unanimité des membres présents décide de retirer (…) l’ensemble des compétences déléguées à la Lfpc», indique le communiqué ayant sanctionné les travaux. La décision prise par la Fécafoot s’appuie sur plusieurs faits. Le premier est relatif aux «manquements, dysfonctionnements internes ou défaillances constatées de la Lfpc» qui transparaissent à travers la «remise en cause» des résolutions de l’Assemblée générale de la Fécafoot du 25 septembre 2020. Puis, il y a «la cacophonie dans l’organisation des Assemblées générales au sein de la Lfpc». Enfin, l’instance reproche à la Ligue d’avoir organisé «au mépris des statuts et règles de la Fifa, de la CAF, et de la Fécafoot» le match d’ouverture de la saison. Conséquence, les championnats vont reprendre de zéro. Et cette fois, l’organisatrice s’appelle la Fécafoot.

L’instance faîtière avait prévu d’ouvrir la saison ce mardi 10 novembre par un duel de Ligue 1 entre Union de Douala et FC Yaoundé II au stade Omnisports de Limbe. Mais le rendez-vous n’a pas eu lieu. On apprend que des clubs ont souhaité ce report pour donner une chance aux négociations engagées par la FIFA.

La FIFA veut voir clair

La Fédération Internationale de Football Association a convié les deux parties à une réunion en visioconférence ce lundi 9 novembre. «Afin d’avoir une vision complète de la situation avant de pouvoir apporter une recommandation à la Fécafoot sur des bases légales solides», a indiqué la Fifa dans une correspondance signée le 7 novembre. Quelques jours plus tôt, c’est la Confédération Africaine de Football qui écrivait à la Fécafoot pour lui réitérer la «nécessité d’une relation apaisée entra la Fécafoot et la Ligue», et condamner «toutes les défiances qui ont pu être initiées ». Rappelant au passage que «les Ligues ou autres groupements de clubs affiliés à un membre de la CAF sont subordonnés à celui-ci». Ladite visioconférence a finalement eu lieu ce vendredi 13 novembre, après des « problèmes techniques » évoqués le 9 novembre dernier.

Par Jean Luc Fassi

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