Inflation – Luc Magloire Mbarga Atangana: «l’objectif est de repasser sous le seuil communautaire de 3 %»

Dans une interview accordée à Jeune Afrique, le ministre du Commerce révèle qu'il compte mener des consultations régulières avec le secteur privé afin d'harmoniser les prix à la consommation

L’Institut national de la statistique (Ins) a rendu publique sa «Note sur l’évolution des prix à la consommation finale des ménages au Cameroun». Dans ce document, l’Ins révèle que l’inflation s’est établie à 7,4% en 2023. Dans le même rapport, l’organisme chargé de l’élaboration de la statistique officielle au Cameroun précise que cette donnée dépasse largement le seuil de 3% admis dans la zone Cemac. Par ailleurs, ce taux est le 3e le plus élevé enregistré au cours des 29 dernières années, après les taux respectifs de « 32,5% et 9% en 1994 et 1995, à la suite de la dévaluation de 50% du Franc CFA intervenue le 11 janvier 1994 », souligne le statisticien national.

Pour ne rien arranger, l’inflation pourrait davantage se creuser en 2024, au regard des conséquences nées de la dernière augmentation des prix du carburant entérinée le 2 février par une note signée du secrétaire général des services du Premier ministre. En effet, depuis que la hausse des prix du carburant a été officialisée, on assiste à une spéculation sauvage sur les prix de plusieurs biens et services, au mépris de la procédure d’homologation préalable des prix,  qui selon le ministère du commerce «réserve le soin de la saisine de l’administration en charge des prix soit au producteur, soit à l’importateur selon le cas, à charge, par la suite, à la commission centrale des prix d’examiner la demande d’homologation et de soumettre son avis motivé à la sanction du ministre en charge des prix».

baisser l’inflation

Si cette situation perdure, elle pourrait contrecarrer les plans du Cameroun qui souhaite faire passer l’inflation sous le seuil communautaire de 3% en 2024. Pour y parvenir, Luc Magloire Mbarga Atangana, le ministre du Commerce,  envisage d’établir un cadre de concertation entre le gouvernement et le secteur privé afin d’éviter une hausse sauvage des prix. «Nous espérons faire mieux et nous allons travailler en ce sens. Personne, ni l’exécutif ni le secteur privé, n’a intérêt à voir les prix s’envoler. Il s’agit pour le gouvernement, à travers le mécanisme de concertation évoqué, non pas d’imposer un prix mais bien de parvenir, par la discussion, à un juste équilibre entre les contraintes des opérateurs économiques et celles des consommateurs. Une chose est sûre, malgré l’incertitude de la conjoncture internationale, l’objectif est de repasser au plus vite sous le seuil communautaire de 3 %.», a confié le membre du gouvernement à nos confrères de Jeune Afrique.

Le ministre du Commerce mise également sur le renforcement de la politique d’import-substitution. Le maître-mot dans le cadre de cette initiative  est de renforcer la production locale des biens  afin de satisfaire pleinement la demande nationale et ainsi limiter les importations qui ont des répercussions haussières sur les prix à la consommation. A en croire le membre du gouvernement, cette dernière a déjà produit des résultats encourageants depuis son lancement en 2021.  «La stratégie mise en œuvre a permis des avancées notables. Nous sommes exportateurs nets d’huile raffinée, nous répondons largement à nos besoins en eau minérale, nous avons plus que doublé notre production de ciment ces dernières années, tout en développant celle de fer à béton. Nous exportons chez nos voisins des produits frais, mais aussi des biens semi-finis et finis. La margarine est un autre très bon exemple. Quasi-inexistante par le passé, notre production locale couvre désormais les trois-quarts de la consommation nationale».

Vaste chantier

Toutefois le gap à combler reste encore énorme. D’après des données de l’Institut national de la Statistique rendant compte de l’évolution de l’économie camerounaise au cours du second trimestre 2023, le Cameroun  a dépensé 1 325,7 milliards de Fcfa pour importer les biens et services au deuxième trimestre de l’année en cours. Comparé à la même période en 2022, ce chiffre est en hausse de 274,4 milliards de Fcfa (+26,1%) soit une contribution négative de 4,5 points à la croissance du Produit intérieur brut. Par ailleurs précisait l’Ins dans le même rapport «Cette évolution résulte de l’intensification du niveau des importations de biens qui augmentent de 28,6% conjuguée à une hausse des importations de services de 11,3% »

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