Gicam-Ecam : les défis de la future entité

Meilleure prise en compte des problématiques des PME, dialogue public privé, définition d’un nouveau symbole… la réforme du Gicam telle qu’actée par le choix de la fusion création devra faire face à divers chantiers.

 Exit le débat sur la fusion. Sur 329 suffrages exprimés lors de l’assemblée générale extraordinaire  du Gicam le 11 juillet  dernier, 241 adhérents ont  voté pour la fusion avec Ecam et 86 voix contre.  Les avis favorables ont ainsi récolté un suffrage de 73,7 %.  Et comme on pouvait s’y attendre, l’AG  d’Ecam tenue le lendemain a également approuvé à une majorité de 96,7% le traité de fusion signé  le 05 avril 2023 . Avec le Oui exprimé par la majorité des adhérents du Gicam, le nouveau débat est celui de la refondation du mouvement patronal camerounais. Car, l’approbation du processus de fusion par l’assemblée générale du Gicam donne lieu à la naissance d’une nouvelle entité. Celle-ci impose une réforme en profondeur qui devra répondre à de nombreux  défis.

 Un meilleur plaidoyer pour les PME

Avec l’entrée d’Ecam mouvement des PME au sein du Gicam, la représentativité des Petites et moyennes entreprises et moyennes Industries sera plus marquée. Ecam revendique plus de 300 membres. Seulement, le nouveau Gicam devra briser l’image de porte étendard des grandes entreprises et multinationales qui lui est attribuée. Car, malgré l’existence au sein du Gicam d’une Commission chargée du développement des PME, certains lui font le procès d’accorder peu de privilèges à ces entreprises de petite taille qui constituent plus de 90% du tissu économique camerounais. « La voix des PME reste toujours inaudible dans les instances décisionnelles du GICAM. Il faut noter que le taux de syndication des PME au Cameroun représente à peine 1 %. Une refondation devra donc permettre aux PME de passer du statut de l’assistanat à une position d’influence. Par ricochet, cette évolution va sans doute encourager les PME à intégrer le GICAM. Cet axe de la refondation n’est pas une réalité camerounaise, mais une orientation encouragée par les Etats dans le monde en général », estiment Styve Tchachuang  et Charlotte Libog deux responsables de PME.

 Les revendications des jeunes

 En dehors d’une plus grande considération des PME, le nouveau Gicam devra aussi répondre aux attentes des jeunes membres. Un mouvement guidé par Jacques Jonathan Nyemb, le plus jeune membre du conseil d’administration, a d’ailleurs vu le jour. Ce mouvement dénommé «  refonder le patronat » milite pour un nouveau modèle économique et appelle les jeunes entrepreneurs camerounais même de la diaspora à se mobiliser. « Nous devons contribuer à l’émergence d’un nouveau modèle économique, respectueux des principes de justice sociale et de développement durable, mais surtout nous savons qu’un tel modèle ne peut émerger et prospérer que s’il est porté par patronat qui incarne une telle vision transformatrice ainsi que les valeurs de transparence, d’intégrité et de responsabilité qu’elle sous-tend.  Dans de telles circonstances, une nouvelle génération d’entrepreneurs dont je suis le porte-parole a décidé aujourd’hui de prendre ses responsabilités, tant elle est soucieuse de l’avenir de notre pays, de notre économie et de l’entreprise camerounaise », déclarait il y a quelques jours à Douala Joel Sikam porte-parole de ce mouvement.

Faire face aux contestations

La ratification du traité de fusion par l’assemblée générale du Gicam ne met pas définitivement un terme aux actions des contestataires. La nouvelle organisation devra poser ses fondations sur une terre argileuse.  Car, si plus de 2 / 3 des adhérents ont dit Oui à la fusion, 26% ont émis des réserves et font toujours partie du Gicam. D’ailleurs, Emmanuel Wafo, l’un des auteurs d’une démarche auprès de la justice, a clairement indiqué que son combat « ira au-delà de l’AGE ».  C’est pour dire qu’il serait  tôt de parler d’apaisement. Cette nouvelle ère pourrait être teintée d’un climat de tensions et d’oppositions. Surtout que le comité des sages avait donné un avis mitigé sur la fusion.  Richard Howe, président de ce comité  a rappelé à la veille de l’AGE, qu’il avait été recommandé à Célestin Tawamba, de surseoir les activités de fusion et encouragé Ecam à occuper un siège institutionnel au sein du Gicam. Si le débat sur cette option n’a pas eu lieu à l’AG, il n’est pas exclu qu’il soit remis sur la table au moment de  définir les statuts de la nouvelle centrale patronale. C’est autant de dossiers qui devront être gérés, en même temps que les défis liés à l’environnement des affaires, le dialogue public privé etc. Bien plus, on pourrait assister à de nouveaux rebondissements au moment des candidatures à la tête de ladite centrale.

Célestin Tawamba, président du Gicam

« Nous respectons ceux qui étaient contre »

« A l’issue de ce processus  de fusion, nous pensons que les adhérents ont voté à la grande majorité de manière écrasante. Nous respectons ceux qui étaient contre. Nous respectons leurs points de vue. Et ceci nous donne plus de responsabilités pour l’avenir. Nous devons construire ce patronat en tenant compte des plaintes que nous avons entendu, des appréhensions, des peurs mais ça nous donne beaucoup plus de force pour travailler afin que le patronat de demain soit plus fort, plus puissant, plus représentatif. Nous voulons faire de cette nouvelle organisation patronale l’outil, la force de propositions pour adresser les problématiques de l’entreprise, surtout de la PME, ceux-là qui travaillent et qui sont devenus les banquiers des grandes entreprises ; ceux-là qui travaillent et pour lesquels souvent l’administration ne comprend pas toujours leurs problèmes et souvent mettent des textes par embuscade. Nous devons être aux côtés des pouvoirs publics, mener cette bataille pour élargir l’assiette fiscale, pour faire en sorte que les entreprises puissent être plus fortes et que notre économie aussi devient plus forte. »

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