Dans un tout nouveau rapport, le Groupe de la Banque mondiale note des écarts importants dans la rémunération des hommes et des femmes ainsi que l’absence des critères de genre dans les processus de passation des marchés publics dans plusieurs pays du monde.
La dernière édition du rapport Les Femmes, l’Entreprise et le Droit publié début mars par le groupe de la banque mondiale dresse un état des lieux complet des obstacles que rencontrent les femmes sur le marché du travail et de l’entrepreneuriat. Sur l’égalité économique entre les femmes et les hommes, le rapport note que les inégalités entre les deux sexes dans le monde du travail sont bien plus importantes qu’on ne le pensait jusqu’ici. Les femmes bénéficient seulement des deux tiers des droits accordés aux hommes, renseigne le rapport. Dans les 190 économies étudiées, les femmes ne bénéficient en moyenne que de 64 % des protections juridiques dont jouissent les hommes, soit une estimation très en deçà du chiffre de 77 % avancé auparavant. Même les pays dans lesquelles les lois sont favorables à l’égalité, les textes ne sont pas appliqués. C’est le cas du Togo qui arrive en tête du classement en Afrique subsaharienne avec des lois qui confèrent aux femmes environ 77 % des droits reconnus aux hommes, mais qui n’a à ce jour mis en place que 27 % à peine des systèmes nécessaires à leur mise en œuvre complète.
S’agissant de la rémunération, les femmes gagnent 7,7 dollars (4 614 FCFA) contre 10 pour les hommes. Et les inégalités devant la loi se perpétuent jusqu’à la retraite. Selon le rapport, dans 62 économies, l’âge auquel les hommes et les femmes peuvent prendre leur retraite n’est pas le même. En outre, si les femmes vivent en général plus longtemps que les hommes, elles perçoivent des pensions de retraite moins élevées et connaissent une plus grande insécurité financière à l’âge de la vieillesse pour trois raisons. Elles gagnent moins que les hommes tout au long de leur vie professionnelle, doivent l’interrompre ou s’absenter lorsqu’elles ont des enfants, et partent à la retraite plus tôt.
Le rapport relève également des obstacles à l’entrepreneuriat féminin. Par exemple, seule une économie sur cinq impose des critères de genre dans les processus de passation des marchés publics. Conséquence, les femmes sont largement exclues d’une opportunité économique.
Pour Indermit Gill, économiste en chef du Groupe de la Banque mondiale, « Il est plus urgent que jamais d’accélérer les efforts visant à réformer les lois et à adopter des politiques publiques qui permettent aux femmes de travailler ou de créer et développer leur entreprise. ». La résorption de ces inégalités, ajoute -t-il, pourrait augmenter le PIB mondial de plus de 20 % et doubler le taux de croissance mondial au cours de la prochaine décennie.