Exploitation minière : L’arnaque des multinationales

Le secteur minier au Cameroun tarde à décoller malgré l’attribution de plusieurs licences pour des projets importants. Ces retards sont préjudiciables pour les finances publiques tandis que les entreprises minières internationales se remplissent les poches sans exploiter le moindre minerai.


On va finir par croire que les apparitions de Geovic dans l’actualité camerounaise sont cycliques. La dernière fois où il a été question de cette entreprise américaine dans les journaux télévisés nationaux remonte à 2019. Le patron de l’entreprise minière venait alors réitérer à Paul Biya sa volonté de se remettre au travail sur le terrain à Nkamouna, près de Lomié, dans la région de l’Est. Au sortir de l’audience au Palais de l’Unité, Michael Mason, le PDG de la junior américaine, annonçait que son groupe allait mettre la main à la poche et injecter 400 millions de dollars (lire 235 milliards de francs CFA) pour enfin exploiter cobalt, manganèse et nickel. Les Américains promettaient de créer 700 emplois directs, de se plier à l’obligation du transfert des technologies et de former la jeunesse. Pour parfaire la mélodie déjà si douce aux oreilles des autorités camerounaises, M. Mason de louer « le soutien et la patience » du Cameroun dans ce dossier.

La rencontre avec Paul Biya avait été préparée un an auparavant, lors d’une rencontre entre le PDG de Geovic et le secrétaire général de la présidence de la République. L’entreprise minière américaine était portée disparue à l’époque depuis six ans. Entre temps, ses dirigeants essayaient de revendre la concession aux Chinois de Jiangxi Rare Metals Tungsten Holdings Group Company Ltd. Les deux parties ont signé un Memorandum of Understanding le 23 juillet 2013. Au final, l’opération a capoté. Un échec, un autre, dans ce projet visiblement destiné à ne pas se réaliser. Le site web du ministère des Mines classe pourtant le projet de Nkamouna parmi les dossiers dont les travaux sont à « un stade avancé de travaux ». De quoi donner des insomnies à une société civile extrêmement critique et représentée par Eugène Nyambal, un cadre du FMI à la retraite. En 18 ans, le premier coup de pioche pour extraire le moindre minerai reste attendu. Le projet d’exploitation du cobalt, manganèse et nickel est emblématique des difficultés que l’État du Cameroun rencontre dans son ambition d’exploiter pleinement le potentiel minier national.

Le projet d’exploitation de la bauxite de Minim-Martap, non loin de Ngaoundal tourne en rond dans le discours gouvernemental depuis des années. En début d’année, toutefois, le ministre des Mines est descendu sur le terrain avec les experts de Camalco, la filiale de Canyon Resources à qui a été délivré un permis de recherches. Gabriel Dodo Ndoke s’est fait dire que la mine pourrait produire un milliard de tonnes de bauxite sur le site de Minim-Martap. Peut-on dès lors s’attendre à une exploitation commerciale du site à court terme ? Peut-être en 2022 avait avancé le patron de Canyon Resources l’année dernière au moment de signer un protocole d’accord avec l’entreprise Camrail. En cas d’exploitation, Camalco envisage une production de 5 millions de tonnes sur une période initiale de 20 ans. L’entreprise dépenserait alors 6,6 milliards de francs CFA et s’attend à une rentabilité de 37 %. Bien sûr, si le projet se fait.

D’une manière générale, la question minière reste en chantier malgré les bonnes promesses du gouvernement. La prudence des pouvoirs publics au moment de s’engager avec AustSino Resources fin juin est symptomatique d’une meilleure prise de conscience de la difficulté inhérente à l’exploitation du sous-sol national.

Par Jean Omb Njéé

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