BVMAC : des opportunités d’investissements pour les assurances

 En plus des facilités à lever des fonds pour augmenter leur capital, divers fonds  d’investissements alternatifs sont proposés aux assurances notamment dans l’immobilier où le succès marocain est reconnu.

 Dans un contexte de dynamisation de  la Bourse des Valeurs Mobilières d’Afrique Centrale (BVMAC), les assurances ont aussi un rôle à jouer.Leur potentiel est évalué à plus de 300 milliards de FCFA, montant des actifs mobiliers, (actions, obligations et autres titres de créances négociables)   mobilisés par les compagnies d’assurances de la zone CEMAC au 31 décembre 2022.   Ceci  sur   un montant total de 815 milliards de FCFA d’actifs représentatifs des engagements réglementés.  Dans  le même temps, ces compagnies pourraient tirer profit de diverses opportunités que leur offre cette place boursière.

En effet,  à l’exemple de la Société Commerciale Gabonaise de Réassurance (SCGRé), elles pourraient utiliser la BVMAC pour la valorisation de leur capital, devenue une exigence réglementaire.  La loi fixe désormais à  3 milliards de FCFA,  le capital social d’une société d’assurance vie et à 5 milliards pour une société d’assurance non vie.  « Elles peuvent aujourd’hui, comme la SCG ré le faire par appel public à  l’épargne. Et cela permettra à leurs assurés de devenir actionnaires. Les assureurs aujourd’hui  doivent pouvoir  jouer sur deux aspects : émetteur, c’est à dire rechercher des capitaux  sur le marché financier  afin de valoriser leurs fonds propres mais aussi investisseurs», souligne Andrew Gwodog ex ADG de la SCG Ré.

 Des  investissements alternatifs

En plus des opérations  de levée des fonds, des opportunités d’investissements sont présentées aux assureurs de la Cemac. Le nouveau règlement général du marché financier de la sous-région intègre  notamment  des organismes de placement collectifs (OPC), tels que les organismes de titrisation, des organismes professionnels d’investissement (OPI) et les organismes de placement collectif immobiliers (OPCI). DaprèsWilly Heubo, DG Financia Asset Management, en faisant recours aux OPC, les compagnies d’assurance  peuvent investir dans  divers domaines.  Des projets agricoles, des objets d’art, des forêts, l’infrastructure, les titres de créances ; les actions des sociétés non cotées, dans l’immobilier etc.

Les organismes de placement collectif immobiliers (OPCI) sont notamment présentés comme un financement alternatif sûr pour les compagnies d’assurance.  «  Les OPCI  servent à  financer la production d’actifs immobiliers. ça pourrait être des résidences, des centres commerciaux,  un hôpital, une université. Dans la structure, on aura une société de gestion dédiée, le régulateur  a pris le soin de spécialiser les sociétés de gestion par type d’OPC », explique  Willy Heubo au colloque international des assurances et marchés financiers tenu à Douala il y a quelques jours.

Le Maroc enregistre un succès dans ce type de placement, avec plus de 50 OPCI deux ans seulement après avoir lancé le premier. Ceci pour plus de 7 ,3 milliards d’euros  (plus de 4000 milliards FCFA) d’actifs sous gestion.

Interview

 Youssef SALIHI,  expert-comptable Maroc

 «  Les placements dans l’immobilier comportent plusieurs avantages »

Membre de la délégation marocaine au colloque international des assurances et marchés financiers tenu à Douala il y a quelques jours, il revient sur l’expérience de son pays en matière d’Organisme de Placement Collectif Immobilier (OPCI),  présenté comme une opportunité d’investissement pour les assureurs.

Le Maroc est présenté comme une success story en matière d’Organisme de Placement Collectif Immobilier (OPCI). Comment vous êtes-vous organisés  pour  aller sur le marché  financier ?

Tout  a commencé par un cadre juridique.  La loi 70-14 a été  introduite en 2016.  Donc le point  de départ  c’ était  la loi et un autre point crucial c’était aussi d ‘adopter  une approche collaborative  en  intégrant  l’ensemble  des  acteurs du marché tout ceci sous la tutelle de l’organisme équivalent de la Cosumaf. Certes, on a un peu dupliqué le modèle français  qui existait déjà  mais c’était en application  de la loi, avec quelques avancées par rapport  au modèle français.  Deuxième point crucial, la fiscalité.  Le cadre fiscal est très important. Le chiffre   200 millions  d’euros (130 milliards de FCFA) de recettes fiscales   que nous avons présentés,  a  été mobilisé  grâce à un accélérateur  fiscal  très incitatif  qui a fait qu’aujourd’hui l’évolution  des OPCI est remarquable. Le premier OPCI  remonte à 2020 et après deux ans, on dénombrait 52 OPCI au Maroc pour plus de 7 ,3 milliards d’euros d’actifs sous gestion.

Une des inquiétudes des assureurs aujourd’hui c’est sur la fiscalité.  Sous quel régime fiscal avez-vous réalisé ces placements?

Pour les OPCI  il y a un véhicule qui est carrément  défiscalisé. Donc on ne paie pas les impôts.  Seulement,  lors de la redistribution des dividendes. Les chiffres sur la fiscalité  générée  sont liés  aux  opérations  de transfert,  par exemple de propriété entre une personne  physique ou morale vers une OPCI. Il faut payer les droits d’enregistrement de 4% et les frais de conservation  foncière pour  1%. Donc vous avez presque  6% pour le transfert de  propriété, ce qui a fait que les recettes fiscales ont été très importantes.  130 milliards de FCFA (ndlr).

 Quels sont les autres avantages  de ce type d’investissements?

Il n y a pas d’impôt dans l’OPCI lorsqu’on perçoit  le loyer.  L’impôt sera appréhendé  lors de la distribution  des dividendes. C’est un point essentiel. Si vous voulez par exemple faire un apport, le bien que vous avez par exemple acheté en 2010 a une valeur de 10 mille, aujourd’hui il vaut plus. Mais quand vous allez l’apporter,  cette plus-value aussi n’est pas fiscalisée.  Donc il y a pas mal d’avantages fiscaux. L’OPCI a plusieurs avantages.  D’abord c’est un investissement  visible. C’est une valeur qui n’est pas mobilière et donc confère plus de sécurité. L’investisseur reçoit des dividendes en lieu et place de loyer. Il permet d’avoir facilement de la liquidité et on peut facilement le revendre.

  Quels sont les risques ? Est-ce que vous envisagez des cas où des locataires par exemple  ne paient pas de loyer ?

C’est un risque inhérent à l’immobilier locatif mais d’après  ce qu’on voit sur le marché, on essaie toujours de sécuriser  le contrat de bail.  Premièrement, avoir des contrats  d’une durée très longue ainsi on  n’essaiera pas de trouver un locataire dans la foulée, deuxièmement, le locataire doit être de qualité.  Par exemple, une entreprise qui a une bonne réputation. Le troisième point c’est  qu’on s’adresse à des professionnels. Ce n’est pas comme dans le résidentiel où récupérer votre loyer est compliqué.  On est essentiellement dans l’immobilier professionnel. C’est très rare de défaillance de locataires et même quand elle existe elle va difficilement  affecter la rentabilité  de l’investissement. Parce que dans un OPCI vous avez une centaine de locataires, si vous avez 2 défaillances sur 100, ça n’affecte pas le rendement. Donc le risque est très dilué.

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