Transport aérien : Comment Camair-Co vivait sous perfusion du Minfi

Le ministère des Finances a investi plusieurs milliards de francs CFa, pour sortir la compagnie aérienne nationale de la zone de turbulence. en vain.

Eviter le « crash » à tout prix ! Depuis plusieurs années, le gouvernement camerounais à travers le ministère des Finances, ne compte plus les milliards qu’il doit dépenser pour sortir la compagnie nationale de transport aérien, de la zone de turbulence. Comme ce 22 mai 2019, lorsque Louis Paul Motaze a autorisé le déblocage de 1,5 milliard de francs CFA, en faveur de la Cameroon Airlines Corporation (CamairCo). Selon des sources au ministère des Finances, la mise à disposition effective de cette somme s’est faite selon des modalités très précises : un premier virement le 22 mai par la Paierie Générale du Trésor, d’un montant de 500 millions de francs CFA pour permettre à la compagnie aérienne d’effectuer en faveur d’Ethiopian Airlines le paiement de la première tranche de 225 789 884 francs CFA. Puis, il y a ce deuxième virement de 500 millions de francs CFA qui doit avoir été effectué le 28 mai ; et enfin un dernier virement de 500 371 134 francs CFA le 31 mai. Concrètement, ce milliard et demi est ainsi réparti : 530 millions de francs CFA pour la location d’un Boeing 737-500, représentant un mois de déposit et un mois de loyer ; 193 581 250 francs CFA, représentant les frais de location d’un avion de marque Embraer ; 40 millions de francs CFA, représentant les frais de formation de deux équipages sur module Q400 ; 200 millions de francs CFA, représentant la dette due à la société Tradex pour livraison de carburant ; 311 millions de francs CFA, représentant le loyer de la location du mois de mars 2019 dû à la compagnie aérienne Walya ; 677 369 652 francs CFA, représentant la dette due à Ethiopian Airlines.

Ce n’est pourtant pas la première fois que l’Etat procède à ce type d’opération pour permettre à la compagnie nationale aérienne de maintenir son équilibre dans les airs. Le 16 juin 2015 par exemple, l’ancien ministre des Finances de l’époque, Alamine Ousmane Mey, signait une convention de prêts de 25 milliards de Francs CFA avec un pool de banques notamment Ecobank Cameroon, Afriland Firts Bank, Union Bank Cameroon et Commercial Bank of Cameroon, au titre de prêteurs. Un an plus tard, le 25 juillet 2016, le chef de l’Etat Paul Biya validait le plan de restructuration de la compagnie, confié en 2015 à Boeing Consulting. La firme américaine avait demandé à l’Etat camerounais d’injecter 60 milliards de francs CFA pour son redressement. Ce plan proposé par le constructeur américain prévoyait notamment la desserte de 27 destinations nationales, régionales et intercontinentales, l’acquisition de 9 nouveaux aéronefs d’ici 2020 pour renforcer la flotte, l’apurement par l’Etat de la lourde dette de 35 milliards de francs CFA de la compagnie. Rebelote ! « L’étoile du Cameroun » ne brillera toujours pas.

Quand L’Etat paie les salaires à Camair-co

Des milliards, encore des milliards, mais toujours pas de solution définitive pour la compagnie nationale de transport aérien qui survit grâce à l’aide financière de l’Etat, qui a dû baisser le niveau de subvention accordée à l’entreprise en la faisant passer de 22,450 milliards en 2016 à 4,801 milliards en 2018. Si cette dernière année a été jugée « satisfaisante » après avoir aligné des pertes sèches cumulées de plus de 34 milliards de francs CFA entre 2015 et 2017, la CamairCo est de nouveau entrée dans une zone de turbulences dès janvier 2019. Les experts de l’aéronautique expliquent que l’entreprise doit cela à « une instabilité sur le plan organisationnel mais aussi à de nombreuses charges moins compressibles et parfois non maîtrisées par le top management ». Tenez, la flotte est entièrement clouée au sol (cinq aéronefs sur six) pour diverses pannes, non sans oublier la fermeture des destinations africaines. Le chiffre d’affaires de la compagnie a baissé au point où, le ministre des Finances a dû intervenir cette année en payant les arriérés des salaires [de février et mars 2019, Ndlr] au personnel de l’entreprise qui annonçait un mouvement d’humeur en guise de revendications. Mais à Camair-Co, il y a comme un nouveau souffle depuis les changements opérés à la tête de l’entreprise le 27 mai dernier. Une nouvelle équipe dirigeante a été nommée à l’issue du Conseil d’administration tenu ce jour-là. Et quatre jours plus tard (le 1er juin, Ndlr.), l’entreprise a annoncé l’entrée en service d’un nouvel aéronef du type « Embraer ERJ-145LR de 50 places » au sein de sa flotte.

Par Arthur Wandji

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