Revalorisation du Smig: Les propositions des syndicats face aux mesures d’accompagnement sollicitées par les organisations patronales

Au terme des consultations menées de concert avec le ministère du Travail et de la sécurité sociale (Mintss) , les organisations syndicales ont opté pour un montant plancher de 100 000 FCFA. Pour l’appliquer, les organisations patronales réclament des mesures de compensation

Le smig va connaitre une seconde augmentation

Annoncée le 2 février 2024,  en guise de mesure d’accompagnement visant à réduire l’impact de la hausse des prix des carburants sur le pouvoir d’achat, la revalorisation du salaire minimum interprofessionnel garanti (Smig) a été enclenchée lundi 19 février 2024. Réunis autour du ministre du Travail et de la sécurité sociale (Mintss), les organisations syndicales, comme c’est l’habitude dans ce genre de processus, ont formulé des propositions qui seront par la suite évaluées par le gouvernement, qui à la fin va proposer une revalorisation qu’elle estime soutenable. Lesdites organisations proposent un Smig à 100 000 FCFA. «Tout a augmenté au niveau des marchés. Mais aucune mesure d’accompagnement n’est prise. Le ministre a dit qu’il a reçu tout ce que nous avons proposé comme mesures d’accompagnement à l’instar de la mesure d’augmentation des salaires. Nous,  nous avons demandé un Smig à 100 000 Fcfa», a déclaré Louis Pierre Mouangue, président de confédération des syndicats autonomes du Cameroun.

Raisons

La proposition des syndicats n’est pas nouvelle. Lors du dernier réajustement du Smig qui a été opéré en mars 2023, elle était déjà leur suggestion phare. A l’époque ces derniers estimaient qu’un montant plancher de 100 000 FCFA est la  seule alternative viable pouvant permettre au travailleur moyen de vivre décemment.«Nous les travailleurs, nous proposons que le Smig soit à 100 000 Fcfa. Pas parce que nous partons dans l’air. Nous nous fondons  sur deux paramètres. Le premier paramètre c’est ce qu’une personne, prise seule doit avoir en un mois, pour pouvoir vivre au niveau du seuil de pauvreté. Nous partons des statistiques fournies par l’Institut national des statistiques (INS) qui disent qu’un pauvre au Cameroun a besoin de 931 FCFA pour vivre. L’Ins dit également qu’une famille moyenne au Cameroun a 4,5 personnes. Si on prend 25 et qu’on le multiplie par 4,5 et 931 Fcfa ça donne 104 000 FCFA. Partant de cela, nous avons estimé qu’un Smig à 100 000 Fcfa en moyenne est le meilleur», indiquait la confédération susmentionnée.

Finalement, face au désaccord observé entre l’Etat  et les syndicalistes, le Premier ministre a rendu public un décret qui consacrait trois Smig distincts. Un Smig pour les agents de l’État relevant du Code du travail qui est passé de 36 270 FCFA à 41 875 FCFA. Un autre pour les employés du secteur agricole et assimilés, qui ont vu leur Smig passer de 36 270 FCFA à 45 000 FCFA. Quant au dernier montant fixé à 60 000 FCfa pour la catégorie réservée aux «autres travailleurs» , il a été obtenu de haute lutte par les syndicalistes. «ayant constaté le blocage du gouvernement, conscient des enjeux de l’heure et dans l’espoir d’aboutir à un dénouement harmonieux, ont décidé, après concertation bipartite, de surseoir à la proposition de l’intersyndicale du Smig à 100 000 FCFA/mois, et de s’aligner à celle du Smig à 60 000 FCFA/mois soutenue par deux organisations patronales, à savoir le Gicam et Ecam», indiquait le Cameroon Workers Forum qui a appelé à une grève pour obtenir du gouvernement cette proportion de hausse.

Compensation

Toutefois, les hésitations du gouvernement à adopter le montant plancher de 60 000 étaient certainement  dues à la teneur des mesures de compensation qu’il devait mettre en œuvre pour contenter les organisations patronales qui sollicitaient, par exemple, la fin de la politique d’homologation des prix.  Cette fois encore, convoquant les répercussions de la crise russo-ukrainienne et de la pandémie de Covid-19 qui ont eu une incidence négative sur leurs activités, ces dernières, qui ne sont pas opossées à une revalorisation du Smig, réclament des allègements, voire des exonérations fiscales. « Nous avons parlé avec le ministre du Travail et nous lui avons dit que les industries vont devoir avoir les compensations parce que le coût des charges aujourd’hui pour les industries devient étouffant et on a décidé de continuer des discussions  mais par filière. Parce que vous avez des filières qui sont plus sinistrées que d’autres. Nous avons le souci de l’augmentation du transport. Si on veut véritablement que le socle du développement (et dont l’industrie en est le fer de lance) soit vive, il va falloir des mesures d’accompagnent», a déclaré Samuel Kondo, président du Syndicat des industries du Cameroun.

Au terme des travaux, les différentes parties ont préconisé un approfondissement des réflexions par type de filière. Mais avant le début des concertations, des sons discordants se font entendre. L’Union générale des travailleurs du Cameroun (UGTC) d’Isaac Bissala, ne soutient pas l’éventualité d’un Smig à 100 000 Fcfa. A en croire le syndicaliste, cette proposition ne tient pas compte des répercussions sur les entreprises qui verraient leurs charges croître. Il est également persuadé qu’elle fait fi des dispositions de la convention n°131 de l’OIT concernant la fixation des salaires minima.

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