« L’Etat tient ses promesses à travers le Bureau de Mise à Niveau »

Chantal Elombat Mbedey, Directrice générale du Bureau de Mise à Niveau (BMN)

Présente au récent Salon International de l’Entreprise, des PME et du Partenariat (Promote) samedi dernier à Yaoundé, Chantal Elombat Mbedey a mis en vitrine le rôle du BMN dans la politique du gouvernement en matière de transformation structurelle de notre économie

Qu’est-ce qui a justifié la présence du Bureau de Mise à Niveau à Promote 2022 ?

Il fallait bien que le Bureau soit présent et qu’il se fasse connaître davantage des entreprises. C’est la raison pour laquelle nous avons accompagné dix entreprises à ce Salon. C’est-à-dire que le Bureau de Mise à Niveau leur a offert des stands afin qu’elles montrent aux camerounais ce qu’elles savent faire. Il fallait montrer à travers cet accompagnement et cette présence à Promote, ce que le Bureau de Mise à Niveau peut faire dans le cadre de ses missions. Durant cette édition de Promote, le Bureau a reçu la visite de plusieurs entreprises et autres visiteurs. Nous avions un registre dans lequel les chefs d’entreprises ont pu s’enregistrer et exprimer leur besoin d’adhérer à notre Programme. Ces derniers ont d’ailleurs eu l’occasion de discuter tous les jours avec nos experts sur place dans notre stand. Nous avons une trentaine d’entreprises qui ont fait la demande d’adhérer à notre Programme National de Mise à Niveau. Nous allons nous réunir et voir quelles sont celles qui sont éligibles. Nous avons des critères. Le premier, c’est le chiffre d’affaire : 35 millions minimum de chiffre d’affaire par an pour l’entreprise qui veut une mise à niveau spécifique ; 50 millions de chiffre d’affaire pour celle qui veut une mise à niveau globale. L’autre critère, c’est le secteur d’activité ; nous sommes vraiment dans le secteur de la transformation. Il faut également être en règle avec le fisc et que dans le chiffre d’affaire, que la moitié soit issue d’une activité de transformation. Il faut aussi que l’entreprise ait au moins deux années d’existence.

Quelques années après sa mise en activité, quel bilan pour le Bureau de Mise à Niveau des entreprises ?

Le Bureau de Mise à Niveau a été créé en 2011 par un acte du Premier ministre chef du gouvernement en prélude à la signature de l’Accord de Partenariat Economique (APE) pour préparer nos entreprises à vivre cette zone de libre échange instituée par l’APE entre la zone de l’Union Européenne et le Cameroun. Initialement, l’Accord de Partenariat Economique avait été pensé pour regrouper tous les pays de l’Afrique centrale. Mais n’ayant pas véritablement abouti au cours de la période requise, seul le Cameroun a signé cet Accord. Donc, il était de bon ton pour le gouvernement camerounais de créer un organisme qui puisse préparer les entreprises au commerce avec l’Union Européenne. Et qui dit commerce avec l’Union Européenne dit préparation de nos entreprises en terme de quantité, mais également de qualité. Parce que dans le monde, les normes européennes sont les plus pointues. Voilà comment le Bureau de Mise à Niveau entre en œuvre. Le directeur général est nommé en 2012 et les activités du Bureau sont lancés en fin 2013.A ce jour, près de 800 entreprises ont fait la demande d’adhésion au Programme National de Mise à Niveau des Entreprises que nous mettons en œuvre. Malheureusement, toutes ne peuvent pas satisfaire aux critères qui sont les nôtres. Nous avons fait des pré diagnostics dans plus de 300 entreprises et nous accompagnons effectivement à la mise à niveau, environ 200 entreprises dans les onze secteurs de l’économie que le gouvernement a bien voulu identifier pour nous. Ces secteurs concernent l’agroalimentaire, le textile, le bois, le BTP, la mécanique, la sidérurgie, l’électricité et ses dérivées, la chimie, le cuir et chaussures, la métallurgie, les services liés à l’entreprises etc.

De tous ces secteurs, celui qui rejailli le plus, c’est celui de l’agroalimentaire. Concrètement madame le directeur, à quoi renvoie la mise à niveau d’une entreprise ?

La mise à niveau consiste à prendre une entreprise à un stade précis. Cette entreprise a des faibles et quelques forces. Mais il y a des opportunités qui peuvent s’offrir à elle, tout comme il ya également des menaces qui planent. La mise à niveau revient à étudier avec cette entreprise, les faiblesses, les menaces, les forces et les opportunités, pour ensuite lui proposer des solutions pour pallier à ses faiblesses et des solutions aussi, susceptibles de lui permettre de relever ses forces et rentabiliser les opportunités qui se présentent. C’est tout cela que nous appelons le Plan de mise à niveau. Lorsque ce Plan est bien appliqué, l’entreprise commence à obtenir de bons résultats en termes de chiffre d’affaire qui augmente, et de capacité à employer plus de personnels.

Comment est-ce que le Bureau procède pour faire adhérer les entreprises à son Programme National de Mise à Niveau ?

Nous faisons beaucoup de sensibilisation, beaucoup de communication. Le marché en lui-même est de plus en plus regardant sur la qualité des produits qui circulent. On se rend bien compte aujourd’hui que les donneurs d’ordre exigent que les produits soient certifiés. Beaucoup d’entreprises l’ont compris et c’est pourquoi elles ont recours à nous. Nous formons aussi beaucoup de consultants qui nous aident ensuite à accompagner les entreprises. Seulement, il faut rappeler que la mise à niveau est volontaire. Nous essayons de sensibiliser les entreprises sur la nécessité d’être mise à niveau. Et celles qui ont déjà compris les enjeux et le bien fondé de cette transformation viennent vers nous. Cette année par exemple, nous avons accompagné près de 15 entreprises à toutes les certifications confondues notamment en ISO 9001version 2015, ISO 14001, ISO 22000 et ISO 45000. Ce sont les normes usuelles pour lesquelles les entreprises viennent à nous. Mais le Bureau de Mise à Niveau est capable d’accompagner les entreprises pour n’importe quelle norme. Nous nous proposons pour les années à venir d’accompagner les entreprises aussi dans les normes camerounaises que l’Agence des Normes et de la Qualité (Anor) élabore. Je sais que les entreprises achètent les normes, mais entre acheter une norme et la mettre en pratique, il y a une grande différence. Il faut un outil comme le Bureau de Mise à Niveau pour montrer aux entreprises comment une norme peut être mise en œuvre pour le bien des consommateurs.

Le Bureau de Mise à Niveau a aussi souvent remis des chèques à certaines entreprises. A quoi est-ce que cela correspond ?

Nous avons trois ou quatre activités phares : nous faisons du pré diagnostic et on s’assure que l’entreprise est éligible à la mise à niveau. Lorsqu’elle est éligible, nous envoyons des experts et des consultants qui vont vivre au sein de l’entreprise pendant un certain temps et ensuite élaborer un Plan de mise à niveau de l’entreprise. Ce Plan qui peut être un plan de mise à niveau ou de restructuration se présente en deux parties : une partie d’investissement immatériel et une partie d’investissement matériel. Le plan d’investissement immatériel est financé à 80 % par le Bureau de Mise à Niveau et à 20 % par l’entreprise. Maintenant, en ce qui concerne le plan d’investissement matériel, il est financé à hauteur de 80 % par l’entreprise et 20 % par le Bureau de Mise à Niveau. Les chèques que nous remettons représentent les 20 % surinvestissement matériel. C’est un encouragement que le gouvernement a souhaité donner aux entreprises qui font l’effort d’avoir des équipements adéquats qui leur permettent de produire plus. Il faut cependant préciser que ces 20 % de financement sont plafonnés à 50 millions de F CFA. Nous médiatisons cela pour montrer aux entreprises que le gouvernement tient ses promesses.

Quels sont les défis qui se présentent au Bureau de Mise à Niveau ?

Le premier défi consiste à davantage se faire connaître par les entreprises. Nous avons d’ailleurs fait une étude sur laquelle est véritablement notre cible. Et cela a abouti sur la mise en place d’un plan de communication. On n’a pas encore atteint toute notre cible. La deuxième chose, c’est qu’il faut que les entreprises cibles soient véritablement conscientes de ce qu’on leur apporte. Qu’on ne soit plus derrière les entreprises à leur rappeler ce qu’elles ont à faire. Et espérer que dans un avenir proche, le gouvernement soit content de ce qu’on peut consommer camerounais.

Justement madame le directeur, le cadre de référence de l’action gouvernementale, la SND30 parle de transformation structurelle de l’économie en mettant en avant l’import-substitution. Quel est le rôle que le BMN peut jouer dans cette stratégie ?  Le Bureau est en plein dans son rôle ; nous ne nous occupons que des entreprises du secteur de la transformation. En accompagnant les entreprises, nous sommes presque sûrs que dans les années qui viennent, notre pays va de moins en moins importer des produits que nous avons sur place. Et on pourra retrouver l’équilibre de notre balance commerciale. Le Bureau de Mise à Niveau se positionne un peu comme un acteur central de la transformation structurelle de notre économie. A ce titre, il serait bon que cette outil soit utilisé comme tel et qu’il n’y ait pas une foultitude d’autre outils qui disent faire la même chose sans avoir l’expertise nécessaire du Bureau de Mise à Niveau.

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