«Après la stabilisation des salaires qui étaient irréguliers, nous nous sommes attaqués à la grosse dette fiscale». Ces mots sont ceux d’Oyono Bika Pierre Nolasque, directeur général de l’Imprimerie nationale, porté à cette fonction en juin 2023. Le dirigeant répondait ainsi aux questions de nos confrères de la CRTV, venus s’enquérir de l’état d’avancement de certains chantiers prioritaires dont la conclusion positive conditionne la relance optimale de l’imprimerie nationale, devenu un établissement public à caractère spécial en 2023, à la faveur d’un décret du président de la République. Si l’on se réfère à son discours, la question des salaires, dont l’irrégularité a poussé le Syndicat des industries polygraphiques du livre et assimilés du Mfoundi (Siplam) a observé plusieurs mouvements de grève ces deux dernières années est désormais sous contrôle. Toutefois, si Oyono Bika Pierre Nolasque est peu disert concernant la régularité des salaires mensuels, il fait également preuve de la même circonspection concernant les arriérés de salaire des années 2021 et 2022. En effet, en avril 2022, au plus fort de la grève des employés, ces derniers réclamaient 4 mois d’arriérés de salaires, quand d’autres indiquaient qu’en 2021, ils «sont passés à la banque 3 fois seulement».
Chantiers
Oyono Bika PierreNolasque révèle avoir également engagé des négociations avec la Caisse nationale de prévoyance sociale (Cnps) et la direction générale des Impôts pour le règlement des dettes fiscales et sociales. A en croire ce dernier, les discussions sont en bonne voie. De son propre aveu, il s’attèle également à galvaniser les employés épuisés par des années de précarité financière, malgré la vétusté de l’ensemble de l’appareil de production. «Les négociations sont en bonne voie avec la Cnps et la direction générale des Impôts pour permettre une bouffée d’oxygène financière. Les problèmes liés aux équipements ne sont pas du reste. L’état d’esprit du personnel lui aussi, est un des grands chantiers. Démotivés aux départs, démobilisés, les efforts sont en train d’être fait au quotidien pour les remobiliser. Nous avançons méthodiquement, et avons bel bien espoir d’y arriver», a-t-il déclaré.
En réorganisant l’Imprimerie nationale en 2023, le président de la République lui a assuré le monopole de la production des documents nécessaires au fonctionnement des administrations publiques et de l’édition des textes à caractère législatif et réglementaire. Oyono Bika PierreNolasque précise que la mission de l’Imprimerie nationale s’étend désormais à l’édition du journal officiel et à la sécurisation des documents. Cette réorganisation est également une invitation, précise le directeur général de cette structure plus que centenaire, à aller conquérir des parts de marché dans le secteur privé. Réaliste, il rappelle cependant que, s’acquitter de ces nouvelles missions, nécessite au préalable, la modernisation du plateau technique et la constitution d’un important stock d’instants. «Le monopole dans la production ne nous dispense pas du stress. Pour être à la hauteur de ce monopole il faut prendre en compte un certain nombre de paramètres. Notamment notre plateau technique, l’approvisionnement en intrants et bien d’autres éléments. En d’autres termes, ce n’est pas tant le monopole qui cause le stress de la concurrence, c’est notre capacité à orchestrer notre facteur de production. De ce point de vue, nous avons la volonté de mettre en place des stratégies d’optimisation de ces facteurs de production», a-t-il déclaré.
Perspectives
En attendant la mise en branle de ces différentes stratégies, Oyono Bika PierreNolasque, fait l’économie des initiatives qui sont cours d’implémentation. «Il y a la constitution d’un stock de marchés et de pièces de rechange. Je voudrais dire la constitution d’un stock d’intrants et de matières premières Il y a également des textes qui sont en développement. Il y a tout d’abord l’organigramme qui a été validé par le conseil d’administration, il y a également la directive de la gestion des marchés, vous savez que nous ne dépendons plus du code des marchés publics.IL y a bien d’autres chantiers qui sont déjà en marche», a-t-il indiqué.
Pour mémoire, la situation financière de l’imprimerie nationale «reste préoccupante» selon le rapport 2020, de la CTR sur la situation des entreprises publiques. «L’imprimerie nationale n’arrive pas à honorer ses commandes, car le magasin de papiers est constamment vide, le parc des machines à petit format est passé de dix à quatre, certaines machines ont plus de trente ans d’âge. A contrario, les commandes explosent et ont atteint un chiffre de 7 milliards FCFA en 2018. Mais, l’entreprise n’a pu honorer ses commandes qu’à hauteur de 3 milliards FCFA», indiquait l’ancien directeur Walter Paul Komo.