Fidèle aux prescriptions du président de la République, la loi de finances 2024 en vigueur depuis le 1er janvier, est tournée vers la recherche de procédés pouvant permettre d’accroître les ressources publiques. De nouvelles taxes, parfois impopulaires (nouvelles mesures fiscales sur les salaires, ndlr) ont ainsi vu le jour, tandis que certaines, qui étaient déjà en application lors du précédent exercice budgétaire vont devoir subir un aménagement dans leur mise en œuvre, afin de renforcer leur rentabilité. C’est notamment le cas des prélèvements effectués lors de l’apposition des visas sur les contrats des travailleurs de nationalité étrangère. Le ministère de l’Emploi et de la formation professionnelle (Minefop) veut quadrupler les recettes issues de cette niche fiscale. Ce département ministériel souhaite ainsi passer d’une enveloppe de 5 milliards en 2023, à des recettes de l’ordre de 20 milliards cette année.
Pour ce faire, le Minefop compte poursuivre, et surtout démarrer un peu plus tôt, le recensement des travailleurs de nationalité étrangère au Cameroun. Cet appel à la rigueur et à l’efficacité a été plusieurs fois scandé lors de la 3e session du comité de travail chargé d’élaborer et d’actualiser le fichier des travailleurs de nationalité étrangère au Cameroun. Cette année, la touche particulière que le gouvernement souhaite apporter à cette initiative est le recrutement d’un expert. «Il faut mettre en place un fichier qui renseigne sur l’ensemble des étrangers qui résident dans notre pays. Jusqu’à présent, nous n’en avions pas; c’est une anomalie. C’est pour ça donc que le gouvernement a pris la décision de mettre en place cette structure-là, un cocontractant, un expert qui pendant trois ans, doit nous dire le nombre des étrangers, dire quelle est leurs origines, leur capital-savoir et leurs salaires», a confié Issa Tchiroma à nos confrères de la Crtv. Afin de faciliter le déploiement des agents de terrain, Issa Tchiroma, le ministre de l’Emploi et de la formation professionnelle, a solennellement remis des véhicules aux responsables des services centraux et déconcentrés du MINEFOP. Il a également invité les chefs d’entreprises à se conformer à la loi en introduisant des demandes de visas pour les travailleurs étrangers recrutés dans leurs structures.
Toutefois, ce n’est pas la première fois que le Minefop fait preuve d’autant d’enthousiasme dans la collecte de la taxe susmentionnée. En 2023, malgré un important déploiement, il n’a réussi qu’à collecter 5 milliards de FCFA, sur des objectifs de collecte de 14 milliards de FCFA. Pour mémoire, c’est lors du précédent exercice budgétaire que le gouvernement a décidé d’instaurer une taxe au titre des frais de visa de travail apposé sur les contrats des travailleurs de nationalité étrangère. Dans le détail, le texte qui accompagnait cette nouvelle mesure indiquait que «Le prélèvement susvisé est fixé à l’équivalent de deux mois de salaire et traitement brut pour les travailleurs non africains ; d’équivalent d’un mois de salaire et de traitement brut pour tout travailleur africain, avec abattement de 50% »