Ni John Fru Ndi : Une fin en ré-mineur

L’homme qui a fait rêver les partisans du changement au Cameroun en manquant de peu de détrôner Paul Biya en 1992, laisse un parti en lambeaux.

Fru-Ndi et-Biya, avaient fini par arrondir les angles de leur relation

« J’ai joué mon rôle, il est temps pour moi de me reposer». Ce sont les derniers mots de Ni John Fru Ndi avant son dernier soupir, selon le site internet lebledparle.com. A 82 ans sonnés, le leader historique du Social democratic front (SDF) a de quoi se contenter du chemin politique parcouru : 33 de combat dans l’opposition, pour l’alternance, pour le « Power to the people». Sauf que l’homme qui était tout près de la Terre promise en octobre 1992 (35,9% derrière Paul Biya à 39,9%), ne l’a pas vue 31 après. Tout comme le Chairman ne connaîtra pas son successeur à la tête de son parti. Lui qui le 11 février 2021, annonça sa retraite politique. Joshua Osih le premier vice-président du parti, est bien parti pour succéder au Chairman en juillet prochain lors de la convention élective du parti, qui bouclera le processus de renouvellement des organes dirigeants du parti. Cependant, même si le chairman a balisé le terrain pour son poulain préféré, en neutralisant tous les concurrents et leurs affidés, le leader charismatique d’hier laisse un parti en lambeaux. L’avenir du SDF s’annonce en pointillés.

Les derniers mouvements dissidents en interne n’augurent pas des lendemains reluisants pour le parti du 26 mai 1990. La défection du G27+ (un groupe de cadres à la tête duquel se trouvent l’ancien secrétaire général Jean Tsomelou et le député Jean Michel Nintcheu), a fini d’exposer ce qu’il reste du projet « Pouvoir au peuple». Le G27+ constitue le cercle des derniers militants et dirigeants de la première heure. La presque totalité des pères fondateurs ayant quitté le navire, sous l’échafaud du 8.2. Cet article des statuts parti qui « auto-exclut» les militants coupables d’actes jugés contraires aux fondements de l’organisation. Ces dissidents de la dernière, tout comme d’autres aujourd’hui décédés tels Joseph Mbah Ndam, n’avaient déjà pas accordé leurs violons avec l’homme de Ntarinkon en 2018, lorsque ce dernier, du fait d’une santé précaire, ne put s’engager dans la course pour la présidentielle et proposa Joshua Osih pour les besoins de la cause. C’était le début de la de la guerre de transition qui est allée grandissante. Ainsi, Joshua Osih prendra la tête d’un parti dépouillé de ses principales racines. Coupé déjà qu’il est depuis fin 2016, de son fief électoral par une guerre que livrent des combattants séparatistes contre le régime de Yaoundé.

Radicalisme contre collaboration

Sur le terrain, le déclin du parti est réel. Le parti a perdu sa position de leader de l’opposition. Lors de la présidentielle de 2018, le SDF a perdu sa 2ème place d’antan, en se classant 4ème rang, au profit du MRC de Maurice Kamto, et l’Univers représenté par Cabral. Poursuivant ainsi sa chute libre en cours depuis plusieurs années. En effet, après avoir récolté 43 députés en 1997, le SDF qui avait boycotté les législatives de 1992, avait perdu du terrain en 2002, avec seulement 22 sièges. En 2007, le parti de la balance avait encore reculé à 16 députés, avant de remonter légèrement à 18 en 2013. Mais en 2020, la crise séparatiste qui sévit dans les régions du Nord-ouest et du Sud-ouest, a joué sa partition, pour réduire le parti à 5 députés. Et le seul sénateur dont dispose le parti du 26 mai 1990, est nommé par le président de la République. Une grande première. Une preuve pour le G27+ que « John Fru Ndi a vendu le parti au Rdpc». Le mouvement estime que « le SDF est devenu un parti de la majorité gouvernemental». Dans la foulée, le G27+ qui milite pour « un retour au SDF originel» et donc au radicalisme qui a fait la force du parti à sa création, a attaqué Fru Ndi et compagnie en justice, pour détournements de fonds. Le Chairman, lui, a opté désormais pour la « collaboration » avec le pouvoir. Après s’être débarrassé de ces lieutenants devenus gênants, a recruté de nouveaux cadres dans la société civile. La suite se fera sans l’homme de Ntarinkon qui sera déjà le grand absent du rendez-vous électoral au sein du parti.

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