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Mircro-finance : des techniques pour optimiser le recouvrement

 Des juristes et agents de recouvrement des Établissements de micro-finance étaient réunis à Douala dans le cadre d’un forum visant à mieux les outiller sur la gestion des crises d’impayés.

 Comme dans le secteur bancaire où on note un fort taux de créances douteuses,  le secteur de la micro finance aussi est sous la menace des risques de crédit. La maîtrise et le contrôle des impayés constituent aujourd’hui des enjeux majeurs de la performance et de la pérennité de ces institutions financières.

Il existe pourtant un cadre juridique et réglementaire accompagné de bonnes pratiques autour de l’activité de micro-finance. Ces derniers prévoient des mécanismes visant à  prémunir les établissements de crédit et de micro-finance contre les risques de crédit pouvant déboucher sur des impayés. Mais,  leur mise en œuvre pose parfois des problèmes qui tendent plutôt à desservir l’établissement de crédit ou de micro-finance. C’est pour revisiter ces textes et trouver des astuces de protection  qu’un forum a été organisé à Douala  du 20 au 21 Février 2024.  Cet évènement initié par Micro finance Academy a  réuni des agents de recouvrement et des juristes opérationnels  pour échanger sur comment optimiser le recouvrement de crédit par des techniques et astuces innovants en évitant les pièges des procédures et des emprunteurs véreux.

 Y ont pris part, des chefs de département juridique et contentieux ; managers/chefs d’agence/superviseurs ; agents de recouvrement ; juristes opérationnels auditeurs, inspecteurs, contrôleurs. Ils ont été formés sur  les techniques et astuces de recouvrement ;  les ratios et indicateurs clés de la qualité du portefeuille de crédit et balance âgée, l’acte uniforme OHADA etc. Au bout, chacun d’eux devrait être capable de maîtriser les profils les plus récurrents des emprunteurs délinquants ; maîtriser les techniques, astuces et règles de base à adopter à chaque profil de client en impayé pour réussir une action de recouvrement ; maîtriser le calcul des ratios prudentiels COBAC et des ratios analytiques de la qualité du portefeuille de crédit et faire la différence. De même, savoir quand et comment privilégier le recouvrement à l’amiable ou le contentieux.

Réactions

 David KUATE,  expert judiciaire

 « Le personnel qui s’occupe du processus de crédit doit  être bien formé »

«  Le crédit aujourd’hui est l’un des produits essentiels pour une institution financière. Le crédit consiste à prendre de l’argent déposé par d’autres clients dans des comptes à vue ou à terme pour les mettre à disposition d’autres clients qui ont besoin de financement sous forme de crédit. Et à ce titre, il est utile que le personnel qui s’occupe de ce processus de crédit soit bien formé. Depuis l’ouverture du compte jusqu’au recouvrement. Parce qu’à l’ouverture du compte, généralement, il faut identifier formellement le client. Quand c’est une personne physique, est-ce que la carte d’identité est valide ? Quels sont ses noms ? Où est-ce qu’il habite ? Qu’est-ce qu’il fait comme activité ? Quelle est la localisation de son domicile ? De son lieu d’activité etc. Maintenant, en ce qui concerne la mise en place du crédit, c’est le client qui sollicite le crédit. Et la loi du 24 décembre 2019 prévoit désormais que lorsque le client demande le crédit, ce n’est pas à lui de choisir le type de crédit, c’est à la banque, à l’institution financière ou à l’institution de microfinance d’analyser en fonction de son activité si un encours peut lui être accordé. Si c’est un employé, par exemple, il peut avoir besoin d’acheter un petit équipement, peut-être un réfrigérateur, une télévision. Il peut avoir besoin de l’argent pour achever peut-être une ouvrage qu’il a commencé. Il peut avoir besoin du presse-courrière ou d’une avance sur salaire. Quand c’est, par exemple, un auto-entrepreneur, il peut avoir besoin de renforcer son fonds de roulement ou d’autres types de crédits. Et la loi aujourd’hui oblige le client qui sollicite un concours à fournir un certain nombre d’informations sur lui-même et son activité. Il y a également les obligations qui incombent à l’institution financière. Essentiellement dans l’analyse, est-ce que ce client a des capacités d’autofinancement ? Quelle est la capacité d’endettement de ce client ? En d’autres termes, quelles sont les autres capacités ? Quelles sont les institutions, les autres personnes physiques ou morales auprès desquelles ce client a des engagements ? Donc il y a une batterie de ratios qui sont calculés. C’est une obligation dans la loi du 24 décembre 2019. Le banquier ou l’institution financière doit vérifier ces informations. En plus, pour recueillir les garanties également, il est fait obligation à l’institution financière de remettre d’abord au client les précontrats, que ce soit le contrat de gage, que ce soit le contrat de cautionnement, le contrat d’hypothèque afin qu’avec son conseil, il puisse comprendre les tenants et les aboutissants avant de s’engager.»

David KENGNE, expert financier

 « Le taux d’impayés dans les institutions financières est très élevé »

« Il y a un constat qui a été fait dans la zone cemac en général et au Cameroun en particulier : le taux d’impayés dans les institutions financières, plus particulièrement les banques et les microfinances, est très élevé. Certaines statistiques situent le taux d’impayés des crédits entre 20 et 40%. Ce qui est grave. Parce que si le client ne rembourse pas, l’institution financière n’aura plus de ressources pour accorder de nouveaux crédits. Et nous savons que c’est le crédit qui crée la richesse. Les acteurs des micro-finances ne sont plus encouragés à accorder des crédits dans ces cas-là. Sur la base de ce constat, nous avons pensé qu’il était important de réunir les professionnels de la microfinance pendant deux jours, pour échanger avec eux sur les enjeux et les défis du recouvrement des EMF en zone cemac en général et au Cameroun en particulier. L’objectif  est d’outiller les professionnels pour pouvoir identifier les signes annonciateurs d’un impayé chez un client, lors d’une visite ou d’un entretien d’analyse de crédit. Mais aussi, maîtriser le profil des clients en impayés. Parce que lorsqu’un client tombe en impayé, il faut distinguer celui qui coopère et celui de mauvaise foi. Lorsqu’on analyse un dossier de demande de crédit, la première garantie du crédit c’est l’activité. Elle doit être rentable, licite, opérationnelle. »

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