On en sait un peu plus sur l’emprunt obligataire 2023 de l’Etat du Cameroun. Et comme Défis Actuels l’écrivait la semaine dernière, l’emprunt obligataire du mois de juin courant que le Cameroun entend émettre sur le marché financier sous-régional de la Cemac, après obtention du visa de la Commission de surveillance du marché financier, est de 150 milliards de FCFA contrairement aux prévisions de départ de l’Etat qui étaient de 200 milliards de FCFA.
Hier, mercredi 14 juin, au cours d’une conférence de presse, le ministre délégué auprès du ministre des Finances Yaouba Abdoulaye, a apporté des explications sur cette opération dénommée « ECMR 2023 », qui s’étale sur la période du 13 au 30 juin 2023. Selon le ministre délégué auprès du Minfi, cet emprunt obligataire, subdivisé à tranche multiple, « est constitué de 15 000 000 FCFA obligations d’une valeur de 10 000 FCFA ». Les obligations y afférentes, explique Yaouba Abdoulaye, seront inscrites à la cote de la Bourse des valeurs mobilières d’Afrique centrale (Bvmac).
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La première tranche de cette opération est constituée d’un montant de 40 milliards de FCFA, avec un taux d’intérêt de 5,8% et dont la maturité est étalée sur trois ans. La seconde tranche est également de 40 milliards FCFA, mais d’un taux d’intérêt de 6% et la maturité de 4 ans. La troisième tranche quant à elle s’élève à 50 milliards de FCFA avec un taux d’intérêt de 6,75% et dont la maturité est sur six ans. Enfin, la dernière tranche d’un montant de 20 milliards de FCFA, est d’un taux d’intérêt de 7,25% et la maturité sur 8 ans.
Les raisons de la révision
Plusieurs raisons expliquent pourquoi le Cameroun a revu à la baisse le montant arrêté dès le départ, soit 200 milliards de FCFA. Selon Yaouba Abdoulaye, « les effets de la crise russo-ukrainienne ont grandement affecté toutes les économies du monde avec pour conséquences entre autres, l’aggravation des incertitudes des marchés financiers internationaux, le relèvement des taux directeurs par les principales banques centrales, le renchérissement du coût des matières premières ».
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En clair, l’on a assisté à la hausse du taux à partir duquel les banques empruntent auprès de la Banque des Etats de l’Afrique centrale (Beac), qui a augmenté de 50 points de base, passant de 4,5% à 5%, valeur la plus élevée enregistrée en 13 ans. Toute chose qui a créé une inflation généralisée dans tous les secteurs. Face à cette difficulté liée à la fermeture des marchés financiers internationaux, explique Yaouba Abdoulaye, les marchés financiers locaux et nationaux ont constitué la seule source de financement de l’Etat.
Les 150 milliards FCFA à mobiliser à travers cet appel public à l’épargne qui rentrent dans le cadre du financement des projets de développement inscrits dans le budget de l’Etat au titre de l’année 2023, seront prioritairement alloués à plusieurs secteurs. Notamment, l’eau et l’énergie (20,5 milliards), travaux publics (85,5 milliards), aménagement urbain (14 milliards), reconstruction des régions en crise (15 milliards). En ce qui concerne les atouts de l’opération, le gouvernement évoque entre autres le mécanisme garantissant le remboursement à bonne date ; les intérêts servis qui sont largement supérieurs au taux d’épargne ordinaire et défiscalisés.
Pourquoi des tranches multiples ?
A la question de savoir pourquoi cette opération s’effectue en tranche multiple, contrairement aux opérations semblables précédentes, le consortium d’arrangeurs explique que cette structuration répond au contexte macroéconomique, et à la stratégie d’endettement du Cameroun qui consiste entre autres à élargir la base d’investisseurs via une offre de maturité à court, moyen et long terme sur la même opération ; poursuivre le rallongement des maturités via la réduction progressive de la charge annuelle de la dette ; optimiser le prix de l’opération en servant des taux d’intérêt attractifs tout en préservant le coût global de l’emprunt.
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Selon eux, cette opération comporte de nombreux avantages pour les souscripteurs. L’on cite par exemple l’accès à des maturités et rendements évolutifs pour le même émetteur et le même risque. Egalement, la diversification du portefeuille de placement et optimisation du rendement via une allocation sur plusieurs tranches. Et enfin, l’optimisation de la durée moyenne de placement.
Source : Défis Actuels n°776 du jeudi 15 au 18 juin 2023