Entrepreneuriat digital : ces camerounaises qui s’imposent

Elles sont des reines de la tech et militantes de l’autonomisation des femmes ainsi que de l’égalité d’accès au numérique. Rebecca Enonchong, Arielle Kitio, Horore Bell Bebga, Naomi Mbakam, lumière sur ces entrepreneures 2.0.

Rebecca Enonchong,  la figure de proue

Elle est l’un des visages phares de l’entrepreneuriat digital au Cameroun et au-delà. A 54 ans, elle dirige son entreprise AppsTech créée depuis 1999. AppsTech est  l’un des distributeurs des solutions de technologies présent sur trois continents.  Cette camerounaise née d’une mère américaine est aussi connue pour sa participation à la création du réseau panafricain d’incubateurs Afrilabs, le plus grand réseau panafricain de centres d’innovation technologique, qui fédère plus de 400 hubs dans 52 pays du continent. Elle  est aussi présidente de l’incubateur camerounais ActivSpaces, une pépinière pour les nouvelles technologies.  A côté de son engagement en faveur du développement des start-up africaines, sa notoriété  tient également de sa forte présence sur les réseaux sociaux. Sur Twitter,  Rebecca Enonchong  compte plus de 150 000 followers. Elle participe à de nombreux événements internationaux où elle fait valoir ses connaissances et son prestige reconnu à travers de multiples distinctions, qu’elle enchaîne d’années en années. Finaliste pour le « African digital woman award » en 2013, puis, classée par  Forbes parmi les 10 « Femmes Tech Fondateurs à suivre en Afrique » en 2014. En 2019, elle obtient le prix de l’Innovation dans l’éducation délivré par l’Unesco.  La même année, il lui est décerné le prestigieux Prix Margaret Afrique pour son soutien en tant que présidente d’Afrilabs, au développement des start-ups africaines.  Ses récompenses sont nombreuses au fil du temps et sont décernées par diverses organisations ; dont le Forum Économique Mondial.

Rebecca Enonchong, en plus de son talent  a la renommée d’avoir la parole dure.  Avec ses internautes, elle partage régulièrement ses coups de gueule sur  divers sujets de la vie socio-politique du Cameroun.  Sur la fiscalité, elle a notamment déclaré que la taxe sur le mobile money est de nature à « tuer l’entrepreneuriat ». Selon Forbes, elle fait partie des 50 femmes les plus puissantes d’Afrique en 2020.

Arielle Kitio : former 2000 femmes d’ici 2026

Arielle Kitio,  jeune entrepreneure âgée de 31 ans aujourd’hui a été célèbre avant ses 25 ans. Informaticienne, formée par Polytechnique de  Yaoundé,  elle est mise sous les projecteurs  grâce à son entreprise Caysti (Cameroon Youth School Tech Incubator). Il s’agit d’un centre qui forme les jeunes de 6 à 15 ans au Codage  et à la programmation informatique. La particularité de son outil est qu’il permet de créer des applications numériques dans les langues africaines dont le Wolof, le Haoussa etc. L’initiative lui vaut le prixde l’entrepreneuriat social Orange 2017. Mais avant, Arielle  qui a obtenu son baccalauréat à 15 ans au lycée de Biyem-assi à Yaoundé, avait déjà décroché le prix d’innovation PMEXchange en 2015. A travers son association WIT, elle milite également pour encourager les filles africaines à embrasser les sciences et la technologie, et est désignée ambassadrice par plusieurs organisations. Ambassadrice du Next Einstein Forum en 2017, elle est classée dans Forbes Under 30 Afrique en 2018 et lauréate du Prix Margaret 2019  aux côtés de Rebecca Enonchong.  Un autre prix prestigieux est celui du programme américain TechWomen en 2016.

 Ambitieuse, la jeune femme a lancé en 2022 un programme orienté vers les femmes et les jeunes.  Techwoman Factory est un programme de formation professionnelle qui vise à faciliter l’accès à l’emploi décent dans le secteur du numérique. « Nous sommes partis du fait que moins de 18% des professionnels des TIC du Cameroun sont des femmes. Alors que c’est un secteur qui a plus d’opportunités en matière d’emplois, de télétravail en terme même d’épanouissement de soi », commente Arielle Kitio. Pour ce programme  qui bénéficie d’un accompagnement de plusieurs partenaires   au développement,  Arielle a une grande ambition. « Nous comptons former 2000 femmes d’ici 2026 à travers le Cameroun, avec un taux d’insertion professionnelle de 75% », a-t-elle déclaré.

Naomi Mbakam : « Internet m’a tout donnée »

« Je n’avais jamais imaginé que je vendrais des aliments pour bébé. Cette idée m’est totalement venue du digital lorsque je donne naissance à ma fille qui s’appelle leelou. Quand elle a six mois, je me rends en grande surface pour acheter son repas et je ne trouve pas de petits pots  de bouillie locale pour elle.  Je décide alors que je ferai ses petits pots moi-même. Je vais au marché pour acheter la matière première, je réalise ses petits pots que je partage sans calculs sur mon compte Instagram, comme je le faisais pour de nombreuses autres choses. 8 mois plus tard, une maman me fait un message sur Instagram et me demande si je peux faire des pots pour son bébé parce qu’elle n’a pas le temps pour le faire elle-même. Je suis surprise par ce qu’elle ne me connait pas mais elle me fait confiance pour un aspect aussi sensible juste par ce qu’elle a vu mes publications. Et c’est de là que  je me suis dit qu’il y aurait aussi d’autres mamans qui doivent faire face au même besoin. Je fais des recherches et je découvre que ce type d’initiative existe déjà dans d’autres pays notamment au Nigeria, où les produits sont fabriqués comme moi, depuis la cuisine. J’ai livré la dame, elle était très satisfaite. Après j’ai créé des comptes Twitter Instagram, un site web etc  parce que je suis très digitale. J’ai fait une vidéo de lancement que j’ai postée sur les réseaux sociaux.  Tout de suite les commandes ne sont pas arrivées. C’était très timide. Il  a fallu qu’une maman envoie une vidéo en train de consommer mon produit pour que j’ai progressivement plusieurs commandes. Au bout de six mois, je me suis rendue compte qu’il ne fallait plus produire depuis ma cuisine.  Avec mon mari on a vu qu’il y avait un réel besoin. L’étude de marché s’était faite toute seule. On a donc pensé qu’il était temps de formaliser tout ça et de mettre en place une véritable unité de production. Le business plan nécessitait 35 millions de FCFA environ. Là encore, le digital a tout changé. C’est le digital qui a suivi mon histoire depuis le début. Et ces personnes qui me suivaient m’ont recommandé d’ouvrir mon capital. C’est ainsi qu’on a lancé une levée de fonds via internet. Et en pleine pandémie, en moins de 4 mois on a pu mobiliser plus que ce qu’on espérait.  On a pu trouver des locaux, se procurer des machines. Depuis juin 2020 que l’unité de production est en marche, nous sommes à plus de 10 000 bébés. Je crois tellement au digital par ce que le digital a carrément changé ma vie. »

Horore  BELL BEBGA, militante de l’autonomisation des femmes

Elle est une autre figure marquante de l’entrepreneuriat digital au Cameroun. Membre du panel consultatif sur les femmes et les services financiers numériques en zone CEMAC de l’UNCDF,  elle est titulaire d’un Master en gestion de Project informatique obtenu à l’ENSET de Douala en 2016.  Elle dirige l’entreprise LIKALO qu’elle a créée depuis 2011.  Une entreprise de transformation digitale qui propose la formation dans le numérique au sein des entreprises, le placement de talents dans le domaine du webmarketing, intégration et développement de solutions E-Commerce et web.

Horore est aussi fondatrice de African Women In Tech Startups, un hub technologique pour l’autonomisation des femmes et des filles grâce à l’entrepreneuriat technologique et les compétences numériques.  En effet, pour elle le numérique est une opportunité pour les femmes surtout pour celles qui souhaitent concilier vie professionnelle et vie de famille. « Avec le numérique tout devient possible, on peut y créer une entreprise, on peut poursuivre ses études, on peut se perfectionner sur un nouveau domaine, on peut se permettre un nouveau départ dans sa carrière avec les opportunités », explique-t-elle.  Elle a aussi mis sur pied l’association Africanwits en 2016, toujours dans son combat pour l’autonomisation des femmes. L’association organise chaque année, le Festival Femme et Numérique qui rassemble plus de 200 femmes du 06 au 8 mars, avec le soutien du ministère des Postes et Télécommunications.

Horore Bell a été lauréate du prix  tony elumelu foundation en 2018 avec un projet de création de formation dans les STEM (Science- Technology- Engineering – Mathematic) dédié aux écoles primaires. Elle a aussi figuré sur la liste des 40 femmes qui ont fait la différence et inspiré les communautés en 2018,  publiée par le réseau Africa Women Power Network.  La même année, elle a  été sélectionnée parmi les 100 lauréates du programme Techwomen  du Bureau de l’éducation et des échanges culturels du département d’État des États-Unis. Ce qui lui a permis de suivre un programme de mentoring de cinq semaines à la Sillon Valley au sein des grandes entreprises comme Twitch, Google, LinkedIn, Mozilla.

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