Erik Essousse : « Qu’on n’accuse pas Elecam de ce qui n’est pas prévu par la loi» 

Le directeur général des élections tente de répondre aux préoccupations de la presse.

Au moment où l’on assiste à une campagne d’inscriptions massives sur les listes électorales, Elecam a-t-il mis en place un dispositif particulier ? (A)

Habituellement ce sont nos équipes qui sont disséminées sur toute l’étendue du territoire qui enregistrent sur le terrain. Nous avons des équipes mobiles qui ont la compétence d’enregistrer les électeurs ; ces équipes mobiles vont partout où elles peuvent trouver ceux qui ont l’âge requis pour être électeurs, de lundi à vendredi, de 7h30 à 15h30. Nous pouvons aller jusqu’à 18h, mais les week-ends ce n’est pas autorisé par la loi. Nous pouvons exceptionnellement enregistrer les samedis si une situation particulière le permet ; mais il est précisé que c’est de lundi à vendredi.

Certains partis politiques évoquent des difficultés liées à la défectuosité des kits d’Elecam, et même leur insuffisance. Qu’y répondez-vous ? Et où en est-on avec le renouvellement du parc biométrique annoncé par Elecam ?

En ce qui concerne les kits d’enrôlement, je dois d’abord dire que nous avons des kits de première génération depuis 2°13, qui sont de très bonne qualité, qui ont été confectionnés par le premier DG, Sani Tanimou, qui nous donnent entière satisfaction. Ce sont ces kits-là que nous continuons d’utiliser aujourd’hui. On a aussi des kits de 2ème génération, qui nous ont posé quelques soucis parce que leur technicité ne donne satisfaction. Ce qui fait que nous associons les deux. Chaque année nous reprenons les enregistrements le 1er janvier en principe, mais le 2 parce que le 1er janvier étant férié, et nous associons les deux types de kits. C’est ce qui fait dire que les kits ont des problèmes, mais nos techniciens font la maintenance régulière. Nous n’avons pas de problèmes. Par contre, compte tenu du fait que les kits sont nos éléments de base pour les inscriptions sur les listes électorales, le gouvernement nous a donné les moyens pour que nous puissions renouveler tout le parc. Maintenant, pour que nous puissions avoir un outil fiable, nous sommes en train de travailler méthodiquement avec nos techniciens et nos partenaires pour que nous puissions avoir un kit exactement comme le premier, celui de 2013 ; parce que celui de 2018 ne nous donne pas entière satisfaction. Donc le gouvernement a écouté notre doléance et nous a donné des moyens suffisants pour acquérir de nouveaux kits ; mais comme c’est technique, nous sommes en train de travailler progressivement pour que d’ici probablement le début de l’année prochaine, nous puissions avoir de nouveaux kits qui puissent répondre à toutes nos attentes qui sont les attentes du public.

Le Pcrn dénonce le fait que certains électeurs enrôlés depuis 2020 n’ont pas toujours reçu leurs cartes d’électeur. Qu’est-ce qui peut expliquer cet état des choses ? (A)

C’est une critique qui revient. Le problème actuel est celui des imprimantes qui produisent les cartes de vote. Nous voulons dire ici avec insistance que le gouvernement nous a donné des moyens conséquents et nous avons acquis du matériel qui est déjà ici au Cameroun. Ces appareils se trouvent au niveau de la douane. Nous négocions avec les services de la douane pour pouvoir les récupérer et dès que nous les avons récupérées, nous les installons techniquement pour reprendre les impressions des cartes d’électeurs.

La campagne d’inscriptions massives sur les listes électorales n’est-elle pas une opportunité pour Elecam de booster ses chiffres ? Qu’a envisagé Elecam dans cette perspective ?

Je pense que toute cette agitation, si je peux l’appeler ainsi, cette invitation de la société aux inscriptions, ce n’est pas mauvais. Elecam n’a pas de problème. Mais nous voulons travailler de manière professionnelle. Et pour travailler de manière professionnelle, nous faisons en sorte que nous puissions inscrire les Camerounais qui sont en âge de le faire dans les conditions prévues par la loi comme je l’ai dit ; à savoir être de nationalité camerounaise, jouir de ses droits civils et politiques, avoir 20 ans. Et surtout le faire dans les règles de l’art, comme je l’ai dit, à savoir de lundi à vendredi. En même temps, nous faisons beaucoup de communications à travers le net, à travers les réseaux comme twitter (X), whatsap, facebook,… Bref nous utilisons les outils modernes pour communiquer avec les populations pour s’inscrire. Mais je voudrais tout simplement que nous sachions une chose : qu’on n’accuse pas Elecam de ce qui n’est pas prévu par la loi. Nous faisons notre travail selon les règles de l’art et dans la loi. Ce qui fait que si on invite les populations à s’inscrire, il n’y a pas de problème. Les partis politiques doivent amener leurs militants et sympathisants à s’inscrire mais qu’on le fasse selon les règles de la loi. Et je le redis, c’est de lundi à vendredi, c’est ça la loi, on ne peut pas faire autrement ; et de 7h30 à 15h30. On peut aller au-delà, vers 17h-18h. Là on est disponible. Quand on peut le faire, on le fait. Il ne faut pas que nous exposions nos agents à travailler même le dimanche. Ce n’est pas réglementaire. Exceptionnellement on peut encore le faire le samedi, mais pour des cas bien précis. Nous continuons à communiquer, et c’est ce que nous faisons actuellement avec vous et nous vous remercions pour le relai.

Certains citoyens qui souhaitent s’inscrire ne se retrouvent pas toujours sur les sites des antennes communales. Comment gérez-vous la communication dans ce sens et sur les programmes des descentes des équipes d’Elecam ?

Nous communiquons énormément pour que nos concitoyens puisent s’inscrire. C’est vous-mêmes qui nous informons qu’il y a des files de personnes partout qui veulent s’inscrire. Ça montre que ça marche. Nous n’avons pas de problèmes à ce que les gens veuillent s’inscrire. Nos antennes sont bien connues dans les arrondissements, et puis il y a toujours un programme hebdomadaire de descentes sur le terrain, d’accord-parties avec les partis politiques et les organisations de la société civile. C’est notre mode de fonctionnement depuis toujours. Donc je suis plutôt surpris qu’on le dise puisqu’il y a un engouement certain et réel, puisqu’on demande même aux équipes de faire inscrire le samedi. Nous devons rester très professionnels, les acteurs du processus électoral, pour que cela se fasse dans la sérénité. On s’est toujours inscrit sur les listes électorales sans problème. Il ne faut pas qu’aujourd’hui ce soit comme si en s’inscrivant sur les listes électorales, c’est devenu autre chose que ce qu’on fait selon la loi. Restons concentrés, restons professionnels et travaillons pour que tout cela réussisse comme c’est en train de réussir. Je peux vous dire que depuis le début de cette année on est à plus de 200 mille inscrits en quatre mois. Mais voilà aussi une autre chose que je veux souligner : le fait de vouloir nous attirer à aller inscrire les week-ends, ça donne des doublons. On inscrit les mêmes gens souvent et c’est très grave. On parle même de 200 mille inscrits mais les fichiers ne sont pas encore toilettés. Ce qui fait que, on peut toiletter et ça ne donne que 50 mille, alors qu’il y avait tout un enthousiasme. Donc faisons attention, ne nous emballons pas. Allons professionnellement pour qu’on puisse inscrire ceux qui le méritent. Et c’est pour cela que quand l’imprimante sera là pour inscrire, on va le faire rapidement pour distribuer les cartes pour qu’on sorte de cette situation.

On continue de voir des équipes d’Elecam inscrire les week-ends, parfois même les dimanches dans les églises. Est-ce sur votre recommandation ? Quelle est votre position là-dessus ? (A)

Il y a à peu près une semaine, j’ai dit qu’actuellement, nous n’inscrivons que dans nos antennes et sur certains sites sur le terrain. Je ne veux pas voir nos personnels sur le terrain le dimanche. Dimanche c’est pour louer Dieu, c’est pour prier, ainsi de suite, mais pas pour les inscriptions sur les listes électorales. Donc si vous trouvez des personnes le dimanche sur le terrain, ce n’est pas sur ordre du DG. Les inscriptions se font de lundi à vendredi. Samedi est une exception.

En prélude aux présidentielles de 2025, quelle est la situation des inscriptions des citoyens de la diaspora ?

La question de la diaspora fait couler beaucoup d’encre et beaucoup d’énergie. Nous sommes en train d’organiser cet aspect de notre travail. Nous aurions dû être dans la diaspora au début de l’année, mais il y a eu un certain nombre de problèmes qu’il fallait adresser, pour être sûr qu’en allant à la diaspora, nous n’aurons pas d’autres problèmes. Maintenant que cela est fait, nos équipes sont déjà sur le terrain. Tout à l’heure j’ai discuté avec certains ambassadeurs, celui de Bruxelles notamment, vis-à-vis de l’agitation, qui nous dit que nos équipes sont là et que d’ici quelques jours, on va commencer les inscriptions. Celui de Paris aussi a fait savoir que nos équipes seront là demain. Celui d’Afrique du Sud m’a dit qu’on est en train de travailler. C’est pour dire que c’est lancé dans la diaspora et nous allons faire en sorte que tout s’y passe bien ; mais nous allons être précis, parce que, à la diaspora, ne doivent s’inscrire que les Camerounais qui le sont, pas des binationaux. Pour qu’on le fasse, nous allons demander ceci : le Camerounais résidant à l’étranger doit prouver qu’il est Camerounais par sa carte consulaire, qu’il a le passeport, qu’il a la carte de résident qui montre qu’il est bien établi dans le territoire. C’est clair. La loi dit ceci : la personne installée à l’étranger doit remplir toutes les conditions pour être inscrit. Et la résidence en fait partie. Donc nous devons être vigilants pour qu’on ne nous embarque pas dans des choses qui ne sont pas bonnes. C’est pour cela que nous voulons rassurer nos compatriotes de l’étranger qu’’on va les inscrire, mais qu’ils respectent le protocole qu’on va leur présenter pour qu’ils prouvent qu’ils sont Camerounais et rien d’autre.

Quelles sont les chiffres déjà réalisés depuis le début de l’année en cours ?(A)

Je vous ai dit que nous sommes à un peu plus de 200 mille inscriptions depuis la reprise des inscriptions cette année. Pour ce qui est des jeunes, nous sommes à plus de 148 mille ; il y a aussi les femmes et les handicapés. Vous voyez que seulement en quatre mois, nous sommes sur une bonne lancée et nous allons continuer de nous efforcer renforcer nos capacités dans ce sens. Mais sachons que dans ces statistiques, il y a des doublons ; si on nettoie le fichier, les chiffres ne seront plus les mêmes. Donc nous devons faire attention et être professionnels.

(A): Questions en anglais dont les réponses sont une traduction libre de l’intervieweur.

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