Haine : Le SDF interdit dans le Sud

La caravane de Joshua Osih a été interceptée à Akom II et Biwong-Bulu.

Dans le cadre de sa tournée nationale engagée le 6 avril dernier, Joshua Osih a été stoppé net hier soir à l’entrée de Biwong-Bulu, département du Dja et Lobo, dont le président Paul Biya est originaire. Des barricades posées sur la route, barrant l’accès à tout véhicule. A Akom II également, la caravane de l’homme a essuyé de vives altercations. Une foule immense veille. A l’arrivée de la caravane du président national du Social democratic front (SDF), c’est le branle-bas. Des chansons en langue locale sont entonnées. Les « étrangers » sont priés de rebrousser chemin car ils ne sont pas les bienvenus. En clair, le SDF est en territoire ennemi. C’est la région natale du président de la République, une région interdite de dissonance en contexte de pluralisme démocratique.

« Face à cette situation préoccupante, le ministre du Social democratic front en charge de l’information et des médias, engage la responsabilité du gouvernement quant à la sécurité de la personne de l’honorable Chief Joshua Osih et de toute sa délégation », réagit Nguidjol Ngan dans un communiqué de presse. Pour le ministre du Shaddow cabinet du SDF, «toutes ces manœuvres n’ont en rien entamé le moral et la pondération de Notre chairman et de sa délégation, déterminé qu’il le demeure, à aller au bout de son programme, que le retard ainsi causé malgré tout, n’a en aucun cas empêché le déroulé de ce jour ». Saluant en son leader « sa capacité à prévenir de tels comportements inadmissibles et fortement répréhensibles tout au long de sa tournée en cours» et « ses grandes qualités d’homme d’Etat dont il a su faire preuve face à la furie de ces groupuscules de compatriotes à la solde de quelques entrepreneurs du chaos, chantres du tribalisme et promoteurs des discours haineux ».

Et de fait, le programme de Joshua Osih s’est poursuivi, mais avec retard. L’homme s’est entretenu avec les étudiants dans la ville d’Ebolowa. Le but de cette tournée du successeur de Ni John Fru Ndi, est de «construire davantage de ponts de dialogue entre tous les Camerounais et toutes les Camerounaises ».

Ce n’est pas la première fois que le Sud est interdit aux opposants. Lors de la campagne électorale de la présidentielle de 2011, Jean De Dieu Momo, alors encore dans l’opposition, s’était vu barré l’accès à Mvomeka’a le village du président Paul Biya. Malgré son aisance dans l’expression en Bulu, la langue locale, le président du Paddec qui avait passé sa tendre enfance dans le Sud, sera répudié, sans qu’il ait délivré son discours aux électeurs. En 2019, le Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC) avait été interdit de meeting à Ebolowa. L’Union démocratique du Cameroun (UDC) a plusieurs fois subi moralement et physiquement le martyr de sa volonté de s’installer dans la région natale de Paul Biya, à Ambam et Sangmélima.

Une haine tribale qui n’a pas toujours été condamnée par le gouvernement dont des membres ont parfois donné leur caution à des actes de vandalisme. A l’instar de Jacques Fame Ndongo qui a invité les Bamoun à « épouser la couleur locale », parlant du Rdpc, parti au pouvoir. La Commission nationale pour la promotion du bilinguisme et du multiculturalisme reste sourde et muette face à ces dérives.

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