Il y a du grain à moudre pour la justice camerounaise dans le « scandale Glencore », le trader anglo-suisse des matières premières, épinglé en 2022 par la justice américaine, pour des faits de corruption dans le cadre de ses activités en Afrique. Selon nos confrères d’EcoMatin, l’affaire enregistre des évolutions notoires au Cameroun, alors qu’elle semblait statique après son éclatement il y a un an. Le Tribunal criminel spécial (TCS), compétent pour traquer les délinquants cités dans des affaires de corruption et de détournements de deniers publics, devrait être saisi dans les prochains jours par l’Administrateur directeur général de la Société nationale des hydrocarbures (Snh), Adolphe Moudiki, d’une plainte contre les personnalités camerounaises impliquées dans ce scandale. Le journal d’Emile Fidieck rapporte que cette démarche résulte d’un accord du président de la République Paul Biya au gérant de la Snh pour porter cette affaire qui éclabousse l’image du Cameroun devant cette juridiction.
« Je demande au président de la République de m’autoriser à déposer une plainte auprès du Tribunal criminel spécial pour qu’une enquête judiciaire soit ouverte afin que les personnes impliquées dans ce dossier soient entendues », écrit l’ADG de la Snh dans sa correspondance au chef de l’Etat, et citée par EcoMatin, qui ajoute par ailleurs que le président de la République a répondu par l’affirmative en marge de sa demande : « Oui » ! Pour l’heure, l’identité des hauts responsables camerounais évoqués dans cette affaire ne sont pas encore connus. La justice américaine a néanmoins indiqué qu’il s’agissait de personnes en service à la Snh, et la Société nationale de raffinage (Sonara) entre 2007 et 2018, impliquées dans des transactions occultes avec la multinationale du négoce, du courtage et d’extraction de matières premières au Cameroun durant la période susmentionnée, contre le versement de pots-de-vin évalués à environ 7 milliards de Fcfa.
Les lignes semblent bouger dans cette affaire, après que le Conseil d’administration de l’Initiative pour la transparence dans les industries extractives (ITIE), a demandé aux gouvernements des pays africains cités dans ce scandale, « d’intervenir rapidement pour prendre les mesures adéquates », afin d’identifier les agents camerounais, ce d’autant plus que sur ces entrefaites, la présidente du Conseil d’administration de l’ITIE a rappelé que « les accusations ayant trait à des dessous-de-table effectuées par le biais d’intermédiaires dans le but d’obtenir des contrats avec des entreprises d’État » étaient « incompatibles » avec les engagements pris « en matière de transparence et de redevabilité ».