Paul Biya a délivré un message aux jeunes, le 10 février 2024, à la veille de la fête de la Jeunesse qui se célèbre chaque 11 février. Fidèle à ses habitudes, le président de la République a, au-delà des encouragements et quelques annonces mineures, insisté sur l’éternelle problématique du chômage. Tout en listant les actions entreprises par son gouvernement pour tenter de résorber ce fléau, le chef de l’Etat a également fait le décompte des emplois générés par les pouvoirs publics. A en croire ce dernier, 22 mille emplois directs ont été créés grâce au Programme de Promotion de entrepreneuriat. «L’auto-emploi constitue l’une des meilleures voies d’insertion socioprofessionnelle, face à l’impossibilité pour l’Etat et le secteur privé d’absorber le volume, sans cesse croissant, de jeunes qui arrivent chaque année sur le marché de l’emploi. Le Plan Triennal Spécial Jeunes, lancé en 2016, s’inscrit dans cette logique. Il a déjà permis de financer des milliers de projets en faveur des jeunes. Dans la même lancée, le Programme de Promotion de l’entrepreneuriat a contribué à la création de plus de 12 mille nouvelles entreprises en 2023. Celles-ci ont généré près de 22 mille emplois directs»
Import-substitution
Ce chiffre est bien en deçà des 500 000 emplois créés dans le secteur moderne en 2019, selon des données révélées par Paul Biya lors de son allocution à la jeunesse en 2020. Toutefois, comme cette année-là, les chiffres de 2024 ne sont pas soutenus par des détails précisant les secteurs où les emplois qu’il évoque ont été créés. En outre, on ignore aussi s’il s’agit du nombre d’emplois décents, c’est-à-dire des emplois qui garantissent un revenu, des droits, la protection sociale, le développement personnel, l’équité… S’il reconnaît que les efforts entrepris jusqu’ici par le gouvernement «sont certes encourageants», il avoue cependant que ces derniers «demeurent insuffisants par rapport au nombre de jeunes qui sont en quête d’emploi». Toutefois, le président de la République est convaincu que le Plan Triennal Intégré d’Import-Substitution 2024-2026, peut constituer une solide alternative au chômage.
En clair, Paul Biya invite les jeunes à s’investir davantage dans la production et la transformation des biens (riz, maïs, soja, mil/sorgho, poisson, meubles, etc.) pour limiter les importations. Encore au stade de la simple évocation, le Plan triennal intégré d’Import-Substitution 2024-2026 a été annoncé par le président de la République lors de son traditionnel discours de fin d’année. «Le plan triennal intégré d’import-substitution pour la période 2024-2026, que j’ai prescrit au gouvernement, participe également de mon souci de permettre à notre pays d’économiser de précieuses ressources. Ce plan, en renforçant notre souveraineté alimentaire, devrait réduire l’impact négatif des importations sur notre balance commerciale. Le déficit y afférent est évalué à un peu plus de 1500 milliards de FCFA par an» a-t-il déclaré.
Constat alarmant
En attendant, l’institutionnalisation de cette politique, les chiffres du chômage demeurent alarmants. Dans son dernier rapport d’analyse du secteur de l’éducation et de la formation au Cameroun publié en décembre 2023, l’Institut national de la statistique (INS) révèle que le taux de chômage chez les jeunes camerounais âgés entre 25 et 35 ans et titulaires d’un diplôme de l’enseignement supérieur, est de 14,8% soit 5 fois celui des non-scolarisés de la même tranche d’âge évalué à 3%. Une curiosité née de la sempiternelle inadéquation formation-emploi. Paul Biya l’a d’ailleurs reconnu dans son discours du 11 février. «Les programmes sont régulièrement révisés, afin d’aller toujours plus loin dans la professionnalisation des enseignements. Notre objectif étant, en effet, de parvenir à une meilleure adéquation formation-emploi», a-t-il déclaré.