A Eneo, les années se suivent mais ne se ressemblent pas. D’après le rapport annuel de 2017, récemment publié par l’entreprise, on note que le chiffre d’affaires est désormais porté à 291,6 milliards de francs CFA. Ce qui traduit une progression de 4 % par rapport à 2016. En valeur absolue, sur les deux dernières années, l’on note une évolution en dents de scie. On est ainsi passé de 283,1 milliards en 2015, à 280,5 milliards de francs CFA en 2016, pour rebondir de manière fulgurante en 2017. Selon le rapport d’Eneo, cette performance s’explique par « les ventes Basse Tension (BT) et Moyenne Tension (MT) qui ont augmenté proportionnellement à l’augmentation de la demande entre 2017 et 2016 de 4,8 % ». De manière détaillée, on note que « l’augmentation des ventes Haute Tension (HT) de 11,7 milliards de francs CFA est due à la facturation d’Alucam à 190 MWh durant toute l’année contre 130 MWh pendant 6 mois (de Janvier à Juin 2016) l’an dernier, suivant le contrat Rampdown-Rampup visant à pallier l’impact de la saison sèche ». Néanmoins, nuance Eneo, « les travaux facturés sont néanmoins en diminution de 1,71 milliards de francs CFA ».
Résultats financiers
En ce qui concerne les performances financières, le rapport relève que le résultat net de l’exercice est de 4,31 milliards de francs CFA, est relativement intéressant en dépit de la baisse du résultat d’exploitation qui se situe désormais à 19,63 milliards, contre 22,42 milliards de francs CFA l’année précédente. Et ce, à cause d’une meilleure performance de l’activité financière notamment les dotations aux amortissements et provision financières et les frais financiers.
Produits d’exploitation
Dans le registre des produits d’exploitation, les nouvelles sont également bonnes. D’après l’entreprise en charge de l’électricité au Cameroun, « les produits d’exploitation sont en augmentation de 8,5 % entre les deux périodes soit 28,7 milliards de francs CFA, principalement du fait de l‘accroissement des ventes et des autres produits et production immobilisées, notamment la variation sur la compensation tarifaire de 4,25 milliards de francs CFA suite à un accroissement de la demande ; la hausse des ventes d’énergie et autres produits de 11 milliards de francs CFA ; l’augmentation de la production immobilisée de 24,4 milliards ; le transfert des charges capitalisables -15,1 milliards de francs CFA ».
Investissements : 35 milliards engagés en 2017
A fin 2017, peut-on lire dans le rapport des investissements à hauteur de 35 milliards ont été engagés. Ils portaient sur les domaines tels que la distribution représentait près de 50 % du programme investissements d’Eneo et le transport. L’accent a été mis sur la réduction des pertes et l’amélioration de la qualité de service à travers la densification et l’extension des réseaux de distribution.
En production
Les investissements dans ce secteur ont porté sur le programme de réhabilitation de l’aménagement hydroélectrique de la mise en service du groupe 7 à la Centrale d’Edéa II ; les travaux de réhabilitation à la centrale thermique d’Oyomabang ; les travaux de construction d’une centrale thermique de 10 MW à Maroua. en diStribution et poSteS SourCeS Les réalisations ont consisté à l’installation d’un transformateur de plus grande capacité au poste de Mbalmayo, Bafoussam ; l’éclatement des transformateurs ; la construction des réseaux (10 km en Moyenne Tension et 16 en Basse Tension.
Transport
En matière de transport, ce à quoi Eneo s’est consacrée se structure autour de la sécurisation de l’alimentation électrique de la ville de Yaoundé ; le dégagement des nids de corbeaux sur la principale ligne de transport entre Edea et Yaoundé et l’installation des dispositifs anti-nids sur certains pylônes critiques ; l’acquisition et l’installation de trois transformateurs de puissance ; la réparation des transformateurs de puissance dans les postes de Logbaba, Bonabéri, et Oyomabang ; la réhabilitation des pylônes sur les lignes de transport Mangombé-Dibamba-Ngodi et Ahala Nsimalen.
Perspectives : investir 800 milliards dans les 15 prochaines années
Ces bonnes performances n’empêchent Eneo et sa mère Actis de se projeter dans l’avenir. On note dans ce rapport que Actis et Eneo restent totalement engagés pour poursuivre le processus en cours de transformation de l’entreprise et surtout pour contribuer efficacement à l’atteinte des objectifs fixés par le gouvernement pour le développement du secteur de l’électricité au Cameroun. A cet effet, « pour les quinze prochaines années, Actis et Eneo comptent investir près de 800 milliards de francs CFA dont plus de la moitié dans la réhabilitation, le renforcement et l’extension des réseaux de distribution ». Toutefois, le document précise que la mobilisation d’un tel volume d’investissement requiert des mesures d’accompagnement qu’Eneo a sollicitées auprès du gouvernement. Mais en attendant que ces mesures soient mises en place et compte tenu de la situation financière critique dans laquelle se trouve Eneo aujourd’hui, « l’entreprise compte dans une première phase poursuivre les efforts mis en œuvre pour améliorer ses performances opérationnelles (rendement de distribution, taux de recouvrement, réduction des pertes, etc.), rétablir les grands équilibres de ses comptes, rembourser sa dette et financer ses investissements ». Dans une seconde phase, souligne le rapport d’Eneo, l’accent sera mis sur l’accélération des investissements avec le nouveau plan 2018-2031. En plus du financement externe, Eneo devra mobiliser l’autofinancement dont les deux principales sources sont le tarif d’électricité et le paiement des consommations de l’Etat et ses démembrements. Les chalenges sont donc énormes.
Par Junior Matock (Défis Actuels)