La politique américaine sur le NOSO en quête lisibilité

Le gouvernement des Etats-Unis d’Amérique annonce des sanctions contre des personnes soupçonnées de faire perdurer le conflit dans les régions anglophones.


Les déclarations de bonnes intentions du secrétaire d’État américain n’y changent rien. Anthony Blinken est globalement resté évasif sur la méthodologie qu’il compte mettre en œuvre pour identifier les personnes qui entretiennent la guerre dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest du Cameroun. Dans un communiqué signé le 7 juin dernier, le patron de la diplomatie américaine a annoncé mettre « en place une politique imposant des restrictions de visa aux personnes considérées comme responsables ou complices de l’atteinte à la résolution pacifique de la crise dans les régions anglophones du Cameroun ».

Une nouvelle orientation dont l’objectif affiché est de donner une chance aux éventuels faucons présents à la fois dans les couloirs du gouvernement et dans le maquis où sévissent les groupes armés. Même en l’absence d’identités annoncées, les États-Unis ont d’ores et déjà communiqué sur la catégorie de personnes concernées par les sanctions envisagées : les individus qui organisent l’insécurité dans les écoles, les responsables des atteintes aux droits de l’homme et les personnes soupçonnées d’empêcher l’intervention des agences humanitaires.

Autant dire que les belligérants, quels qu’ils soient, sont passibles d’une restriction de visas pour les États-Unis, sitôt que Washington décide d’interpréter le moindre acte – même défensif – comme contraire à l’orientation de la résolution pacifique de la crise. Cerise sur le gâteau, les refus éventuels sont confidentiels.

L’annonce du secrétaire d’État américain n’a pas suscité de réaction particulière de la part du gouvernement camerounais et aucun leader – ou groupe séparatiste – n’a pris la peine de commenter ce document dont les conséquences peuvent être immédiates pour certains. Surtout dans la diaspora où se trouvent de nombreux soutiens des combattants sécessionnistes, mais aussi éventuellement dans les missions diplomatiques et consulaires camerounaises en direction des États-Unis. Il est cependant vrai qu’en l’absence d’une liste de personnes clairement définie, pas grand-monde n’ose se mettre en avant au risque d’attirer l’attention des censeurs américains. La décision de restriction de visa aux responsables supposés de l’escalade de violence dans les régions du NoSo peut faire peur tant qu’elle concerne la politique migratoire des États-Unis. Washington a d’ores et déjà montré combien elle est intraitable sur la question. En début d’année, Joe Biden, réputé plus flexible que son prédécesseur républicain, a refusé d’écouter activistes et parlementaires qui s’opposaient au rapatriement de quelques compatriotes présents sans titre de séjour valable sur le sol américain.

Politique migratoire

Il n’est pas exclu que le président démocrate n’a fait qu’assurer la continuité de l’État après que Donald Trump a décidé que les États-Unis ne sont pas une terre d’asile pour les Camerounais sous prétexte de crise anglophone. Une politique migratoire sévère reçue avec beaucoup d’enthousiasme par les autorités – et une partie des parlementaires – camerounais. Le gouvernement s’étrangle en effet depuis le début de la crise au NoSo pour obtenir la collaboration de ses partenaires occidentaux qui hébergeraient les financiers du mouvement irrédentiste. Les résultats des pressions diplomatiques sont pourtant restés faibles.

La preuve : malgré l’approche « antimigrant » de Washington, il est peu probable que les véritables sponsors des Ambaboys et des membres du gouvernement de la République autoproclamé d’Ambazonie présents aux Amériques soient dans la cohorte de 60 sans-papiers refoulés en février dernier par exemple.

On pourrait dire que c’est l’inverse qui est vrai puisque selon toute vraisemblance, le gouvernement camerounais n’a formellement interpellé aucun de ces malheureux. La raison en est simplement le laxisme du gouvernement américain, a longtemps martelé Me Emmanuel Nsahlai, le président de la Cameroon Association of Victims of Ambazonia Terrorism (CAVAT). Son organisation entièrement dédiée à la traque sur le sol étasunien des soutiens du sécessionnisme au Cameroun commence à obtenir des résultats probants. Grâce à son insistance auprès du FBI, l’avocat d’origine camerounaise a obtenu l’arrestation d’Alambi Walters Muma par les autorités de l’État du Maryland. L’activiste soupçonné d’acheter des armes et des munitions à convoyer au NOSO a été inculpé des faits de conspiration par le gouvernement des États-Unis le 1er juin dernier, apprend-on.

Dossier réalisé par Omb Njéé

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