C’est un Kylian Mbappè nouveau qui a regagné Paris cette fin de week-end, après une visite de 72h au Cameroun, pays d’origine de son père. L’homme qui n’a jamais officiellement été en contact avec ses frères de sang, a noué ce contact au détour de cette visite qu’il a effectuée en compagnie de Joakim Noah, le fils de Yannick Noah, champion français de tennis. Si le match de gala mettant aux prises l’équipe Vent d’Etoudi dont Yannick Noah est le président d’honneur et des amis et anciens joueurs de cette équipe de 2ème division de la Ligue régionale du Centre auxquels la légende mondiale de football devait se joindre a échoué, la ferveur populaire aura donné à cette visite du capitaine de la sélection nationale française de football, une coloration positive. En quittant son nouveau pays, Kylian Mbappè a eu le feu vert des autorités du Cameroun, de poursuivre ses œuvres caritatives déjà engagées avant même d’avoir été officiellement connu et reconnu de ses frères. Joseph Dion Ngute, le Premier ministre, a encouragé l’un sinon le meilleur footballeur au monde, à continuer sa mission humanitaire. Lui qui a financé la reconstruction d’une école pour sourds-muets au pays. Et l’on annonce un complexe sportif dans la localité d’Obala, près de Yaoundé.
Case sacrée
Mais l’étape la plus importante, partie mythique et peut-être mystique de la visite, se déroulera sur l’île de Djebalè sur le delta du Wouri. Parmi ses accompagnateurs, un certain Joseph Antoine Bell, ancienne légende du football camerounais et français, jadis capitaine de l’Olympique de Marseille, devenu chef traditionnel. Une cinquantaine de piroguiers transportés par la pirogue du Ngondo ouvrent la voie vers l’île de Djebale. Sur la terre ferme de part et d’autres du fleuve Wouri, des femmes Sawa exécutent des chansons populaires de l’ère Sawa. A leurs côtés, de nombreux fans et admirateurs du prodige scandent le nom du « frère». L’école publique de Djebalè, le village de son père, construite, apprend-on, en 1933, accueille le fils prodige. Aux côtés de Faïzal Lamari, sa mère, la star planétaire foule ce sol « béni » en ce jour. L’enthousiasme est à son comble. Les populations sont ivres de joie. Parmi eux, Philippe Mbappè, le grand-père de l’illustre étranger. «Je suis fier et très fier. Et cette fierté abondante et débordante, je voudrais la partager avec vous », déclare l’homme.
Une case sacrée est érigée sur les lieux : « l’enfant du pays» y est conduit pour un rite. D’initiation, dit-on. Sans plus. Une dizaine de minutes, enfermé dans cette case, en compagnie de notabilités du coin. Quand Kylian Mbappé ressort, c’est un autre personnage que le public découvre. Vêtu d’un « Sandja », le pagne traditionnel Sawa et d’un boubou du même tissu, et d’un chapeau traditionnel sur la tête, l’enfant de l’eau repart de là. Seuls les initiés savent ce qu’il est devenu. « Les grands arbres croissent lentement ou allègrement mais enfoncent profondément leurs racines dans le sol», lâche le Pr Narcisse Mouelle Kombi, ministre des Sports et de l’éducation physique (Minsep) et chef traditionnel de l’ère culturelle Sawa. Toujours est-il que le Français a noué une relation avec ses racines. Capitaine de l’équipe nationale de France de football, Kylian Mbappè vient de sceller un pacte avec ses origines. Sur ces terres qui ont vu le colon accéder au sol de ce qui de viendra plus tard le Cameroun. La nationalité ne changera plus sur de la paperasse, mais le sang camerounais qui coule dans ses veines a retrouvé sa source. Le terrain est préparé pour un retour définitif aux sources un jour.
