Plusieurs centaines de conteneurs de poissons appartenant à la société Congelcam sont actuellement parqués au Terminal à conteneurs du Port autonome de Douala. Parmi, certains dont le nombre n’est pas connu, sont impropres à la consommation car avariés. « Courant février 2023, nous avons reçu des conteneurs et avons constaté que des produits étaient avariés dans deux de ces conteneurs. Nous avons pris la charge et la responsabilité de les détruire. Pensant avoir à faire à un cas isolé de marchandises endommagées. Grande a été notre surprise de constater après réception de quelques autres conteneurs en mars, que quatre autres étaient en état de dégradation avancée. Depuis lors, des cas de conteneurs avariés se sont multipliés, aiguisant notre détermination à savoir les raisons de ce dysfonctionnement gravement dommageable», confirmait lundi Joseph Flavien Kankeu son responsable de la communication de Congelcam. A en croire ce responsable de l’entreprise qui détient presque le monopole du marché du poisson au Cameroun, l’attention du service qui gère le terminal à conteneur du port autonome de Douala a été attirée, « mais ces derniers nous ont rassuré que tout était sous contrôle et qu’il n’y avait pas lieu de s’inquiéter ». Pour continuer de recevoir des conteneurs avariés. « Faisant nos diligences pour connaitre l’origine du problème de la mauvaise qualité des poissons, nous avons constaté que certains de nos conteneurs n’étaient pas branchés une fois arrivés au port », informe-t-il. Avant d’accuser clairement la RTC : « Il se trouve que depuis février 2023, la régie du Terminal à conteneurs du Port autonome de Douala s’est dérobée pour des raisons que nous ignorons, de ses obligations, en prenant sur elle de faire débarquer des conteneurs de produits halieutiques qu’elle ne branche pas par la suite, accélérant ainsi leur détérioration », accuse Congelcam par la voix de Joseph Flavien Kankeu.
Le consommateur en danger
Quatre jours avant, la RTC avait déjà lancé la première attaque : « l’entreprise Congelcam a importé durant les quatre premiers mois de l’année 2023 près de trois mille conteneurs frigorifiques de poisson, soit plus de 80% des quantités importées annuellement durant les deux dernières années, très au-dessus de ses capacités d’accueil et d’écoulement », lit-on dans un communiqué. La RTC indique que comme en 2015, « face à cet afflux de conteneurs, Congelcam s’est refusé de procéder à leurs enlèvement au débarquement…prenant à lui tout seul toute la capacité de branchement du Terminal à conteneurs, au détriment des autres produits frigorifiques (médicaments, produits laitiers, autres importateurs de poissons». On parle de quatre mises en demeure servies au client et une injonction de l’Autorité portuaire nationale, « restées vaines». La RTC n’évoque pas sa responsabilité dans le défaut de branchement des conteneurs ; et déclare avoir « investi dans l’acquisition et la location de groupes électrogènes, afin d’accroitre sa capacité de branchement de 210 à 730 prises», là où Congelcam préconisait « des branchements alternés », sans explications. Or en face, « nous avons proposé aux responsables de la RTC la mise à leur disposition de générateurs d’énergie de 500 KVA… »
Ainsi, les deux partenaires-adversaires se rejettent la responsabilité sur la gestion de ce stock évalué à « près de 650 conteneurs» au 29 mai 2023 dont une partie n’est pas régulièrement branchée ou pas du tout. Les courbes de température qui devraient donner une idée claire sur l’état de conservation des poissons dans les conteneurs restent une équation non résolue. A ce jour, les parties en conflit se livrent une autre bataille sur « l’inspection préalable » des conteneurs avant enlèvement. Pendant ce temps, la situation empire. Luc Magloire Mbarga Atangana le ministre du Commerce (Mincommerce) a été saisi de l’affaire. Entre temps, le consommateur est en danger.