Immigration : selon la Belgique, le Cameroun, plus grand demandeur de visas, excelle dans le faux

Les autorités diplomatiques du royaume ont dû faire le déplacement de Yaoundé pour dénoncer le phénomène. Des représailles en perspective ?

Les autorités belges entretiennent la presse camerounaise sur la crise de l'immigration illégale

Selon Freddy Roosemont, le directeur de l’Office des étrangers en Belgique, « le nombre de Camerounais demandeurs de visa a explosé ces dernières années ; le Cameroun devance la Chine, le Maroc, la Syrie,…». Et la plupart sont motivées par « des besoins d’asile, mais pas pour des raisons économiques ». Indiquant qu’en 2019, le royaume a enregistré « 445 demandes d’asile : en 2020, en raison du Covid qui a restreint les mouvements de personnes dans le monde, les chiffres ont complètement été annulées ; en 2021 on a enregistré 480 demandes ; en 2022 l’on est passé à 800 demandes, et à fin mai, on est déjà à plus de 1000 demandes. Mais très peu obtiennent le statut de réfugié, puisqu’ils ne répondent pas aux critères de la Convention de Genève». Ce que ce haut dirigeant belge ne comprend pas : « le Cameroun est un pays stable, il n’y a pas la violence aveugle. Je pense même que l’atmosphère est plus paisible ici qu’en Belgique». Plus curieux, remarque l’homme, « plutôt que la zone anglophone qui est en crise, la plupart des demandeurs d’asile sont Francophones et viennent de Douala et Yaoundé». Pour l’homme, « on peut comprendre que des Syriens, des Ukrainiens, des Afghans, des palestiniens, demandent l’asile en raison de la guerre ou de la violence permanente, mais ce sont plutôt les Camerounais qui leur ravissent la vedette».

Le visa études connapit la même situation: « le nombre de demandes de visa étudiants a également beaucoup grimpé ; le Cameroun à lui seul totalise le tiers des demandes de visa étudiants reçues mondialement par la Belgique ; mais beaucoup de ces dossiers disposent de fausses pièces». D’où le refus qui sanctionne la plupart de ces dossiers. Et même quand l’on a obtenu le quitus en qualité d’étudiant, « nos enquêtes révèlent que beaucoup ne font pas les cours, ne viennent pas aux examens alors qu’ils sont inscrits». Du coup, « certains sont immédiatement sanctionnés par un ordre de quitter la Belgique», souligne-t-il.

Mise en garde

La situation est si alarmante que Freddy Roosemont, a dû effectuer un déplacement à Yaoundé pour rencontrer les autorités camerounaises, puis prendre la presse à témoin. Ce « dans le cadre d’une mission de prévention concernant les dangers réels d’une migration irrégulière vers la Belgique », a-t-on souligné dans la documentation remise à la presse. Au cours d’une audience mardi, le directeur de l’Office des étrangers en Belgique a échangé avec Lejeune Mbella Mbella le ministre des Relations extérieures (Minrex) du Cameroun, à l’effet de s’accorder sur la situation et les modalités d’application des accords de migration signés en 2017. « Les personnes qui utilisent des procédures (asile ou études) pour pouvoir séjourner en Belgique de façon irrégulière sont sanctionnés. En plus d’un ordre de quitter le territoire, elles peuvent recevoir une interdiction d’entrée de plusieurs années, ce qui les empêche de se rendre ou de séjourner dans d’autres pays de l’Union européenne», sensibilise-t-on.

A ce qu’il semble, Bruxelles est venu adresser une mise en garde avant de passer à la vitesse supérieure. En prévenant que « les services d’asile et de migration en Belgique sont actuellement saturées. Des dizaines de milliers de dossiers s’accumulent, en attente d’une décision au cas par cas» ; or « les délais de traitement sont très longs pour les demandes de visa études». Alors « dans ces conditions, il est impossible de garantir aux candidats étudiants une arrivée à temps pour la rentrée académique ou pour passer des examens», préviennent les autorités belges.

Pour Eric Jacquemin, l’ambassadeur de Belgique au Cameroun, « la Belgique encourage les migrations, mais légales, tout en renforçant la législation contre l’immigration illégale». Le diplomate dément des pratiques de torture contre les immigrants illégaux. « La Belgique est un pays démocratique où on respecte les libertés ». Et « l’expulsion est l’ultime étape d’un processus : une fois qu’on en arrive là, le concerné est informé de sa situation d’illégalité, puis il lui est proposé un retour avec accompagnement financier afin qu’il puisse se réinsérer dans son pays, avec un billet d’avion. Mais généralement les Camerounais refusent de rentrer. C’est quand il y a échec dans les discussions que la police entre en jeu et dispose de centres de rétention, puis le concerné est rapatrié de force », ajoute Freddy Roosemont le directeur de l’Office des étrangers en Belgique.

- Publicité -

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.