Beac: la succession en eaux troubles

Au mépris des dispositifs du statut de la Banque centrale qui exige la présentation de trois candidats au poste de gouverneur, les chefs d’Etat imposent un candidat unique à leurs pairs.



Selon le statut de la Beac, le gouverneur de la Banque centrale est nommé par la Conférence des chefs d’Etat de la communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale, sur proposition du Comité ministériel de l’Umac, après avis conforme du conseil d’administration, statuant à l’unanimité.
Le gouverneur, dispose le statut sus-évoqué, est choisi en raison de ses compétences dans les domaines économique, juridique, monétaire ou financier, sur la base d’une liste de trois candidats présentés par l’Etat attributaire suivant le principe de rotation par ordre alphabétique des Etats membres.
Sauf que de Casirmir Oyé Mba- premier titulaire au poste de gouverneur de la Beac [avril 1978-juillet 1990] -, à Abbas Mahamat Tolli, en passant par Jean-Felix Mamaleopt, Philibert Andzembe et Lucas Abaga Nchama, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts. Conséquemment, le principe n’est plus respecté à la lettre, notamment en ce qui concerne la présentation de trois candidats. Les candidatures de l’Equato-guinéen Lucas Abaga Nchama et du Tchadien Abbas Mahamat Tolli sont cités comme des exemples de l’entorse à cette loi.
Par ailleurs, ce principe qui s’applique également à la désignation du vice-gouverneur, du secrétaire général et des directeurs généraux, apprend-on, n’a pas été respecté le 17 mars 2022 par la Guinée équatoriale, le Congo et le Cameroun aux postes de secrétaire général, vice-gouverneur et directeur général du Contrôle général, respectivement.


Entorses


Ces entorses ont frappé à l’œil de la France, partenaire des pays membres de l’Union monétaire de l’Afrique centrale. Selon le panafricain Jeune Afrique, le 9 mai, deux des représentants français au conseil d’administration de la banque centrale régionale ont écrit à Jean-Baptiste Ondaye, le ministre congolais de l’Economie et des Finances, président de cet organe, pour lui rappeler la procédure à suivre pour la désignation des dirigeants, selon les textes communautaires en vigueur.
D’après Djimadoum Mandekor, ancien directeur central (2013-2019) au siège de la Beac et, entre autres, auteur de l’essai : « Pour sortir la Beac de sa gouvernance défaillante », les candidatures aux postes de gouverneur et autres membres du gouvernement doivent être ouvertes. C’est le cas, dit-il, à la banque d’Angleterre et à la banque d’Israël, par exemple. En effet, selon cet ancien cadre supérieur à la Banque centrale, tous les candidats ayant le profil requis doivent pouvoir postuler au poste de gouverneur de la Beac. En outre, une enquête de moralité préalable doit être menée sur les candidats aux postes de gouverneur et membres du gouvernement de la Beac. Cela éviterait des scandales au sein de la banque.
S’agissant du profil du gouverneur de la Beac, en fonction sa compétence peut être établie, moyennant l’existence d’un diplôme d’études supérieures dans l’un des domaines économique, financier entre autres et d’une expérience utile d’au moins dix années dans les domaines suscités, dont au moins cinq années dans une fonction à haute responsabilité au sein d’un organe ou d’une institution.
Le candidat au poste de gouverneur de la Banque centrale pourra également justifier de quinze ans d’expérience dans une fonction à responsabilité au sein d’une institution de l’Umac ou l’un de ses Etats-membres actives dans les domaines monétaire, statistique, bancaire ou financier. Selon Djimadoum Mandekor, ce profil doit être respecté à la lettre. Si un pays ne présente pas la compétence requise, comme cela se fait dans les pays anglophones de l’Afrique pour nommer leurs administrateurs au Fmi, l’on passe au pays suivant.

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