Banque centrale: Gouvernance et performance, le credo de Sana Bangui à la Beac

Augmenter les réserves de change de 30%, tripler le taux de bancarisation en zone cemac, mettre en circulation la monnaie électronique e-cFA. Tels sont les objectifs du nouveau gouverneur de la Beac, qui veut également finaliser les réformes et les projets structurants inachevés, afin de hisser l’institut d’émission au niveau des standards internationaux.

Yvon Sana bangui au milieu, en compagnie du gouverneur sortant Abbas Mahamat Tolli (à droite) et du le directeur général du contrôle général de la Beac, Eugène Nsom (à Gauche

GAP est un acronyme avec lequel les chefs d’Etat de la Cemac ont eu le temps de se familiariser ces derniers mois. Ce sigle qui signifie littéralement Gouvernance, assistance et performance, résume la vision de Yvon Sana Bangui, le nouveau gouverneur de la Banque des Etats de l’Afrique centrale (Beac). Mais également ses projets pour améliorer le fonctionnement de cette institution financière. C’est aussi sa feuille de route. Elle figure dans son dossier de candidature de 34 pages, soumis à l’analyse des chefs d’Etats de la sous-région, qui, sur la base de ce document, ont validé le choix porté sur lui par le président centrafricain, Faustin-Archange Touadéra. «Le projet GAP est un projet ambitieux qui nécessitera un engagement fort de la BEAC, de ses partenaires au développement et des autorités de la CEMAC. Il a le potentiel de transformer la BEAC en une institution plus efficace et plus performante, au service du développement économique et social des pays de la CEMAC », rappelle le gouverneur dans ce dossier.

Améliorer les services financiers

Au-delà du discours, le nouveau gouverneur de la Beac s’est fixé de nombreux objectifs au cours de son mandat qui va durer 7 ans. Premièrement, il ambitionne d’augmenter de 30%, les réserves de change de la Cemac dans le compte d’opérations, dans un contexte de parité fixe, afin de soutenir la monnaie commune, le FCFA. Le Centrafricain nourrit également l’ambition de renforcer l’inclusion financière. A en croire ce dernier, cela passe par l’augmentation du taux de bancarisation qu’il ambitionne de faire passer de 7% à 20%. Pour y parvenir, il compte promouvoir la diversité des établissements financiers, faciliter le recours à des technologies innovantes et la participation d’établissements non traditionnels tournés vers les nouvelles technologies, encourager le développement de produits financiers bon marché et innovants. L’amélioration de  la circulation fiduciaire constitue également une préoccupation majeure pour le gouverneur.

Dans ce segment, il s’engage à maintenir en permanence, en circulation, des signes monétaires de qualité et en quantité suffisante, dans un contexte marqué par un accroissement continu de la demande des agents économiques. Dans le même temps, son mandat sera également placé sous le signe du renforcement de la lutte contre la contrefaçon.  L’innovation technologique va également constituer une préoccupation majeure de son septennat. A titre d’exemple, Yvon Sana compte poursuivre et certainement finaliser le projet d’émission et de mise en circulation de la monnaie électronique de la banque centrale  baptisée e-Cfa. Dans le même sillage, il compte promouvoir le développement des innovations technologiques financières bancaires, de solutions technologiques financières entre banques et FinTech et enfin, entre les incubateurs et les entreprises FinTech. En outre, l’amélioration de la stabilité financière, le développement d’indicateurs pertinents de surveillance du secteur financier afin d’anticiper sur les conséquences d’une crise,  La modernisation des systèmes de paiement, le maintien des charges d’exploitation à un niveau soutenable, vont également guider l’action de Sana Bangui à la tête de la BEAC

Bonne gouvernance

En abordant cet aspect, Yvon Sana Bangui a tout d’abord posé un constat. D’après lui, les dispositions des statuts de la Beac confèrent trop de pouvoir au gouverneur. «La décision  des autorités de la Cemac depuis 2010 de permettre désormais une rotation du poste de gouverneur entre les pays membres  constitue une avancée majeure vers une plus grande autonomie de la Beac. Cependant les dispositions des statuts confèrent un pouvoir excessif aux dirigeants de l’institution en général, et au gouverneur en particulier. Cet excès de pouvoir est aussi bien perceptible dans le domaine assez technique de la gestion de la politique monétaire que dans celui de l’administration au quotidien de la banque» peut-on lire dans son programme. A en croire l’ancien directeur central des systèmes d’information de la Beac, une telle organisation est de nature «à développer des comportements bureaucratiques au sein de la Beac avec pour principal corollaire, la poursuite des motivations personnelles parallèlement aux objectifs d’intérêt général qui sont assignés à l’équipe dirigeante de la banque». Pour y remédier, mais surtout pour s’assurer de l’efficacité des décisions prises par l’équipe dirigeante de la banque, Yvon Sana préconise l’instauration d’une obligation de rendre compte.

Selon lui, cela pourrait concrètement se traduire par la tenue régulière de comparutions devant une autorité publique désignée pour rendre compte de la conduite de la politique monétaire ainsi que des résultats obtenus. « Cette responsabilité s’exprimera pleinement lorsque la Beac rendra directement compte  de ses activités au parlement au parlement de la Cemac par le biais d’auditions spéciales  ou bien lors de conférences de presse, comme l’a fait le gouverneur de la Beac lorsqu’il a fallu apporter un démenti à la rumeur sur la dévaluation du Franc CFA», préconise-t-il.

Pour mémoire, c’est le 9 février 2017 que Yvon Sana Bangui a été officiellement porté à la tête de la Beac. Selon une biographie dressée par votre bihebdomadaire, le promu a effectué des études en informatique et en économie et gestion publique au Maroc et en France. Il commence son parcours professionnel comme ingénieur data pour un opérateur de téléphonie, enseigne à l’Université de Bangui [capitale de la Rca], avant de rejoindre la Banque centrale en 2005 comme agent d’encadrement supérieur. De promotion en promotion, il gravit les échelons jusqu’à devenir directeur des systèmes d’information de la Banque en 2017. Cet originaire de la Lobaye-région du Sud-Ouest du pays âgé actuellement de 49 ans fêtera son cinquantenaire au mois de mai prochain.

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